Le centre de tri de Longueuil met la clé sous la porte

Le centre de tri des matières recyclables de Longueuil a mis fin à ses activités mardi, deux ans avant la fin de son contrat et malgré une rallonge de 4,2 millions de dollars versée l’an dernier.

L’établissement, qui est situé dans l’arrondissement de Saint-Hubert, recevait le contenu des bacs de récupération des résidants de l’agglomération de Longueuil ainsi que de trois municipalités régionales de comté (MRC) de la Rive-Sud.

La gestion du centre de tri, propriété de l’entreprise Services Matrec, relevait de la Compagnie de recyclage de papiers MD, qui appartient au Groupe TIRU, une filiale de la multinationale française EDF.

« Notre locataire n’était plus capable de s’assurer », a déclaré à La Presse le porte-parole de Services Matrec, Bernard More, pour expliquer la cessation des activités.

Dans un communiqué diffusé en soirée par la firme de relations publiques National, Papiers MD a déclaré que c’est Matrec qui a choisi de fermer le centre de tri « en raison de l’impossibilité pour MD de mettre en place une couverture d’assurance satisfaisante aux yeux du propriétaire ».

Lors du passage de La Presse au centre de tri, d’immenses amoncellements de matières résiduelles jonchaient le site et obstruaient les entrées du bâtiment, tandis que des ballots de matières recyclables compactées s’empilaient à l’extérieur.

Les employés présents, qui avaient été convoqués à une rencontre avec les ressources humaines de l’entreprise, s’enlaçaient et se disaient au revoir, certains en pleurs.

« C’est douloureux », a confié à La Presse l’un d’eux, Rémy Uwamahoro, qui travaillait là depuis cinq mois.

Papiers MD s’est engagée à relocaliser l’ensemble de ses 49 employés de Longueuil dans ses autres installations.

La collecte maintenue

Malgré la fermeture du centre de tri, la collecte sélective est maintenue dans l’agglomération de Longueuil.

« Les matières seront acheminées vers les centres de tri appartenant à Papiers MD à Châteauguay et à Montréal », a indiqué dans un courriel une porte-parole de la Ville de Longueuil, Julie Martineau, précisant qu’il pourrait cependant y avoir des délais.

« Présentement, le contrat est honoré ; c’est juste l’endroit qui reçoit les matières qui a changé », a déclaré la mairesse de Longueuil, Sylvie Parent, au cours d’un entretien avec La Presse.

Le coût du traitement des matières recyclables restera donc le même, assure la mairesse, qui anticipe cependant une augmentation du coût de leur transport, qui fait l’objet d’un contrat distinct.

Le chef de l’opposition, Xavier Léger, s’est quant à lui dit consterné.

« Comment se fait-il qu’on se retrouve dans cette situation, alors que l’agglomération a avancé 4,2 millions à l’entreprise en 2018, justement pour éviter un tel dénouement ? », a-t-il déclaré dans un communiqué.

La collecte est également maintenue dans les MRC de Marguerite-D’Youville, de la Vallée-du-Richelieu et de Rouville, dont les matières recyclables étaient envoyées, en tout ou en partie, au centre de tri de Longueuil ; des ententes ont pu être conclues avec d’autres centres de tri.

Services Matrec exclut de reprendre la gestion du centre de tri de Longueuil, qui lui appartient.

« Pour nous, ce n’est pas possible de reprendre ces installations-là du jour au lendemain, a affirmé Bernard More. Il y a trop d’obstacles contractuels. »

La Ville de Longueuil a annoncé le mois dernier la construction d’un nouveau centre de tri, en partenariat public-privé, qui desservira les villes de l’agglomération de Longueuil et celles de cinq MRC de la Rive-Sud ; elle espère qu’il sera prêt en 2021, à la fin du contrat avec Papiers MD.

Plus d’infirmières que jamais au Québec

Alors que le réseau de la santé semble manquer cruellement d’infirmières, elles n’ont jamais été aussi nombreuses dans la province, révèle le portrait annuel des effectifs de l’Ordre des infirmières et infirmiers du Québec (OIIQ), publié mardi.

