ÉDUCATION
Une école de Laval passe de zéro à héros
La Presse
L’école secondaire Leblanc, à Laval, s’est longtemps démarquée en affichant des taux d’échec frôlant les records. Il y a cinq ans, à peine un élève sur deux (54 %) parvenait à décrocher son diplôme. Et encore, c’était à l’arraché.
Grâce à un branle-bas, l’établissement est passé de « zéro à héros » : il affiche aujourd’hui un taux d’obtention du diplôme de 83,5 %, ce qui le place au deuxième rang de la Commission scolaire de Laval (CSDL), tout juste derrière l’école d’éducation internationale. Et l’école ne sélectionne pas ses élèves.
Jean-Sébastien DesRosiers, directeur de l’école située dans l’est de Laval, se rappelle que 45 % des élèves devenaient des décrocheurs quand il a pris les rênes de l’établissement, en 2008-2009. Les anciens dirigeants avaient déployé des efforts pour augmenter le niveau de sécurité à l’école. Un chantier pédagogique pour augmenter la performance en français était sur les rails. Mais les résultats n’étaient pas au rendez-vous, explique-t-il.
« J’ai commencé là où mes prédécesseurs avaient arrêté », résume M. DesRosiers.
« Avec mon équipe, j’ai commencé par implanter le parascolaire en allant chercher nos sportifs. On a introduit le hockey, le soccer, le badminton, le flag football. On a ajouté une concentration théâtre, et on a maintenant une ligue d’improvisation. »
— Jean-Sébastien DesRosiers, directeur de l’école secondaire Leblanc
Lentement mais sûrement, les activités parascolaires sont devenues le prétexte parfait pour inciter les élèves à « venir et à rester » à l’école. La motivation a augmenté. Et l’école a commencé à se pencher sur la réussite scolaire, en libérant deux professeurs à temps partiel pour éplucher les dossiers des élèves un à un.
« Par exemple, on s’est demandé comment on pouvait aider les élèves à écrire sans fautes. On s’est rendu compte que certains ne savaient pas utiliser le dictionnaire. En histoire, on a déployé des stratégies avec un conseiller pédagogique. Dans la classe, on a tassé la fenêtre de réussite. La clé, c’est juste de passer de l’autre côté de la ligne de 60 %. »
À cela se sont greffés des partenariats avec le service de police, les centres communautaires et de santé pour sensibiliser les élèves aux risques de la drogue, aux gangs de rue, à la cyberintimidation, en plus de leur donner des formations sur la sexualité.
M. DesRosiers déploie maintenant des efforts pour non seulement remettre des diplômes, mais aussi former une nouvelle génération de travailleurs.
« Ils peuvent tous aller au cégep, mais on a plusieurs profils pour le diplôme d’études professionnelles (DEP). À l’heure actuelle, on a 19 finissants qui se destinent à des études professionnelles, comparativement à une dizaine auparavant. On a donc doublé. Il faut valoriser ce parcours scolaire. »
À l’occasion de la Semaine des directions d’établissement scolaire, qui se déroulait la semaine dernière dans la province, la remontée fulgurante du nombre de diplômés à l’école Leblanc de Laval sert de modèle aux dirigeants d’établissement. Dans le cadre d’un colloque, à Saint-Hyacinthe, la nécessité de décentraliser les décisions qui touchent la réussite scolaire et le bien-être des élèves a fait consensus. « Il faut maintenant s’assurer de la mettre en place [la décentralisation] pour que rapidement les décisions se prennent localement selon les besoins spécifiques des milieux », a déclaré Hélène Bourdages, présidente de l’Association montréalaise des directions d’établissement scolaire (AMDES).