Déclaration de revenus

20 trucs et nouveautés pour réduire vos impôts

Il vous reste exactement un mois pour faire vos impôts. Notre chroniqueuse Stéphanie Grammond vous présente une vingtaine de nouveautés et d’astuces méconnues pour réduire votre facture. Il y a même de l’argent à récupérer grâce au cannabis et à l’effondrement du bitcoin !

Quoi de neuf ?

À vos ordis. Prêts ? Comptez ! Il ne vous reste plus qu’un mois pour remplir votre déclaration de revenus. La date fatidique est le 30 avril. Bon an, mal an, les deux tiers des contribuables attendent avril pour faire leurs devoirs. Pour vous aider à ne rien oublier, j’ai fait le tour des nouveautés fiscales de l’année d’imposition 2018. À vous de jouer !

1. Les 200 $ de la CAQ pour les aînés

Bonne nouvelle pour les aînés. Quelque 570 000 ménages auront droit à un cadeau en faisant leur déclaration de revenus ce printemps. Le nouveau crédit d’impôt remboursable pour le soutien aux aînés est une des premières mesures que la Coalition avenir Québec (CAQ) a dévoilées dans son énoncé budgétaire de décembre dernier.

Le crédit vise les aînés de 70 ans et plus qui ont un budget limité. Une personne seule qui gagne moins de 22 500 $ aura droit à un maximum de 200 $ par année, tandis qu’un couple touchera jusqu’à 400 $ si ses revenus familiaux sont inférieurs à 36 600 $.

Si vous oubliez de réclamer le crédit, pas de panique ! Québec le calculera pour vous, pourvu que vous fassiez votre déclaration de revenus. Excellente initiative !

2. Travailleurs d’expérience : de plus en plus jeunes !

Dans son récent budget, la CAQ a annoncé une cure de jouvence du crédit pour les travailleurs d’expérience, qui deviendra le crédit pour la prolongation de carrière à partir de l’année d’imposition 2019.

Mais ce sont les changements annoncés par les libéraux qui auront un impact dans votre déclaration de revenus 2018. En gros, le crédit est maintenant accessible dès 61 ans (alors qu’il fallait attendre 63 ans l’année précédente), et les montants d’exemption ont été bonifiés.

Pour 2018, ils varient entre 3000 $ à 61 ans et 11 000 $. Il s’agit du montant que les travailleurs peuvent gagner à l’abri de l’impôt provincial (au-delà d’une première tranche de revenus de 5000 $), ce qui se traduit par une économie d’impôt de 450 $ à 1650 $.

Bon à savoir : « Lorsqu’un particulier atteint l’âge d’admissibilité en cours d’année, il a droit au crédit au prorata du nombre de mois », souligne le Guide des mesures fiscales de la Chaire en fiscalité et en finances publiques de l’Université de Montréal.

3. Un bonbon pour votre première maison

Autre innovation de 2018 : Québec offre un crédit d’impôt pour l’achat d’une première habitation qui est calqué sur un crédit offert par Ottawa depuis 2009.

Si vous avez acheté une première habitation cette année avec l’intention d’en faire votre résidence principale, vous avez donc droit à un crédit fédéral de 626 $ et un crédit provincial de 750 $, pour une économie d’impôt totale de 1376 $.

Ces crédits visent à reconnaître les nombreuses dépenses reliées à l’accession à la propriété (notaire, déménagement, etc.). Mais il n’est pas nécessaire de présenter de factures.

On dit « première habitation », mais en réalité, vous êtes admissible si vous n’étiez pas propriétaire d’une habitation (ni votre conjoint) en 2018 et au cours des quatre années précédentes, explique Julie Thibodeau, gestionnaire, développement et fiscalité, chez TurboImpôt.

À noter : si vous achetez en couple, vous ne pouvez pas passer à la caisse deux fois.

4. Changement au crédit pour aidant naturel au Québec

Il y a beaucoup d’aidants naturels qui s’ignorent. Beaucoup de personnes pourraient aller chercher le crédit remboursable, dont les règles ont été élargies cette année. « Depuis 2018, les particuliers offrant de l’aide de façon régulière et constante à un proche admissible, sans cohabiter avec lui ou l’héberger, peuvent bénéficier du crédit d’impôt pour aidants naturels », résume le Planiguide fiscal de Raymond Chabot Grant Thornton.

Les aidants qui tombent dans cette catégorie peuvent toucher 533 $ par an, mais ce montant diminue graduellement lorsque les revenus du proche dépassent 23 700 $ et il disparaît entièrement lorsqu’ils atteignent 27 000 $.

