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Société

#jesuisbelle

Dix blogueuses québécoises ont fait le buzz sur les réseaux sociaux cette semaine après avoir publié une photo d’elles en maillot de bain sous le mot-clic #jesuisbelle. Loin de faire preuve de narcissisme, elles revendiquent un acte de militantisme pour faire accepter la différence. Une mouvance actuelle dans les réseaux sociaux pour combattre les standards de la beauté imposés par la société.

Elles ont la trentaine ou la quarantaine. Certaines sont plutôt minces, d’autres plutôt rondes. La plupart sont mamans et leur corps, leur ventre en particulier, en porte les traces. Les vergetures ne se cachent plus. Annie Clermont, une des premières à avoir suivi le mouvement en publiant une photo d’elle en maillot de bain sur son blogue (Le journal d’Annie), les appelle ses « lignes de vie », chacune correspondant à une grossesse.

C’est pour certaines la première fois qu’elles osent se montrer en public en maillot de bain ou qu’elles portent un bikini. Annie Clermont, qui a souvent été victime de moqueries à l’école, est aujourd’hui réconciliée avec son corps. Avec la bénédiction de ses ados, elle a choisi de publier sa photo le jour de ses 43 ans. Comme un symbole de son acceptation. Mais « il y a encore quelques années, j’aurais été incapable de faire ça », avoue-t-elle.

Quant à Julie Philippon, 42 ans, elle avait l’habitude de se baigner en maillot une-pièce. « Ça m’a pris 42 ans pour oser porter un deux-pièces, raconte-t-elle. J’ai découvert que je pouvais me sentir bien, voire belle. Sentir l’eau sur son corps plutôt qu’une jupette et des mètres et des mètres de tissu, c’est merveilleux. » Mardi, après avoir longuement réfléchi, elle est allée plus loin : elle a posté plusieurs photos d’elle en bikini sur Facebook et Instagram. « Pas pour me montrer ou me faire dire que je suis belle, mais pour dire aux autres de s’assumer telles qu’elles sont parce qu’elles sont belles comme ça. »

UNE TENDANCE 

C’est bien là le message que ces femmes ont voulu lancer au plus grand nombre, ce pour quoi elles ont choisi les réseaux sociaux pour s’exprimer.

À leur grande surprise, des hommes – ventripotents ou très poilus – leur ont écrit pour dire qu’eux aussi subissaient le culte du corps parfait et n’osaient pas se montrer torse nu sur la plage.

Elles en ont reçu, des commentaires. Louangeurs pour la plupart. Certains, en revanche, leur reprochent d’être narcissiques, les accusent de chercher à attirer l’attention sur elles. « Ben oui ! Mais pas sur moi. Je cherchais à avoir le plus d’attention possible, surtout des femmes, afin de passer un message : sentez-vous belles même si votre corps a changé avec les années, les grossesses », lance la blogueuse Marie-Noëlle Marineau (Une vie marginale et heureuse). Devant le nombre de partages et de femmes qui ont publié une photo d’elles pour répondre à l’appel, Marie-Noëlle Marineau est satisfaite de l’impact de la campagne #jesuisbelle. « C’est une étape de plus. Plus les gens oseront se montrer comme ils sont, moins ça choquera et plus l’image renvoyée par la société changera », estime-t-elle.

#jesuisbelle n’est pas le premier mouvement d’opposition aux standards de la beauté lancé sur les réseaux sociaux. Ils sont plutôt nombreux en fait, à l’instar de #loveyourlines récemment. Dans les médias dits traditionnels également, les articles et surtout les photos de mannequins « taille plus » se multiplient. « On sent que ça bouge un peu, souligne Annie Clermont. Depuis deux ou trois ans, il y a plus de jolis vêtements faits pour les tailles plus, comme si la société nous donnait une certaine place. »

Dans leurs blogues et dans leur vie quotidienne, les instigatrices de #jesuisbelle prennent souvent position et, parfois mères d’enfants différents, elles se battent pour qu’ils soient mieux acceptés. Un engagement ancré dans la réalité.

ENGAGEMENT 

La campagne #jesuisbelle est aussi un acte de militantisme. « C’est d’abord une preuve de courage et de créativité, mais aussi un cri de survie, affirme Nicole-Anne Cloutier, psychologue et spécialiste de la communication sociétale. Les réseaux sociaux donnent un espace de respiration, comme une soupape. Ils sont aussi des vecteurs de changement, notamment grâce à leur fort impact de conscientisation. Cette initiative peut sembler être une démarche narcissique, mais ce n’est pas seulement ça : s’exprimer permet d’avoir un sentiment de pouvoir alors qu’avant, ces femmes se sentaient peut-être impuissantes. L’expression de soi est un point de départ qui peut mener à un engagement. De nombreux mouvements sociaux sont nés sur les réseaux sociaux. »

Pour autant, l’initiative aura-t-elle un réel impact ? André Mondoux, sociologue et professeur à l’École des médias de l’UQAM, met en garde contre l’illusion d’agir parce qu’on s’exprime sur les réseaux sociaux. « Se dire ne signifie pas être entendu, être compris ou encore agir », relève-t-il. Il ne faudrait donc pas que l’engagement se limite à poster une photo sur Facebook. Pour être plus qu’une déclaration d’intention, le geste devrait être suivi d’actes plus concrets. Sinon, il se pourrait que cela reste dans la sphère de « l’hyperindividualisme », de la nouvelle dictature de « l’auto-expression » et du « réel » qui a préséance sur toute autre valeur. Poussé à l’extrême, « on pourrait voir des gens qui souffrent d’obésité morbide proclamer sur les réseaux sociaux qu’ils s’assument bien comme tel et appeler les autres à faire de même alors qu’il y a là un danger réel, souligne le professeur. Tout n’est pas acceptable parce que je le décrète ».

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