En 2018-2019, 76 360 infirmières étaient inscrites au tableau de l’Ordre. « Nous sommes devant un paradoxe : alors que nous constatons une progression constante de l’effectif infirmier depuis dix ans et que cette année, nous avons connu la croissance la plus importante du nombre de membres, soit 1,4 % […], les milieux cliniques vivent des pénuries d’infirmières et infirmiers », affirme le président de l’OIIQ, Luc Mathieu, qui veut entamer une réflexion sur le sujet.

Pour la présidente de la Fédération interprofessionnelle de la santé du Québec (FIQ), Nancy Bédard, ces chiffres montrent ce dont elle se doutait depuis longtemps : « Le réseau de la santé se sert depuis 15 ans de la pénurie pour justifier le temps supplémentaire obligatoire et autres. Mais la pénurie est artificielle », dit-elle. Selon Mme Bédard, ce sont principalement les « problèmes de gestion » qui font que le réseau semble manquer d’infirmières. 

Besoins sur le terrain

Les besoins de main-d’œuvre du réseau de la santé semblent criants. Les établissements de santé rivalisent d’imagination pour recruter.

Le CISSS de la Montérégie-Centre a par exemple tenu une « boutique éphémère » en octobre au Quartier DIX30 à Brossard afin de recruter du personnel.

Le CISSS de la Capitale-Nationale a effectué quatre missions à l’international au cours des derniers mois pour recruter des infirmières.

« Dans un contexte de plein emploi, le MSSS et les établissements doivent redoubler d’efforts et de créativité pour recruter et conserver les employés », dit-on au ministère de la Santé et des Services sociaux (MSSS). 

Le MSSS ne dispose toutefois d’aucun chiffre permettant d’évaluer en temps réel la pénurie d’infirmières.

Pour tenter d’évaluer les besoins, La Presse a demandé aux établissements de santé de la province de fournir leurs « besoins réels » d’infirmières, d’infirmières auxiliaires et de préposés aux bénéficiaires, c’est-à-dire combien de ces professionnels pourraient être engagés demain matin pour répondre à leurs besoins.

Selon les données fournies, environ 4000 infirmières, 1000 infirmières auxiliaires et 3000 préposés aux bénéficiaires pourraient être engagés dès maintenant dans le réseau de la santé.

Pour le président de la Fédération de la santé et des services sociaux (FSSS-CSN), Jeff Begley, ces chiffres montrent que régler le dossier de la pénurie est « un défi réalisable avec des ajustements ». « On peut y arriver si on revoit les conditions de travail. Mais si rien ne bouge, ça va prendre quelque chose de radical », dit M. Begley.

Trop de temps partiel

Seulement 60 % des infirmières québécoises travaillent à temps complet.

« Chez les infirmières qui sont à leur première année de travail, 26 % seulement sont à temps complet, souligne M. Mathieu. En 2014-2015, elles étaient 40 % à travailler à temps complet. »

Le président de l’OIIQ précise que, parfois, les infirmières ne postulent pas aux postes à temps complet, pour différentes raisons. « Certaines se disent qu’avec le temps supplémentaire obligatoire, elles préfèrent travailler à temps partiel », dit-il. Certains établissements n’affichent également pas assez de postes à temps complet. M. Mathieu affirme discuter avec les établissements de santé, le Ministère et les syndicats pour trouver des solutions. 

Pour Mme Bédard, plusieurs solutions s’offrent au réseau, comme « stabiliser les équipes de soins », « améliorer les conditions de travail » et « créer des postes et des horaires dignes de ce nom ».

Au cabinet de la ministre de la Santé Danielle McCann, on dit avoir demandé au printemps dernier aux PDG des établissements de santé de rehausser leurs postes. Des affichages ont été faits au début de l’automne et devraient augmenter entre autres le nombre de postes à temps complet dans le réseau. 

