Médias
Publicité à la une
La Presse
(Horwath en tête), titrait en première page le journal gratuit , mercredi dernier, à Toronto. La veille, les chefs des principaux partis ontariens s’étaient affrontés dans un débat, comme le veut la tradition en campagne électorale. Le journal annonçait que la chef du NPD, Andrea Horwath, menait la course.
«
» (Hudak a gagné le débat), pouvait-on toutefois lire le même jour en page couverture du quotidien gratuit , concurrent de Metro, qui donnait le chef du parti progressiste-conservateur, Tim Hudak, gagnant.Qui disait vrai ?
Difficile à dire. Car dans les deux cas, il s’agissait non pas d’articles rédigés par des journalistes, mais bien de publicités payées par des partis politiques. À la une du journal. Et présentées comme de fausses manchettes.
La vente de la une à un annonceur n’est pas un phénomène nouveau en presse écrite.
le fait depuis plusieurs années, aussi. Même l’hebdomadaire a commencé à vendre un petit espace publicitaire sur sa célèbre première page.Mais la vente d’espace publicitaire à un parti politique qui imite une nouvelle, induisant ainsi les lecteurs en erreur, est plutôt exceptionnelle.
« De mémoire, je n’ai jamais vu ça au Québec », observe Thierry Watine, professeur au département d’information et de communication de l’Université Laval.
« L’hybridation et la confusion des genres ne sont pas des phénomènes nouveaux, au contraire, c’est quelque chose qui s’amplifie, poursuit-il. Il y a beaucoup de pression de la part des publicitaires, mais là, visiblement, les digues ont cédé. Si les partis politiques peuvent s’acheter une fausse une, on a un vrai problème de société. Une brèche vient d’être ouverte et ce n’est pas bon signe. »
Ce n’était pas la première fois qu’un journal canadien vendait sa première page à un parti politique. Le
l’avait fait en septembre 2013. Le de Vancouver aussi, en mai de la même année. Et en novembre 2013, le – qui avait vendu sa une au Parti libéral – s’était exposé à de nombreuses critiques. À un point tel que l’éditeur Bob Cox, également éditeur du , avait dû prendre le clavier pour justifier sa décision.Dans une lettre aux lecteurs, il écrivait : « Nous, aux journaux FP, éditeurs du
et du , acceptons la publicité politique aux mêmes conditions que nous le ferions pour n’importe quelle publicité. […] »Pour Thierry Watine, cette position est dangereuse.
« Ce type de publicité pose la question de la résistance des responsables de
la presse. Si ces derniers n’imposent pas de limites, c’est inquiétant. La presse ne peut pas se laisser acheter. »
— Thierry Watine, professeur au département d'information
et de communication de l'Université Laval
Sur la une du journal
de mercredi, il fallait regarder attentivement pour voir la mention « Paid for by Ontario NPD » (Publicité payée par le NPD). Est-ce que tous les Torontois qui ont pris le journal gratuit ce matin-là ont lu la mention ? Ou ont-ils cru qu’il s’agissait d’une vraie nouvelle ? C’est le genre de confusion qui inquiète Thierry Watine. « Je ne sais pas si le grand public sait faire la distinction entre les genres, s’inquiète-t-il. Je me suis déjà fait piéger moi-même en lisant mon journal et pourtant, je suis professeur, donc très averti, alors imaginez quelqu’un qui ne porte pas attention à ce genre de détails. Verra-t-il la différence ? »« Avec le temps, craint le professeur de l’Université Laval, il y a un risque de banalisation. On se dira : bon, c’est comme ça, on n’y peut rien. L’information sera noyée dans quelque chose qui s’appelle la Communication avec un grand C. Et ce n’est pas une bonne nouvelle pour notre démocratie. »
Reporter au péché et au vice
Il y a des emplois qui frappent davantage l’imaginaire que d’autres et celui-ci fera peut-être rêver les étudiants en journalisme : le
vient de nommer Mosi Secret (c’est son vrai nom, assure-t-il sur son profil Twitter) reporter au péché et au vice ( ). Premier article : un long reportage sur un bar de danseuses dans l’édition dominicale de la semaine dernière. Pas de doute, M. Secret ne manquera pas de sujets. Pendant ce temps, la r du journal, Margaret Sullivan, gère les plaintes de certains lecteurs outrés.Lara Logan revient à
On apprenait mercredi dernier dans le
de l’émission en novembre dernier, avait réintégré son poste. M Logan, qui avait fait la manchette en 2011 lorsqu’elle avait été victime d’une agression sexuelle en couvrant les manifestations de
la place Tahrir, en Égypte, a été sévèrement blâmée pour son reportage sur l’attaque du consulat américain à Benghazi, reportage qui contenait plusieurs erreurs.