ACCUEIL DE RÉFUGIÉS

Une année scolaire plus tard

Ils s’appellent Bassel, Mina, Celine ou George. Ils sont Syriens, Égyptiens ou Roumains. Cette année, ces enfants n’ont pas seulement joué et dessiné : ils ont dit adieu à leur pays. Pour souligner leur première année scolaire à Montréal et renforcer leur intégration, l’école primaire Enfants-du-Monde, dans l’arrondissement de Saint-Laurent, a organisé la semaine dernière une grande fête à laquelle ont participé plus de 250 parents et enfants.

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Le gymnase de l’école Enfants-du-Monde grouillait de vie jeudi soir. Jeux, activités, kiosques d’information : les enseignants et les bénévoles avaient tout mis en œuvre pour organiser une fête inoubliable pour les élèves, mais aussi pour leurs parents, nombreux à visiter l’école pour la première fois. L’établissement de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB) est fréquenté par 425 élèves, dont des dizaines de nouveaux arrivants. De plus, cette année, 55 réfugiés syriens arrivés au cours des derniers mois ont été intégrés dans quatre classes d’accueil.

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La directrice de l’école, Magalie Michaud, est arrivée en poste en novembre dernier, tout juste avant l’arrivée de milliers de réfugiés syriens au pays. Elle s’est rendu compte que les parents de leurs nouveaux élèves « avaient besoin de rentrer dans l’école ». C’est ainsi qu’a germé dans son esprit l’idée d’organiser cette grande fête. « C’est un grand succès ! On a réussi à sortir les gens, à briser l’isolement, à les faire communiquer ensemble et à leur montrer les ressources de la communauté. Nous leur avons montré qu’ils sont les bienvenus dans notre école », s’est-elle réjouie.

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Dalia Bishay a relevé tout un défi ce printemps : enseigner à une vingtaine d’élèves syriens ne parlant pas un mot de français. « C’était une mission difficile. On a reçu des enfants vraiment traumatisés, qui avaient vécu des situations difficiles. Ça reste dans leur tête et dans leur cœur », raconte-t-elle. Au début, sa mission consistait essentiellement à les rassurer « avec un grand sourire et un grand cœur ». Mais petit à petit, surtout grâce à des jeux, Dalia Bishay a réussi à les initier au français. « Vous devriez voir leur progression ! »

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Samer Abaji, sa femme Nancy et leurs deux enfants sont arrivés à Montréal dans l’un des premiers avions dépêchés par le gouvernement fédéral en décembre 2015, après des mois d’attente au Liban. Samer Abaji, Syrien originaire d’Alep, une métropole ravagée par la guerre, a posé ses valises dans le quartier Saint-Laurent, laissant derrière lui son ancienne vie d’employé des Nations unies. Alors qu’il suit des cours de français à temps partiel, sa fille de 7 ans, Celine, qui fréquente l’école Enfants-du-Monde, parle déjà très bien français. « J’aime les arts plastiques, surtout le bricolage », murmure-t-elle, intimidée.

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Lena Suliman a tout laissé derrière elle en décembre dernier : son travail, ses proches et sa vie à Lattaquié, ville portuaire du nord de la Syrie. Accompagnée de son mari et de ses deux enfants George, 12 ans, et Mariya, 8 ans, elle s’est installée à Saint-Laurent, dans le nord de Montréal, prête à refaire sa vie. « C’est difficile, parce que nous sommes seuls ici. Nous n’avons pas de famille. Mais nous voulons être comme les gens d’ici et apprendre le français », assure-t-elle.

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« Ici, je parle français et j’aime ça ! », lance Bassel, tout sourire. Le garçon de 10 ans aime beaucoup jouer aux Legos, mais il « préfère [ses] amis », précise-t-il, pendant notre entrevue avec sa mère. Heba Daoud, son mari et ses deux enfants Bassel et Nayer, 6 ans, ont quitté l’Égypte à la fin 2014 pour immigrer au Canada. Depuis, ils habitent à un jet de pierre de l’école Enfants-du-Monde. Dans un bon français, Heba Daoud raconte qu’elle a terminé cette année ses cours de français, alors que son mari, Rafik Morcos, étudie toujours la langue à temps partiel, puisqu’il travaille comme opérateur de machine. « En français ! », ajoute-t-il fièrement.

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Diane Lamarche-Venne, présidente de la commission scolaire Marguerite-Bourgeoys (CSMB), se réjouit de l’initiative de l’école Enfants-du-Monde. « La direction a fait une belle activité, pas seulement pour les Syriens, mais pour tous les nouveaux arrivants. Elle est allée un peu plus loin en démystifiant l’école. Ce qu’on veut dire aux parents, c’est qu’ils sont les bienvenus et qu’ils sont très importants pour leurs enfants », explique-t-elle. Selon Diane Lamarche-Venne, la CSMB n’a pas eu de difficulté à accueillir plus de 400 réfugiés syriens en 2016. « On va avoir un budget équilibré cette année », dit-elle. La CSMB compte 63 % d’élèves allophones.

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