Nombre de membres inscrites au tableau de l’OIIQ

2009-2010 : 71 371

2010-2011 : 71 399

2011-2012 : 72 169

2012-2013 : 72 365

2013-2014 : 73 145

2014-2015 : 73 622

2015-2016 : 74 203

2016-2017 : 74 469

2017-2018 : 75 542

2018-2019 : 76 360

hébergement et Soins de longue durée

Québec dévoile le concept de ses « maisons des aînés »

Le gouvernement du Québec a dévoilé mardi matin le concept de ses « maisons des aînés », un projet phare de la Coalition avenir Québec qui l’avait mis de l’avant en campagne électorale. En dévoilant le projet d’unités de 12 chambres, la ministre responsable des Aînés, Marguerite Blais, a dit faire le pari de trouver le personnel nécessaire pour y travailler, malgré la pénurie actuelle d’effectifs.

En point de presse à Montréal, la ministre, enthousiaste, a parlé d’un « grand chantier » et d’un « grand redressement » pour les aînés en perte d’autonomie.

Comme on l’avait annoncé, elle a confirmé la création de 2600 nouvelles places dans des maisons des aînés ou des « maisons alternatives », ainsi que la rénovation ou la reconstruction de 2500 places en centres d’hébergement et de soins de longue durée (CHSLD), pour une facture totale de plus de 2,6 milliards.

À noter que 500 places seront gérées par des établissements privés conventionnés.

Les maisons des aînés accueilleront des personnes âgées en perte d’autonomie modérée qui seront accompagnées jusqu’à la perte d’autonomie majeure. Quant aux maisons alternatives, elles permettront d’accueillir une clientèle adulte – de moins de 65 ans – ayant des besoins spécifiques.

Les nouvelles places seront ouvertes d’ici 2022. Les terrains ciblés seront achetés par le gouvernement d’ici au printemps prochain. Quant à la rénovation et la reconstruction de bâtiments existants, il n’y a pas d’échéancier.

Mme Blais assure qu’il n’y aura pas deux classes de résidants entre ceux qui habiteront en maisons des aînés et ceux en CHSLD. Les tarifs seront les mêmes, a-t-elle ajouté, sans fournir plus de détails.

Le concept

Pour les maisons des aînés ainsi que pour les maisons alternatives, le concept sera le suivant : des groupes de petits bâtiments de 12 chambres chacun, organisés autour d’espaces extérieurs pour faire des promenades et profiter de la nature, a fait valoir la ministre. Les chambres seront toutes climatisées, avec leur propre douche et toilette adaptées, assurant plus d’intimité aux locataires. Ces derniers seront regroupés en fonction de leurs caractéristiques et de leurs intérêts. Bref, pour ne plus avoir des adultes avec des restrictions physiques vivant avec d’autres plus âgés souffrant d’alzheimer.

Des espaces communs sont aussi prévus pour que les résidants puissent accueillir leurs proches. Ça va aider à briser l’isolement et à favoriser les contacts humains, assure la ministre Blais. De plus, finis les longs corridors remplis d’instruments médicaux qui ressemblent à des hôpitaux. Les postes d’infirmières seront dissimulés, pour minimiser l’apparence d’un établissement de soins.

Et si la ministre dit avoir déjà ciblé les régions où les besoins sont les plus criants et les CHSLD les plus vétustes, elle n’a pas voulu les dévoiler mardi. Cette annonce sera faite ultérieurement, a-t-elle dit.

La porte-parole du Parti libéral pour les aînés et les proches aidants, Monique Sauvé, trouve les images des futures maisons très belles, mais juge que l’essentiel a été oublié. « On est présentement dans une pénurie alarmante de préposés aux bénéficiaires au Québec. Il en manque 32 000. Est-ce qu’il y en aura pour les maisons des aînés ? », a-t-elle demandé.

Elle trouve que beaucoup de détails ont aussi été laissés de côté, comme la façon d’attribuer les places dans ces nouvelles résidences.