5. Merci, grand-papa !

À partir de cette année, le grand-père ou la grand-mère qui héberge un petit-enfant afin de lui permettre de poursuivre ses études ne perdra plus son montant pour personne vivant seule, pointe Mme Thibodeau. Cela fera environ 250 $ de plus dans ses poches. Ça mérite d’être souligné.

6. Hausse du crédit pour frais de garde d’enfants

Les parents dont les tout-petits fréquentent la garderie privée seront heureux de savoir que le montant admissible pour le crédit d’impôt provincial a été légèrement ajusté de 9000 $ à 9500 $ par année. La bonification est plus substantielle pour les enfants handicapés, soit de 11 000 $ à 13 000 $.

Le taux de ce crédit remboursable varie entre 75 % pour les parents qui gagnent moins de 35 000 $ et 26 % pour ceux qui gagnent plus de 157 000 $. En ajoutant la déduction fédérale, certains parents se retrouvent à payer moins cher dans une garderie non subventionnée que dans une garderie à 8 $. Faites vos calculs.

7. Amortissement à la vitesse grand V

Avis aux travailleurs autonomes : Québec et Ottawa ont bonifié la déduction pour amortissement (DPA) depuis le 21 novembre 2018 pour vous encourager à investir. Ainsi, les biens que vous achetez pourront être amortis trois fois plus vite, ce qui vous évitera d’attendre de longues années avant d’obtenir la déduction.

Pour un véhicule acheté 30 000 $, par exemple, un contribuable peut maintenant obtenir une déduction de 13 500 $ dès la première année, contre 4500 $ auparavant, calcule Josée Cabral, porte-parole de H&R Block Canada.

Des ressources au bout de vos doigts

Le cabinet comptable Raymond Chabot Grant Thornton offre gratuitement sur le web son Planiguide fiscal 2018-2019 pour aider le grand public à faire sa déclaration de revenus.

Pour sa deuxième mouture, le Guide des mesures fiscales de la Chaire en fiscalité et en finances publiques présente 70 fiches descriptives qui décortiquent les principales mesures fiscales touchant les particuliers.

Pour ceux qui préfèrent le papier, le guide Réduisez vos impôts, année d’imposition 2018 reste un incontournable qui étale sur 464 pages les dédales de notre système fiscal ; 39,95 $ bien investis.

Des crédits à ne pas oublier

Les gens veulent se débarrasser de leur déclaration de revenus. Ils vont trop vite. Clic, clic, clic, et c’est fini. En se posant davantage de questions, ils pourraient économiser des centaines, voire des milliers de dollars d’impôts. Voici quelques trucs en vrac pour réduire votre facture fiscale.

1. RénoVert : dernier appel

Le crédit pour la rénovation s’éteint définitivement aujourd’hui, le 31 mars 2019. Les propriétaires peuvent obtenir une économie allant jusqu’à 10 000 $, représentant 20 % de leurs rénovations écoénergétiques.

« Attention aux informations remplies par l’entrepreneur ! », lance Josée Jeffrey, fiscaliste chez Focus Retraite & Fiscalité. Certains oublient des dépenses admissibles : permis, taxes, remise en état des lieux… la liste est longue.

2. Crédit pour solidarité : Remplissez l’annexe D

Dès cette année, Québec versera automatiquement le crédit pour solidarité destiné aux contribuables à revenus modestes, pour qu’ils touchent au moins le montant de base. Mais il demeure essentiel de remplir l’annexe D pour recevoir les composantes du crédit qui dépendent de votre situation personnelle (ex. : logement). Ne vous en privez pas !

3. Activités des enfants, oui ou non ?

Ottawa n’offre plus de crédit pour les activités des enfants. « Les gens ont entendu que le crédit avait été aboli au fédéral et pensent que c’est fini. Mais il y a aussi un crédit de Québec », insiste Josée Cabral, porte-parole de H&R Block Canada. Retrouvez vos reçus et vous pourriez récupérer 100 $, soit 20 % des dépenses plafonnées à 500 $ par enfant.

En passant : les personnes âgées de 70 ans et plus qui ont des revenus inférieurs à 42 000 $ ont aussi droit à un crédit d’une valeur maximale de 40 $ pour leurs activités.

