cyclisme

Le coup d’envoi du Grand Prix cycliste de Québec sera donné ce matin. Tour d’horizon.

Guillaume Boivin

« Magané », mais motivé

Québec — Comme le hockeyeur qu’il a déjà été, Guillaume Boivin est « magané ». Sauf que ses cicatrices, il ne les porte pas au visage, mais sur ses deux genoux.

Le droit est marqué d’une longue entaille causée par le grand plateau de son pédalier après une chute à l’entraînement en 2016. Le gauche arbore une strie mauve plus fraîche, assortie d’une bonne bosse, stigmate d’un accident survenu lors d’une course en Belgique à la mi-juin. Le cycliste n’a pu éviter une voiture de la caravane freinant subitement. Conséquence : fracture du plateau tibial, opération et plaque stabilisatrice.

En théorie, Boivin devait être sur le carreau pendant trois mois. Mais après six semaines « dans le divan », il est remonté sur le vélo, bouclant doucement un tour du lac Brome, près du chalet familial en Estrie.

« Au début, c’était un peu décourageant. Je regardais les chiffres et je ne pensais pas que je pouvais être aussi poche que ça en bike… Mais ça revient vite. »

— Guillaume Boivin

Le 20 août, il pédalait sur le mont Royal, répétant les montées de la voie Camillien-Houde. Sept jours plus tard, de l’autre côté de la montagne, il était dans le bureau du Dr Greg Berry à l’Hôpital général de Montréal. L’orthopédiste lui a donné le feu vert pour sa participation aux Grands Prix cyclistes de Québec et de Montréal, la semaine suivante. « J’ai laissé les béquilles là et je suis parti… »

Boivin sera donc sur la ligne de départ, ce matin, avec ses coéquipiers de l’Israel Cycling Academy, pour son sixième GP de Québec. Il a poussé la machine ces trois dernières semaines, tout en respectant les consignes du médecin.

« Je n’ai pas sauté d’étapes pour revenir ici », a-t-il assuré au retour de l’entraînement, hier après-midi. « Je me sens dans une forme quand même respectable. J’ai vraiment fait un gros mois d’entraînement. Ce sont mes courses préférées de la saison. C’était facile de me motiver. »

« On a des gars qui marchent »

Au téléphone, l’athlète de 29 ans a reçu les dernières recommandations de son entraîneur Paulo Saldanha. Il compte sur son expérience et son état de fraîcheur pour livrer une performance à la hauteur. Égaler son meilleur résultat – 17e en 2016 quand il revenait aussi de deux blessures – risque d’être difficile.

« On a des gars qui marchent », a-t-il noté, citant l’Italien Kristian Sbaragli et le Néerlandais Dennis van Winden, deuxième d’une étape de l’Arctic Race of Norway. Si la situation le commande, Boivin pourrait donc se mettre à leur service dans les derniers tours.

« On n’est pas les grands favoris, mais si ça va bien, je pense que c’est possible de mettre un gars dans le top 10. »

— Guillaume Boivin

Serein, l’ancien champion canadien ne jouera pas son va-tout dans le Vieux-Québec et à Montréal. Avant sa blessure, il avait connu une saison solide, marquée par deux échappées lors du grand départ du Giro en Israël. Le sprinteur montréalais revendique aussi une 11e place d’étape en Italie. Il retient également sa prestation à l’Amstel Gold Race, où il a manqué la sélection de justesse.

Sur cette base, Boivin a choisi de renouveler son contrat avec l’Israel Cycling Academy pour un an plutôt que deux. « J’ai bon espoir de pouvoir faire vraiment une belle saison l’an prochain. Si je suis capable d’aller chercher 1 ou 2 % de plus, peut-être que je suis capable d’être devant, dans ces courses. Des fois, la différence est minime. Je suis motivé et ça me tente d’essayer de franchir ce palier-là. »

Ce ne sont pas quelques cicatrices qui vont l’en empêcher.

Cyclisme

Cinq favoris pour le Grand Prix de Québec

Michael Matthews

Australie

Équipe : Sunweb

5e participation au GP de Québec (3e en 2017, 2e en 2015)

Après une première moitié de saison marquée par la maladie, les blessures et un abandon prématuré au Tour de France, l’Australien de 27 ans a retrouvé son niveau habituel en remportant la dernière étape du Binck Bank Tour aux Pays-Bas. Il a enchaîné avec une quatrième place à la classique de Plouay. En conférence de presse cette semaine, il a surpris tout le monde en attribuant ses problèmes à un mauvais réglage de son tube de selle, trop haut de huit millimètres… « J’espère maintenant pouvoir tourner la page et poursuivre cette petite série de succès », a indiqué le redoutable finisseur, qui anticipe une course plus débridée en l’absence de Peter Sagan.

