Mythe ou réalité ?

« La fumée des bougies est cancérigène. » Vraiment ?

La qualité de l’air dans la maison n’est pas une question sans intérêt, estime Edward Bradley, professeur au département de médecine de l’Université de Montréal. Or, très peu d’études portent sur l’effet de la fumée de bougie : contrairement au tabagisme, l’exposition à la fumée de bougie dans la population demeure minime, ce qui diminue la possibilité de mener une étude de cohorte sérieuse sur le sujet. Edward Bradley nous indique que l’étude la plus pertinente réalisée à ce jour conclut que, dans des conditions normales, l’utilisation de bougies parfumées ne pose aucun risque pour la santé des consommateurs. « La réponse, c’est non, conclut-il. Et l’idée me plaît, parce que ma femme et moi dînons aux bougies chaque soir… » — Catherine Handfield, La Presse

états-unis

Les cancers colorectaux en hausse chez les jeunes

Malgré une baisse générale du nombre de cancers colorectaux, une étude menée par la Société américaine du cancer indique que ces cancers sont en hausse chez les moins de 50 ans, et qu’ils touchent de plus en plus de jeunes Américains dans la vingtaine ou la trentaine.

L’étude publiée dans The Journal of the National Cancer Institute le 28 février dernier a répertorié le nombre de cancers colorectaux selon le groupe d’âge et l’année de naissance. Pour des raisons que les auteurs de l’étude ne peuvent expliquer clairement, le nombre de cas est en augmentation chez les jeunes depuis 1950.

Ainsi, les personnes nées en 1990 ont, à âge égal, un risque deux fois plus grand d’avoir un cancer du côlon et quatre fois plus grand d’avoir un cancer du rectum que celles nées en 1950. La Société américaine du cancer estime que 13 500 personnes de moins de 50 ans recevront un diagnostic de cancer colorectal au cours de la prochaine année. Une hausse à mettre en contexte, dans la mesure où ils ne représentent que 10 % des cas de cancers colorectaux.

Car, il importe de le signaler, le nombre de cancers colorectaux est globalement en baisse – notamment grâce au programme de dépistage par coloscopie, au cours duquel les polypes sont retirés avant que le cancer n’apparaisse. Mais selon l’étude, le risque d’avoir un cancer du côlon a augmenté de 2 % chez les jeunes Américains âgés de 20 à 39 ans. Quant au cancer du rectum, son incidence est en hausse de 3 % chez les jeunes adultes âgés de 20 à 29 ans.

Le chirurgien colorectal Jean-François Latulippe, de l’hôpital Maisonneuve-Rosemont, s’est montré surpris par l’importance de cette augmentation chez les jeunes.

« C’est sûr que l’âge moyen du cancer du côlon est encore de 61 ans, parce qu’il y a tellement plus de gens de 50 ans et plus qui ont le cancer. Avant que l’âge moyen ne change, ça va prendre du temps. Est-ce qu’on voit une différence au jour le jour ? Non. Parce qu’on opère encore beaucoup de gens âgés, mais on remarque qu’il y a plus de gens de 50 ans, et ça, c’est dû à notre programme de dépistage. »

50 ans

Au Québec, le programme de dépistage auprès des personnes qui n’ont aucun symptôme vise celles qui sont âgées de 50 ans et plus.

Le Dr Latulippe constate qu’il y a effectivement des cas de jeunes âgés de moins de 50 ans, mais selon lui, ils sont beaucoup plus rares. « Je comprends qu’ils augmentent selon l’étude de la Société américaine du cancer, mais l’incidence chez les personnes de moins de 50 ans est d’environ 10 cas par 100 000. Ça reste donc marginal [par rapport à 150 par 100 000 pour les plus de 50 ans]. »

Comment expliquer cette hausse, même si elle ne concerne que 10 % des cas ? Les auteurs de l’étude peinent à trouver des explications. On rappelle le risque accru des personnes qui ont des problèmes d’obésité, d’alcool ou de consommation abusive de viande rouge et de charcuteries. Les personnes souffrant de la maladie de Crohn ou de la colite ulcéreuse sont aussi plus à risque. Idem pour ceux qui ont des antécédents familiaux.

Par rapport à l’augmentation du nombre de cancers du rectum, le Dr Latulippe fait le même constat que les auteurs de l’étude. « On le voit même chez les personnes plus âgées, mais on ne sait pas exactement pourquoi. Ils seraient plus sensibles aux influences environnementales, mais on n’est pas certain. Il y a peut-être une meilleure compréhension des facteurs génétiques à avoir pour comprendre cette augmentation. »

Est-ce que la coloscopie devrait être proposée aux personnes de moins de 50 ans ? « Je ne crois pas, répond le Dr Latulippe. Parce qu’il y a quand même un risque de mortalité avec la coloscopie. On parle d’un cas sur 10 000 [à la suite d’une perforation du côlon], mais si on devait l’offrir à une plus grande portion de la population, ça augmenterait le risque d’autant. Mais ce n’est pas un risque qui se justifie. »

Le chirurgien spécialiste croit plutôt que les médecins de famille devraient être plus vigilants afin de déceler les symptômes de leurs patients, surtout lorsqu’il y a du sang dans les selles. « Les médecins auraient avantage à faire plus d’examens comme le toucher rectal parce que c’est facile à faire [contrairement à la coloscopie], et on peut tout de suite déceler une tumeur, ce qui pourrait nous permettre d’intervenir plus tôt dans les cas de cancers du rectum, qui sont en hausse. »

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