De son côté, le Réseau FADOQ s’est réjoui d’avoir « enfin de bonnes nouvelles » pour les soins de longue durée.

lutte contre la Maltraitance d’enfants

« Nous avons échoué », déplore Camil Bouchard

Si le Québec a lutté efficacement ces dernières décennies contre la pauvreté, « la maltraitance des enfants est un gros raté ». C’est ce qu’estime le psychologue Camil Bouchard, auteur du rapport-choc « Un Québec fou de ses enfants » qui, en 1991, a proposé 53 recommandations pour prévenir la détresse des enfants et des jeunes. La maltraitance des enfants doit devenir un « enjeu prioritaire de santé publique » et il faut mettre fin « à ce déni collectif » qui est le nôtre, a dit M. Bouchard mardi dans son témoignage à la Commission spéciale sur les droits des enfants et la protection de la jeunesse. « Nous avons échoué à offrir à nos enfants des environnements qui auraient pu assurer leur sécurité bien avant qu’ils soient l’objet de signalements [à la DPJ] », regrette-t-il. Au cours des dernières décennies, le Québec a mis en place des mesures que nous envient plusieurs pays, a rappelé M. Bouchard. « Nous ne sommes pas des impuissants finis », a-t-il affirmé. Seulement, voilà, avec le nombre de nouveaux signalements à la DPJ, « on serait en mesure de remplir chaque jour cinq autobus scolaires pleins ». M. Bouchard espère une mobilisation citoyenne partout au Québec et du gouvernement en place, et une amélioration des services de première ligne. — Louise Leduc, La Presse

Montréal

Luc Ferrandez accuse la Ville de trop dépenser

L’ex-maire du Plateau n’est pas tendre envers ses anciens collègues de l’administration municipale, qu’il accuse de trop dépenser. Sur les ondes du 98,5 FM, où il est chroniqueur à l’émission matinale de Paul Arcand, Luc Ferrandez a donné raison au chef de l’opposition officielle Lionel Perez, qui a dénoncé lundi le niveau d’endettement sans précédent de la Ville de Montréal. « Ils sont hors de contrôle », a déclaré M. Perez dans les minutes qui ont suivi la conférence de presse de l’administration Plante-Dorais sur le budget municipal, qui prévoit une augmentation de 8 % des dépenses. L’ancien maire du Plateau en a ajouté une couche mardi en parlant de maquillage et de mensonge. « On est arrivé à un point critique, a-t-il dit. Le maquillage ne fonctionnera pas l’an prochain. Je pense que je peux dire ça avec une certaine autorité, parce que j’étais le président du comité sur les grands projets. » Dans les six premiers mois, M. Ferrandez dit avoir constaté que les dépenses de l’administration municipale étaient excessives. Il assure en avoir fait part au président du comité exécutif Benoit Dorais, qui ne voyait pas les choses du même œil. M. Ferrandez a alors donné sa démission du comité sur les grands projets.

— Suzanne Colpron, La Presse

Montréal

La directrice de la Corporation des marchés publics démissionne

Nommée il y a un an en pleine tourmente, la directrice générale de la Corporation de gestion des marchés publics de Montréal (CGMPM), Isabelle Laliberté, a remis sa démission. Elle quittera ses fonctions le 6 décembre pour aller travailler chez les Éleveurs de porcs du Québec. Le président du conseil d’administration de l’organisme, Serge Marticotte, assure qu’elle est partie de son plein gré et n’a fait l’objet d’aucune pression. « Mme Laliberté a remis sa lettre de démission à la dernière réunion du conseil d’administration, le 21 novembre », a-t-il précisé à La Presse. « Des gens étaient déçus, d’autres contents, a ajouté M. Marticotte. On n’est pas aimé de tous dans la vie. Elle ne faisait pas exception. » Mme Laliberté est arrivée à la tête de la CGMPM en octobre 2018. À l’été de cette année-là, une enquête du contrôleur général de la Ville, Alain Bond, avait été déclenchée sur la gestion des marchés publics montréalais, notamment Jean-Talon. Le rapport de ce dernier, déposé en décembre 2018, a fait état de mauvaise gestion et d’irrégularités dans la vente et la sous-location d’emplacements dans les marchés publics de la métropole. Le mandat de Mme Laliberté consistait à remettre de l’ordre dans la maison. — Suzanne Colpron, La Presse

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