Fondation Charles-Bruneau

22 millions pour des traitements personnalisés contre les cancers pédiatriques à Sainte-Justine

Grâce à un don de 22 millions de la Fondation Charles-Bruneau, l’hôpital Sainte-Justine s’embarque dans la médecine personnalisée pour le traitement des cancers pédiatriques. L’objectif : hausser le taux de survie des patients, qui a progressé énormément entre les années 60 et 90, mais qui, depuis, stagne.

« Les progrès depuis dix ans sont minimes », explique Michel Duval, chercheur au service de recherches en immuno-hémato-oncologie Charles-Bruneau, au CHU Sainte-Justine, qui était inaugurée hier. « L’approche actuelle est d’utiliser la chimiothérapie et la radiothérapie, qui sont toxiques pour toutes les cellules, mais un peu plus pour les cellules cancéreuses. Depuis une vingtaine d’années, deux nouvelles approches sont développées en laboratoire. On est maintenant prêts à s’en servir sur le plan clinique, mais il faut des investissements en séquenceurs génétiques et en personnel pour interpréter les données génétiques. »

La première approche est d’analyser la séquence génétique des cellules cancéreuses et des cellules normales du patient, pour identifier les gènes qui ont subi des mutations menant au cancer. Ensuite, on peut viser avec des médicaments les molécules produites par ces gènes ou alors interférer avec le fonctionnement altéré de ces gènes.

« On a eu un patient chez qui on a détecté une anomalie dans son cancer, dit le Dr Duval. Il y avait une molécule sur le marché qui ciblait cette anomalie, mais pour un autre cancer. La métastase qu’il avait a disparu. On ne sait pas s’il est guéri à jamais ou s’il y aura une rechute, mais ça s’est très bien passé. »

L’autre approche est l’immunothérapie, qui consiste à dresser les cellules du système immunitaire pour qu’elles attaquent les cellules cancéreuses. « Nous avons été le premier centre à l’extérieur des États-Unis où il y a eu de l’immunothérapie pour des cancers pédiatriques. »

Il sera éventuellement possible de combiner les deux approches et de faire en sorte que le système immunitaire du patient cible les molécules produites par les anomalies génétiques responsables de son cancer. « C’est très préliminaire, mais avec cette approche, on espère arriver à une spécificité absolue, qu’il n’y ait pas du tout de toxicité », dit le Dr Duval.

Y a-t-il des preuves que la médecine personnalisée avec séquençage génétique et l’immunothérapie permettent de hausser le taux de guérison ? « Chez les adultes, on a eu des avancées intéressantes avec certaines approches immunitaires pour des maladies très graves, des mélanomes, des cancers du poumon », dit le Dr Duval.

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