La tempête de l'hiver

Des bons Samaritains à la pelle

À la suite d’un appel à tous lancé, hier, vous avez été nombreux à nous souligner un acte de solidarité dont vous avez été témoin lors de la tempête. En voici quelques-uns particulièrement inspirants.

Solidarité entre mamans

Après avoir attendu dehors pendant plus d’une heure l’autobus 170 sur l’avenue Papineau à Montréal avec son bébé de 1 an emmitouflé dans la poussette, Julie Anne Roy était épuisée et transie. Et le petit Emmanuel aussi. L’autobus a fini par arriver, mais la maman n’était pas au bout de ses peines.

Au terme du long trajet d’autobus, Julie Anne est descendue à son arrêt habituel sur le boulevard Sainte-Foy à Longueuil sauf que le trottoir n’était pas déneigé. Impossible de progresser dans la neige avec la poussette. En raison des fortes rafales de neige, le protecteur en plastique qui recouvrait la poussette battait au vent.

« J’étais désespérée. Mon fils était en détresse. Il avait du mal à respirer. Moi, j’avais le visage glacé », raconte Mme Roy.

La jeune maman s’est mise à faire de grands signes avec ses bras pour attirer l’attention des automobilistes qui circulaient sur le boulevard Sainte-Foy. Une voiture s’est finalement immobilisée à sa hauteur.

« Est-ce que je peux vous aider ? », lui a demandé la conductrice, une mère de trois enfants qui avait justement un siège d’enfant libre dans sa voiture. Cette bonne Samaritaine a reconduit Julie Anne et son bébé jusqu’à leur maison située à quelques rues de là.

Dans l’énervement, Julie Anne a oublié son sac à main dans la voiture. « Imaginez-vous donc qu’elle est revenue me porter mon sac. Faut vraiment être généreuse », s’exclame la jeune maman qui ne connaît que le prénom de la bonne Samaritaine : Marie-Christine. « Je ne sais pas ce que j’aurais fait sans elle », ajoute la mère de famille très reconnaissante.

Ma femme, mon héroïne

Conductrice d’autobus scolaire sur la couronne nord, Stéphanie Caron était en congé forcé, hier, en raison de la fermeture des écoles. Plutôt que de profiter d’une journée de repos, cette maman de deux enfants est allée donner un coup de main dans une popote roulante de Sainte-Thérèse où sa mère fait aussi du bénévolat. « Ma femme est tellement extraordinaire », dit son mari, Hugo Vincent, qui nous a contactés pour rendre hommage à sa femme.

« Mes animaux avaient faim »

Claudia Lamarre travaille à Montréal, mais réside à Saint-Georges-de-Clarenceville en Montérégie. Propriétaire d’une fermette, elle doit nourrir ses trois chevaux chaque soir en rentrant du boulot. Le trajet en voiture lui prend généralement une heure lorsqu’il n’y a pas de congestion routière. Sauf que mardi soir, après cinq heures à rouler prudemment, Mme Lamarre n’était pas encore rendue chez elle. À la hauteur de Henryville, le village voisin du sien, sa voiture n’avançait plus. Il y avait trop de neige sur la chaussée. « Après cinq heures dans mon auto, j’étais à boutte. Je pleurais en pensant à mes animaux qui avaient faim », raconte-t-elle. C’est là qu’un « ange gardien » est arrivé à sa hauteur à bord d’un tracteur.

Après avoir compris sa détresse, le bon Samaritain a téléphoné à son frère avec qui il possède une entreprise de déneigement. Ce dernier est arrivé à la rescousse et lui a ouvert le chemin avec son puissant tracteur. « Les p’tits gars ont fait ça juste pour moi. Ils ne me connaissaient même pas. C’était quand même une dizaine de kilomètres, souligne Mme Lamarre. La solidarité des gens de la campagne m’impressionne toujours ! » Mme Lamarre insiste pour qu’on publie les noms des « p’tits gars » généreux : Philippe et Nicholas Keurentjes. Voilà c’est fait.

Bons voisins

Michel Hébert s’était donné une mission hier matin à Granby : aider ses voisins à déneiger leur stationnement submergé par plus d’un demi-mètre de neige. « C’est son cinquième voisin aujourd’hui ! », se réjouit sa femme Francine Hébert, qui l’observe en train de manœuvrer sa souffleuse chez les Gagné. À ses côtés, Robert et Ginette Gagné sont gênés d’une telle aide. « Pas question d’être payé, c’est du bon voisinage ! », leur rétorque Francine Hébert, ravie de pouvoir aider ses voisins. « Une tempête de même, ça rend les gens de bonne humeur ! Les gens sortent, se parlent et s’entraident ! », s’exclame-t-elle. Son mari était d’ailleurs « heureux comme un poisson dans l’eau » à 6 h 30 ce matin en constatant l’ampleur de la bordée à Granby, l’une des villes plus touchées. « On s’amuse ! », lance Michel Hébert, en poursuivant son chemin avec sa souffleuse. Ce bon Samaritain n’a pas le temps de bavarder : des voisins attendent son aide.