Cote : 4 sur 5

Greg Van Avermaet

Belgique

Équipe : BMC Racing

7e participation au GP de Québec (2e en 2012, 2016 et 2017, 3e en 2013)

Vainqueur à Montréal en 2016 dans la foulée de sa médaille d’or olympique, le Belge de 33 ans n’a encore jamais réussi à résoudre l’énigme de Québec, où il a fini quatre fois sur le podium, dont trois fois sur la deuxième marche. L’absence de Sagan, qui l’a battu en 2016 et 2017, pourrait lui permettre d’enfin lever les bras. « Il y a toujours eu un coureur un peu plus fort sur ce genre d’arrivée, constate le porteur du maillot jaune sur le Tour en juillet. J’espère seulement avoir de bonnes jambes et un bon synchronisme [pour le sprint]. La clé sera de rester à l’abri, épargner mes jambes et être bon dans les deux derniers tours pour voir jusqu’où je peux aller dans ce final. »

Cote : 3,5 sur 5

Oliver Naesen

Belgique

Équipe : AG2R La Mondiale

3e participation au GP de Québec (17e en 2017)

Converti au cyclisme sur le tard, le Belge de 27 ans poursuit son ascension irrésistible. Polyvalent, il peut à la fois rivaliser avec les Sagan et Van Avermaet sur les grandes classiques et accompagner Romain Bardet en haute montagne au Tour de France. Champion national en 2017, il vient d’enlever la Bretagne Classic pour la deuxième fois en trois ans, ce qui l’autorise à viser la victoire à Québec, où il pourra être soutenu par Jan Bakelants et Alexis Vuillermoz, 4e l’an dernier.

Cote : 2 sur 5

Michael Valgren

Danemark

Équipe : Astana Pro

3e participation au GP de Québec

Magnus Cort Nielsen devait être le leader désigné d’Astana au GP de Québec, mais il est resté au lit jeudi, malade comme un chien. Tout indique que son compatriote Michael Valgren devra prendre le relais. C’est le luxe d’une équipe possédant probablement le plus de munitions pour ce séjour canadien. Le Danois de 26 ans n’a jamais brillé au Canada, mais il a pris du coffre cette année avec des victoires majeures à l’Omloop Het Nieuwsblad et à l’Amstel Gold Race. Il sort d’une deuxième place derrière Naesen la semaine dernière sous la pluie à la Bretagne Classic. Il est sur son départ pour Dimension Data l’an prochain, au grand regret de son coéquipier québécois Hugo Houle.

Cote : 2 sur 5

Alexander Kristoff

Norvège

Équipe : UAE Team Emirates

3e participation au GP de Québec (3e en 2015)

Le Norvégien de 31 ans tient la forme depuis sa victoire sur les Champs-Élysées à la dernière étape du Tour de France. Gagnant de deux « monuments » dans sa carrière (Milan-San Remo 2014, Tour des Flandres 2015), il peut autant gagner un sprint massif qu’une course d’attrition et stratégique. À son dernier passage au Québec, il était monté sur la troisième marche du podium, surpris comme les autres par l’attaque de Rigoberto Uran à 600 m de la ligne. Il aura deux équipiers de luxe en Diego Ulissi et Rui Costa, anciens vainqueurs au Canada.

Cote : 1 sur 5

Cyclisme

Tuft absent

Annoncé à la dernière minute par l’équipe Michelton-Scott, Svein Tuft ne sera finalement pas au départ des GP de Québec et de Montréal. Le Britanno-Colombien de 41 ans est malade, a indiqué le directeur sportif Lorenzo Lapage, hier. Dommage pour le public canadien, qui ne pourra saluer ce multiple champion national en contre-la-montre et personnage singulier du peloton, qui en est peut-être à ses derniers coups de pédale.

Cyclisme

Duchesne, Houle et Canuel aux Mondiaux

Hugo Houle, Antoine Duchesne et Rob Britton prendront part aux Mondiaux d’Innsbruck, à la fin de septembre, en soutien au grimpeur Michael Woods, qui aura une belle carte à jouer en Autriche. Karol-Ann Canuel a reçu la même invitation chez les femmes. Leah Kirchmann, Sara Poidevin, Sara Bergen, Alison Jackson et Katherine Maine l’accompagneront, a fait savoir le directeur des programmes de route, Kevin Field. Charles-Étienne Chrétien, Adam Roberge, Nicolas Zukowski, chez les espoirs, et Simon Boilard, Magdeleine Vallières-Mill et Robin Plamondon, chez les juniors, seront les autres Québécois présents en Autriche.

Cyclisme

Langlois reçoit

À la veille de son septième Grand Prix de Québec, Bruno Langlois a reçu ses coéquipiers de l’équipe nationale pour une rencontre médiatique à son studio d’entraînement/boutique/café Vélo Cartel, à Vanier.

À 39 ans, le vétéran a presque deux fois l’âge de Pier-André Côté, Adam Roberge et Nikolas Zukowsky, qui l’accompagneront sous le maillot à feuille d’érable.

« Meilleur grimpeur » en 2012, Langlois va tout tenter pour s’insérer dans l’échappée matinale, ce qu’il n’a encore jamais réussi. « C’est plus le fun de passer la journée devant », résume l’ancien champion national, récent vainqueur d’une étape au Tour de Guadeloupe.

En échappée pendant 140 kilomètres l’an dernier, Côté veut cette fois rester dans le peloton pour emmagasiner un maximum d’expérience. Ses deux victoires d’étape au Tour de Beauce lui ont valu un contrat pour l’an prochain avec l’équipe pro continentale américaine Rally Cycling. « Je ne pensais jamais pouvoir gagner ma vie dans le vélo », a souligné l’étudiant en actuariat.

Ses actuels coéquipiers Roberge et Zukowsky attendent pour leur part des nouvelles de Silber Pro, équipe continentale montréalaise menacée de disparition. Le Montréalais James Piccoli, surprenant vainqueur final en Beauce, se donne aussi pour but de passer à une formation pro continentale. Une bonne course au GP de Québec pourrait leur donner tout un coup de pouce en ces temps difficiles dans le cyclisme nord-américain, éprouvé par la fermeture de quelques équipes.

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