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Bombardier met le paquet sur le REM

Bombardier a dévoilé hier des résultats trimestriels généralement conformes aux attentes. En entrevue à La Presse hier, son PDG Alain Bellemare a confié que l’entreprise allait tout faire pour décrocher le lucratif contrat du Réseau électrique métropolitain (REM) de la Caisse de dépôt et placement.

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Résultats satisfaisants

Les analystes se sont montrés relativement satisfaits des résultats de Bombardier au quatrième trimestre. Pendant les trois derniers mois de l’année, l’entreprise a surpassé les attentes en ce qui a trait à la marge d’exploitation consolidée (1,7 %) et aux flux de trésorerie générés (496 millions US), mais n’a pas atteint la cible quant au chiffre d’affaires. Les prévisions optimistes pour 2017 sont maintenues. « Alors que Bombardier continue de respecter, voire de dépasser les prévisions en matière de réduction des coûts, les commandes, qui sont cruciales aux perspectives à long terme, continuent de décevoir », a estimé Tim James de TD.

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Train de la Caisse

Bombardier ne néglige rien pour maximiser ses chances d’obtenir le contrat de construction, d’exploitation et de maintenance du matériel roulant du REM, évalué à 1,5 milliard. « Pour nous, c’est un projet très, très important, reconnaît Alain Bellemare. Évidemment, on comprend la nécessité d’être compétitifs, alors on s’organise pour présenter la meilleure offre technique et commerciale possible. Nos équipes travaillent d’arrache-pied là-dessus. On ne tient rien pour acquis, au contraire. » Bombardier fait face aux consortiums Alstom/SNC-Lavalin et Hyundai Rotem/RATP/Thales. Le contrat, qui ne comportera aucune exigence de contenu local, doit être attribué dans quelques mois.

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Commandes de C Series

Depuis plusieurs mois, les dirigeants de Bombardier répètent que l’entrée en service réussie de la C Series, en juillet, se traduira par de nouvelles commandes. Or, le dernier contrat important, celui de Delta Air Lines pour 75 avions, remonte à avril. « Si, à la fin de 2017, on n’a pas de commandes additionnelles, je vais être nerveux, mais pour l’instant… On a beaucoup de discussions avec des clients potentiels, ça avance bien, mais ça prend du temps. Air Canada [qui a annoncé une commande de 45 CS300 il y a un an], ça a pris des mois et des mois », dit M. Bellemare. Chose certaine, il a beaucoup aimé les propos dithyrambiques tenus la semaine dernière sur la C Series par un cadre d’Air Canada.

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Livraisons de C Series

Bombardier n’a encore livré aucun avion C Series depuis le début de 2017. Hier, le constructeur a réitéré son intention d’en livrer de 30 à 35 à ses clients, dont Swiss, airBaltic et Korean Air, cette année. Bombardier a donné deux raisons pour expliquer le lent début d’année. D’abord, le motoriste Pratt & Whitney s’attend à ce que ses problèmes d’approvisionnement ne se résorbent véritablement qu’au deuxième semestre. Ensuite, l’avionneur attend d’obtenir la certification pour la courte piste de l’aéroport London City, vraisemblablement ce printemps, avant de livrer d’autres appareils à Swiss. Cela dit, des avions continuent à sortir de la chaîne d’assemblage ; ils sont entreposés en attendant d’être livrés.

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Aide financière sur 15 ans

On savait que le prêt sans intérêt de 372,5 millions consenti par Ottawa à Bombardier la semaine dernière était remboursable sous forme de redevances. On a appris hier que la période de remboursement s’étend sur « environ » 15 ans et que l’entreprise n’aura aucun paiement à faire pendant les deux premières années. Le prêt « sera remboursé en fonction des revenus liés aux avions d’affaires (Global 7000) et du nombre d’avions C Series livrés », a expliqué hier le chef de la direction financière, John Di Bert. Bombardier s’attend à recevoir d’Ottawa de 70 à 100 millions par année, et ce, jusqu’en 2020.

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Plainte du Brésil

La plainte que vient de déposer le Brésil à l’Organisation mondiale du commerce (OMC) n’effraie pas Alain Bellemare. « On n’est pas du tout préoccupés pour un paquet de raisons, martèle-t-il. On est très confiants de respecter toutes les règles de l’OMC. On a travaillé avec des firmes d’avocats là-dessus. Ce qu’on a ici, c’est une compagnie (Embraer) qui aurait souhaité qu’on ne les concurrence pas. Maintenant qu’on y est, ils essaient de créer du bruit dans le système. On a le meilleur avion dans la catégorie des 100 à 150 places et on ne va pas se laisser distraire par ce genre de tactique. » Bombardier n’exclut pas de demander à Ottawa de répliquer avec sa propre plainte contre le Brésil. « Mais pour l’instant, ça ne vaut pas la peine, on a d’autres chats à fouetter. »

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Aile du Global 7000

Interrogé par un analyste sur les risques d’un nouveau retard dans le programme du nouveau jet d’affaires Global 7000, qui doit entrer en service l’an prochain, M. Bellemare a répondu qu’il n’avait pas de crainte spécifique à l’heure actuelle. Il a toutefois reconnu qu’il suivait de près les changements apportés à l’aile de l’appareil pour la rendre plus légère. La nouvelle mouture de l’aile doit être installée sur le deuxième véhicule d’essais en vol, qui prendra bientôt les airs. Le constructeur de l’aile, l’entreprise américaine Triumph, poursuit Bombardier pour 455 millions pour des dépassements de coûts.

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