4. Frais médicaux et cannabis !

Beaucoup de gens minimisent les frais médicaux qui peuvent procurer des centaines de dollars d’économies d’impôts. La liste des frais admissibles est longue : votre prime d’assurance collective, celle de l’assurance médicaments du Québec, les lunettes, les appareils orthodontiques (« broches ») et même le cannabis… s’il est prescrit par un médecin.

À noter : les personnes à revenus d’emploi modestes peuvent obtenir le supplément remboursable pour frais médicaux (fédéral). Le remboursement combiné peut dépasser 80 % !

5. Le fisc vous déménage

Vous avez déménagé pour vous rapprocher de votre nouvel emploi d’au moins 40 kilomètres ? Le fisc mettra la main à la pâte. Outre les frais de transport, vous pouvez déduire la commission de l’agent d’immeubles, les frais de notaire, les droits de mutation (« taxe de bienvenue »), et j’en passe. Il y a des milliers de dollars à récupérer !

Détail important : même les étudiants qui déménagent pour un emploi d’été sont admissibles.

6. Salariés sur la route

Les salariés qui travaillent à domicile ou sur la route ont droit à des crédits pour leurs dépenses liées à leur emploi : entretien et amortissement du véhicule, assurance, immatriculation, dépenses de bureau, etc. Mais les employeurs, surtout ceux qui sont de l’extérieur de la province ou du pays, ne savent pas toujours qu’ils doivent leur remettre des relevés (TP-64.3 et T2200). Faites-en la demande.

7. Cotisation syndicale ou professionnelle

Les frais d’adhésion à un ordre professionnel ou à un syndicat donnent droit à un avantage fiscal. Dans certains cas, l’employeur inclut l’information directement sur les feuillets fiscaux. Dans d’autres, le salarié doit s’en occuper lui-même.

8. Devoirs payants pour les étudiants

Certains étudiants ne font pas leur déclaration, jugeant que leurs revenus sont trop faibles pour payer des impôts. Erreur ! Ils se privent ainsi des crédits pour la TPS et pour solidarité. C’est sans compter que les droits de scolarité en éducation postsecondaire donnent droit à des crédits de 15 % au fédéral et 8 % au provincial. Si l’étudiant n’a pas d’impôts à payer, il peut conserver les crédits pour plus tard ou les transférer à ses parents.

À noter : les intérêts sur les prêts étudiants donnent aussi droit à des crédits.

9. Donnez et vous recevrez

Les dons de bienfaisance permettent de récupérer beaucoup d’impôts : 32,5 % sur la première tranche de 200 $, puis 48,2 % au-delà de 200 $ (et même 53,3 % pour les contribuables qui gagnent plus de 205 000 $).

« Mais souvent, les gens oublient les reçus électroniques », déplore Julie Thibodeau, gestionnaire, développement et fiscalité, chez TurboImpôt. Faites donc le tour de votre boîte de réception. Ça vaut la peine.

Truc : pour maximiser le crédit, combinez les dons sur la déclaration d’un des conjoints.

10. Consolez-vous de l’effondrement du bitcoin

Les pertes en capital permettent d’effacer des gains en capital réalisés sur d’autres placements au cours des trois années précédentes et indéfiniment dans le futur. Alors si vous avez perdu votre chemise avec l’effondrement du bitcoin, cette année, consolez-vous en enregistrant une perte en capital. Sachez que le fisc considère cette cryptomonnaie comme une marchandise qui a le même traitement fiscal que l’or ou l’argent.

11. Frais financiers et intérêts

Si vous avez des placements dans des comptes non enregistrés (donc hors REER, CELI, etc.), n’oubliez pas de déduire de vos revenus de placement tous vos frais (ex. : honoraires de votre conseiller financier, intérêts payés sur un prêt à l’investissement).

12. Passez en mode électronique

Environ 90 % des contribuables transmettent leur déclaration de revenus de façon électronique. Les autres devraient se convertir, car certaines mesures fiscales sont pratiquement impossibles à optimiser « à la mitaine ». Je pense notamment au fractionnement de revenus, qui peut être très payant pour les retraités. Mais le montant idéal à transférer à son conjoint est très difficile à déterminer sans logiciel, d’autant que la mesure a un effet sur une foule d’autres crédits.

13. Faites votre déclaration en famille

Quand les membres d’une famille font leur déclaration chacun de leur côté, il y a un risque que des économies d’impôt se perdent entre les « craques » du plancher. Par exemple, le transfert du montant en raison de l’âge ou du crédit pour personne handicapée peut tomber à l’eau. Faites votre déclaration en famille.

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