Montréal

Un voleur en fuite épinglé par deux cavalières

C’est bien connu, la cavalerie arrive toujours à temps. Deux cavalières du SPVM viennent de le prouver une fois de plus en arrêtant un cambrioleur au terme d’une brève poursuite à cheval près de l’avenue du Parc. Une occasion de rappeler à tout le monde qu’elles ne sont pas là simplement pour amuser les enfants lors des parades et des fêtes de quartier.

« Nous, on fait le même travail que les autres policiers, mais notre moyen de transport est beaucoup plus plaisant », illustre Marie-Ève Dufort. Pour la cavalière, l’intervention du 1er mai dernier n’est pas si exceptionnelle.

Suspect en fuite

Ce jour-là, elle patrouillait dans les environs du parc Jeanne-Mance, près du mont Royal, juchée sur Tango, l’un des chevaux de la police de Montréal. À ses côtés, sa coéquipière Karine Naud montait son cheval habituel, Urbain.

Les deux policières ont entendu un appel sur les ondes radio. Leurs collègues recherchaient un voleur qui s’était introduit en plein jour chez une famille, avenue Davaar, dans Outremont. Le jeune homme, qui portait une casquette rouge, s’était enfui et les policiers avaient perdu sa trace.

Il y avait beaucoup de passants, beaucoup de voitures dans la rue. Difficile d’y voir clair. Les cavalières ont commencé leurs recherches. À l’angle de la rue Jeanne-Mance et de l’avenue du Mont-Royal, un individu a attiré leur attention.

« La seule raison pour laquelle on a réussi à le voir, c’est qu’on était à cheval. »

— L’agente Marie-Ève Dufort

La hauteur des montures des cavaliers du SPVM leur donne en effet un excellent point de vue sur les environs. « À pied, on n’aurait jamais vu aussi loin », confirme l’agente Naud.

Coincé entre deux chevaux

L’individu portait une casquette, mais il l’a soudainement retirée et semblait vouloir la dissimuler. Il tentait de s’éloigner rapidement pour disparaître, mais les cavalières se sont lancées à ses trousses, au trot. Elles n’ont pas eu besoin de pousser les bêtes à leur vitesse maximale de 50 km/h. L’homme a vite été rattrapé.

Les policières l’ont coincé entre les deux montures, lui bloquant toute issue. « Il avait envie de partir à la course, ça se voyait ! Si on avait été à pied, en auto ou à vélo, il serait parti, j’en suis sûre », raconte Karine Naud. Mais les deux chevaux massifs ont freiné l’élan du suspect.

Essoufflé, en larmes, il a bredouillé une histoire : il venait de se faire voler son téléphone, c’est pour ça qu’il était agité, plaidait-il.

Karine Naud voyait bien une bosse dans la poche de son pantalon de sport. Quelque chose de carré. Elle lui a demandé de le sortir. C’étaient les passeports de la famille qu’il venait de cambrioler. Le jeune homme de 17 ans a été mis en état d’arrestation. Il a plus tard comparu au tribunal de la jeunesse pour être accusé de vol.

La police a aussi retrouvé son cellulaire : il l’avait oublié dans la maison de la famille qu’il venait de détrousser… 

Très agiles en ville

Les gens considèrent parfois la cavalerie comme une unité de parade qui se borne à amuser les enfants dans les fêtes de quartier. Ils l’associent parfois aussi aux manifestations. Mais peu de gens réalisent la variété de ses interventions sur le terrain.

Les policiers à cheval ne sont pas affectés aux appels d’urgence, mais ils peuvent en tout temps se proposer pour venir prêter main-forte lorsqu’un évènement se produit. Trafic de stupéfiants, vols, infractions aux règlements municipaux et au Code de la sécurité routière : ils sont chargés d’appliquer la loi comme leurs autres collègues.

« Les chevaux sont très agiles, même s’ils sont massifs. Ils peuvent se promener partout, monter des escaliers, et ils vont tout faire pour éviter de marcher sur quelqu’un. »

— L’agente Karine Naud

La policière possède quatre bêtes à la maison et participe à des compétitions d’équitation dans ses temps libres.

« Les gens associent ça à la campagne, mais en fait, c’est récent dans l’histoire qu’on ne voit plus de chevaux en milieu urbain », constate Marie-Ève Dufort.

Aujourd’hui, un cheval est un objet de curiosité pour les citadins. L’avantage, pour les policiers, c’est qu’il provoque une réaction de sympathie auprès du public.

« Je le dis tout le temps : personne ne m’a jamais couru après pour flatter mon auto. Mais à cheval, ça arrive tous les jours », lance la policière.

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