Spectacle multimédia

L’étonnante 104e île de Sorel-Tracy

Sorel-Tracy — D’aussi loin que les Sorelois se souviennent, l’archipel des îles de Sorel a compté 103 îles. Mais depuis cet été, une 104e île a fait son apparition dans la région, une île mystérieuse appelée Statera.

Voici la prémisse du tout nouveau spectacle multimédia immersif présenté jusqu’au 14 octobre sur le quai de la traverse de Sorel-Tracy. Où se trouvait jadis un bout de béton désaffecté se dresse désormais un immense dôme qui s’illumine une fois la nuit tombée.

À l’intérieur, on y projette, sur 360 degrés, la quête de rédemption de Martin, un motard repenti qui effectue par la magie du cinéma un retour dans l’histoire de Sorel. Depuis la présence des Abénakis jusqu’aux grands chantiers maritimes du XXe siècle, on découvre une ville partagée entre la vie industrielle et la proximité avec la nature.

« Quand on arrive sur le quai, c’est la première chose qu’on remarque. D’un côté, il y a les industries métallurgiques et de l’autre, les îles de Sorel avec, plus loin, le lac Saint-Pierre. C’est cette dualité qui nous intéressait. »

— Le concepteur du spectacle Jacques Larue

Pour cette projection dans le dôme, les concepteurs ont opté pour une approche historique plus didactique, malgré les effets spéciaux qui émaillent le récit. Ici, c’est l’histoire de la région qui est mise de l’avant, notamment à l’aide de photos d’époque. « Le travail de recherche a été fait avec des historiens et des biologistes du musée Biophare », explique le concepteur du spectacle Jacques Larue, Sorelois d’origine et associé pour le studio de création montréalais Cadabra, qui a signé le projet.

Parcours immersif

L’autre partie de l’expérience Statera – la plus intéressante à nos yeux – se concentre davantage sur les îles de Sorel. Ainsi, un ancien hangar situé à un jet de pierre du dôme abrite maintenant un parcours immersif qui se déroule dans le noir. Pendant une heure environ, les visiteurs plongent dans une ambiance de légende, avec à la main une « lanterne magique ».

D’entrée, ils se voient confier une mission : aider un homme à retrouver sa fille Camille, disparue il y a plusieurs années lors d’une visite dans les îles de Sorel. Toute sa vie, il l’a cherchée, en vain. Aujourd’hui, il croit qu’elle vit à Statera, la 104e île… Pour aider le pauvre homme, chaque visiteur doit récolter les quatre éléments de la vie sur sa lanterne : l’eau, l’air, le feu et la terre.

Ce parcours est particulièrement ludique et interactif. Les visiteurs peuvent déclencher la foudre d’un simple coup de main, jouer de la musique sur une toile d’araignée ou encore piloter un navire sur le Saint-Laurent. Pour garder leur lanterne en vie, ils doivent aussi récolter l’énergie des lucioles, cachées tout au long du parcours. Un cherche-et-trouve qui amuse bien les plus jeunes pendant que les adultes admirent la beauté des ambiances, des projections. La technologie numérique devient ici un formidable outil pour créer des tableaux parfois très poétiques.

Réussi, mais…

Bref, le parcours est une grande réussite et la projection sous le dôme, malgré quelques maladresses, intéressera les amateurs d’histoire. Tant la qualité du contenu que la créativité déployée dans les deux parties de l’expérience sont à souligner

Le hic, puisqu’il y en a un : le prix de l’expérience. À 45 $ par adulte (120 $ pour une famille de deux adultes et deux enfants), c’est cher payé si on considère que les deux expériences, mises bout à bout, durent une heure et demie, maximum.

« Il faut savoir que ce tarif inclut aussi l’accès au musée Biophare et plusieurs gratuités, comme un cocktail ou un verre de vin, dans des restaurants de Sorel. »

— Kimmaly Paul-Hus, directrice, communications et relations publiques pour l’expérience Statera

Le bracelet qui sert de billet d’entrée peut de plus lancer une brève animation sur le carré Royal, au centre-ville de Sorel. Bientôt, une courte projection sur les silos de l’entreprise Richardson viendra s’ajouter aux activités incluses dans le prix d’entrée.

N’empêche, c’est beaucoup d’argent. Surtout si on compare les tarifs exigés pour des parcours immersifs comme Foresta Lumina, à Coaticook, ou Anima Lumina, au Zoo sauvage de Saint-Félicien. Ces tarifs ne dépassent pas 20 $ par adulte…

Les parcours ne sont pas identiques, bien sûr. Celui de Statera est plus interactif, plus amusant, moins onirique. Mais il se passe à l’intérieur d’un bâtiment, pas dans la beauté sauvage d’une forêt, sous les étoiles.

Pour durer comme les deux exemples cités précédemment, les organisateurs devront peut-être revoir leur fourchette de prix.

Autre facteur à considérer : pour profiter de chaque activité incluse dans le billet, les familles doivent passer presque toute la journée à Sorel. Par exemple, le musée Biophare ferme à 17 h et la première projection sous le dôme est prévue à 21 h. Heureusement, les 103 îles de Sorel sont toujours là : il est possible de louer des kayaks, des canots ou des planches à pagaie – ou encore de s’offrir une croisière motorisée – pour meubler la journée en découvrant l’archipel. Mais ce sont là d’autres dépenses qui s’ajoutent à la facture.

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