Après une longue nuit de travail

Inhalothérapeute au CHUM, Caroline Beaudry devait finir son quart de travail à 23 h 30 mardi. Comme plusieurs de ses collègues n’ont pu se rendre au travail en raison de la tempête, elle a dû rester pour le quart suivant. À 7 h 30, déjà épuisée par sa nuit de travail, elle était découragée à l’idée de devoir déneiger sa voiture laissée dans un stationnement extérieur d’un complexe de condos situé non loin de l’hôpital. « Il y avait tellement de neige dans la rue que je n’arrivais même pas à atteindre mon auto », raconte celle qui avait besoin de son véhicule pour rentrer chez elle sur la Rive-Sud. Découragée par l’ampleur de la tâche, elle rêvait d’une seule chose : son lit. C’est à ce moment précis où « André » – le concierge de l’immeuble à condos – est arrivé avec sa souffleuse et lui a dégagé un chemin jusqu’à sa voiture, en plus de l’aider à la déneiger. « André, c’est mon bon Samaritain, je ne connais même pas son nom de famille », s’exclame Mme Beaudry qui a une nuit de sommeil à rattraper !

Des chauffeurs d'autobus dévoués

À la fin de leur quart de travail mardi, plusieurs chauffeurs de la Société de transport de Montréal (STM) ont décidé d’aller dormir au centre de transport plutôt que rentrer à la maison. « Quand ils ont fini leur quart, plusieurs se sont dit que, s’ils voulaient être là le lendemain matin, ils étaient mieux de dormir là pour assurer le service », relate une porte-parole de la STM, Amélie Régis. Leur précaution était avisée puisqu’une centaine de leurs collègues qui se trouvaient à leur maison a été incapable de rentrer au travail en raison des conditions sur les routes.

— Avec la collaboration de Louis-Samuel Perron et de Pierre-André Normandin

La tempête de l'hiver

« Merci ! »

« Mon fils de 5 ans, Esteban, est sorti de notre maison du quartier Ahuntsic ce matin pour aider une voisine, dont la voiture était coincée dans la neige. Même les plus petits peuvent faire preuve de solidarité. »

— Karine Marchand

« Merci au chauffeur d’autobus de la ligne 55 de la STM qui chantait en conduisant malgré les conditions routières difficiles. Il m’a permis de descendre entre deux arrêts pour m’éviter de marcher trop longtemps dans la tempête. »

— Barbara Martins

« Merci à l’employé de VIA Rail de la gare de Dorval qui nous a offert de nous reconduire à notre hôtel dans sa propre voiture après son quart de travail alors qu’il nous était impossible de prendre un taxi pour se rendre à notre hôtel. »

— Marie-Ève Lécine, son mari et leur fille de 4 ans

« Merci à “ Adolf ”, un résidant de mon quartier, qui m’a aidé à changer un pneu que je venais accidentellement de percer en tentant d’installer des chenilles de traction pour me sortir de ma place de stationnement. Sans lui, je n’y serais pas arrivé. »

— Malek Ghattas

« Merci à mon ancien coloc qui, sachant que j’ai des maux de dos chroniques, est venu déneiger mon stationnement dans la nuit de mardi. Je me suis réveillée avec un message Facebook dans lequel il m’écrivait que de m’aider lui avait autant fait de bien qu’à moi. »

— Catherine Gilbert

« Ma fille qui terminait un quart de nuit attendait l’autobus depuis un certain temps lorsqu’un chauffeur de taxi, témoin de son attente vaine, lui a gentiment offert un lift gratuit au beau milieu des rues enneigées ! Wow ! »

— Sabine Trahan

« Je m’apprêtais à pelleter mon entrée de garage à Ville Saint-Laurent lorsqu’un véhicule de déneigement arriva dans ma direction. J’étais bonne pour recevoir une autre couche de neige bien dure sur le monticule déjà plus haut que moi qui bloquait mon entrée… eh non, le conducteur a un peu changé l’angle de son véhicule et a repoussé presque la moitié du banc de neige qui bloquait mon entrée. Je lui ai envoyé un baiser “soufflé” avec mon plus beau sourire ! »

— Sylvie de Bellefeuille

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