Opinion

Un pont entre les innovations et le marché

La compétitivité québécoise souffre d’une coupure profonde entre l’innovation scientifique et des applications industrielles fructueuses*. La cause provient de notre modèle actuel de R et D, qui sectionne en deux le processus d’innovation en confiant aux universités la charge de produire des innovations scientifiques et aux sociétés de valorisation celle de les amener vers le marché, avec des résultats incertains en termes de retombées.

Je plaide pour un modèle décloisonné, où les universités, les bailleurs de fonds publics et privés, les entreprises et les agences spécialisées en recherche appliquée coopèrent au sein d’une même plateforme. Nous pourrions nous inspirer du système allemand de l’innovation, dont la clef de voûte est l’organisation de la recherche appliquée autour des Instituts Fraunhofer.

Ces centres pluridisciplinaires de transfert technologique maillent l’ensemble du territoire et sont capables d’amener une innovation jusqu’à un modèle préindustriel pour faire la preuve de sa viabilité commerciale, un maillon manquant au Québec.

Faire tomber les murs entre les disciplines de la formation technologique, mieux structurer la chaîne d’innovation, et appréhender de façon plus créative la gestion de la propriété intellectuelle et le financement de R et D : quel beau chantier à mettre en œuvre pour donner un nouveau souffle à la compétitivité québécoise ! Soyons entreprenants, la qualité de nos institutions scientifiques, la présence du scientifique en chef du Québec au sein du gouvernement et l’appui de la Caisse de dépôt à l’innovation nous encouragent à l’audace et à de grandes ambitions.

* Selon des statistiques de l’Association of University Technology Managers (AUTM), le Québec présente un déficit de l’ordre de 25 % en termes d’inventions générées par dollar de R & D investi, par rapport au reste du Canada, qui lui-même ne brille guère au classement des pays de l’OCDE les plus performants en innovation.

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