Québec

La SEPAQ lancera un projet-pilote

Propriétaires de chiens, réjouissez-vous. Votre animal de compagnie pourrait très bientôt être admis dans certains parcs nationaux du Québec.

En effet, La Presse a appris que la Société des établissements de plein air du Québec (SEPAQ) allait faire une annonce importante en ce sens dans les prochaines semaines.

« Nous travaillons à la mise en place d’un projet-pilote qui permettra l’accès aux chiens dans des zones précises ainsi qu’à l’intérieur de lieux d’hébergement de certains parcs nationaux », a déclaré Lucie Boulianne, responsable des communications à Parcs Québec. Lesquels ? Impossible de savoir pour l’instant, mais les grandes lignes du projet devraient être dévoilées en novembre et les premiers chiens pourraient être admis dès l’été prochain.

Pour la SEPAQ, la question est délicate. Certains utilisateurs des parcs sont farouchement contre ; d’autres plaident pour plus d’ouverture depuis des années. « C’est un sujet qui polarise les visiteurs, admet Mme Boulianne. Il ne faut pas oublier que notre mission première est une mission de conservation. Nous voulons aussi préserver l’expérience des gens qui visitent les parcs. C’est pourquoi nous voulons agir avec prudence. »

Si le projet-pilote est concluant, la SEPAQ pourra élargir l’accessibilité aux chiens dans beaucoup de ses parcs, voire tous.

D’ici là, le meilleur ami de l’homme doit-il se résigner à rester à la maison ? Pas du tout, lance Nadine Gelly, éditrice du guide Escapades pour chiens et autres idées de sorties, ainsi que du site internet Partout avec mon chien. Plus de 2500 adresses y sont recensées : des hébergements, des lieux de randonnée, des pensions, des vergers…

Pendant 10 ans, la femme a sillonné le Québec avec son bouvier bernois Whisky, mort en décembre dernier.

« Je n’ai jamais voulu aller aux États-Unis avec lui – trop de stress avec les vaccins, les douanes – ni prendre l’avion. Il y a amplement de quoi faire au Québec. » — Nadine Gelly

Par exemple, chaque année, elle partait au Manoir Richelieu avec Whisky. « Les chambres sont spacieuses, il y a des sentiers pour marcher. Le soir, je m’installais dans le hall pour boire un Dirty Martini auprès du feu, avec mon chien à mes pieds. C’était notre pèlerinage. »

Parmi les possibilités fréquemment oubliées, selon elle : les pourvoiries, « des lieux en pleine nature où les chiens sont souvent acceptés ». Les hôtels de villégiature, les chalets sont aussi à considérer. Les campings peuvent sembler des solutions intéressantes ; ce n’est pas toujours le cas. « Les règles sont parfois très, très strictes. Le chien ne peut pas sortir du terrain de camping, il ne peut pas rester seul dans la tente, à la chaleur. Il est interdit sur la plage… »

Aussi à savoir : les chiens sont admis sur les sentiers des réserves fauniques gérées par la SEPAQ (mais pas dans les hébergements, à l’exception des campings) et Parcs Canada les accepte au parc national Forillon, mais pas à celui de la Mauricie.

« En général, les chiens en laisse sont bienvenus dans tous nos parcs au pays, explique Ed Jager, directeur de l’expérience client à Parcs Canada. Ils sont admis sur les terrains de camping et dans certains hébergements, mais pas dans les bâtiments d’accueil ou près des aires de baignade. Toutefois, les autorités locales des parcs peuvent décider de limiter davantage l’accès. C’est le cas du parc national de la Mauricie, où les gestionnaires ont décidé d’interdire les chiens en raison du grand nombre d’utilisateurs sur les sentiers. »

Selon M. Jager, Parcs Canada ne croule pas sous les plaintes concernant la présence des chiens dans ses parcs. Celle qui revient le plus souvent : les propriétaires qui ne nettoient pas les excréments laissés dans les sentiers.

Les politiques variables, et souvent changeantes, des parcs ou des hôtels constituent une grande source de frustration pour les propriétaires de chiens, selon Mme Gelly. D’où l’importance de vérifier avant de se déplacer. « D’une année à l’autre, les lieux qui acceptent les chiens changent, mais leur nombre n’augmente pas forcément. La plus grande évolution concerne la qualité de l’accueil dans les hôtels. Les hôteliers multiplient les petites attentions, comme les biscuits, les bols, les couvertures… »

Michel Pepin, responsable des communications pour l’Académie de médecine vétérinaire du Québec en pratique des petits animaux, abonde dans le même sens. « Depuis 15 ou 20 ans, on assiste à une plus grande ouverture au Québec : les pensions canines se sont développées, les hôtels offrent plus de services. Mais il reste du travail à faire, car il y a un réel besoin des propriétaires de chiens. On le voit avec le problème des chiens qui sont laissés dans la voiture. C’est une pratique qu’il faut dénoncer, mais en même temps, les propriétaires sont coincés. Ils font quoi avec leur chien ? Ils ne peuvent pas l’emmener nulle part ! » Pas même sur les terrasses extérieures des restaurants, souvent.

Selon Élise Beauregard, le Québec affiche un retard évident par rapport à l’Ontario. Montréalaise d’origine, elle habite désormais en banlieue de Toronto avec sa chienne Kona, une Weimaraner de deux ans et demi. « Ici, les chiens peuvent entrer dans plusieurs commerces, ils sont admis sur les terrasses des restaurants et il existe plusieurs grands parcs comprenant des rivières, des lacs et des sentiers où les chiens peuvent courir sans laisse. Quand je retourne au Québec, ça me frappe de voir à quel point c’est compliqué… »

Comment expliquer cette différence ? « C’est culturel, lance Michel Pepin. Il y a 50 ans, les francophones du Québec n’avaient que des relations utilitaires avec leurs animaux, des chats ou des chiens de ferme qui n’étaient pas soignés. Avoir un animal est un luxe que les familles nombreuses ne pouvaient pas s’offrir. »

RESSOURCES

Partout avec mon chien

Ce site gratuit se présente comme un TripAdvisor du Québec canin, avec la possibilité pour les utilisateurs de coter les lieux répertoriés et d’en suggérer de nouveaux.

Toutourisme Québec

Diane Angers espère mettre un jour en place un programme de labellisation des établissements amis des chiens. Elle affiche notamment sur cette page Facebook des dizaines d’adresses où les chiens sont bienvenus au Québec.

BaliseQc

Ce site mis en place par la Fédération québécoise de la marche recense tous les sentiers de randonnée à pied et en raquette de la province. Pour chacun, une icône indique si les chiens en laisse sont admis ou non. Un outil précieux.

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