Technologie

Montréal n’échappe pas à la frénésie des taxis volants !

À l’ombre de l’imposant quadricoptère électrique qui surplombait l’ensemble du kiosque de Hyundai au Consumer Electronics Show (CES) de Las Vegas, il y a deux semaines, se trouvait un autre prototype de taxi volant électrique. Son nom ? Nexus. Sa particularité ? Il a été développé… à Mirabel.

Le Nexus est une création de la société Bell Textron, qui a ses installations canadiennes un peu au nord de Montréal. L’équipementier spécialisé dans le secteur militaire effectue une partie du développement de sa technologie de décollage vertical (VTOL, selon le sigle anglais) au Québec. Au CES, elle a été mise en valeur de deux façons : outre le Nexus, un taxi volant électrique comme ceux dont rêve Uber, notamment, on voyait aussi l’Autonomous Pod Transport (APT). Il s’agit d’un drone volant plus modeste pouvant livrer des colis dont le poids peut aller jusqu’à 32 kg (70 lb). Une version pouvant soulever 450 kg est aussi dans les plans. Avec une vitesse de pointe de 222 km/h, l’APT risque de faire la vie dure aux FedEx et Purolator de ce monde…

Avec 70 % de la population mondiale vivant dans les grandes villes de la planète d’ici 2050, des solutions aériennes comme un taxi à hélices seront nécessaires pour décongestionner les centres-villes, croit l’entreprise américaine. Déjà, la plupart des villes sont trop grosses pour leur réseau de transport actuel, constate Mitch Snyder, son PDG.

« [Avec ces deux appareils], on illustre ce à quoi ressemblera la ville intelligente de demain », assure-t-il. Et par demain, M. Snyder veut dire… demain. Presque littéralement.

« Sous leur forme actuelle, ces véhicules sont des produits au fort potentiel commercial qui pourront être rapidement certifiés par les autorités. »

— Mitch Snyder, à propos du Nexus et de l’Autonomous Pod Transport

« Le ciel s’ouvre maintenant à nous »

Bell Flight a un partenaire en tête pour réaliser son projet : Uber. Il n’est pas seul, puisque Hyundai a également confirmé, lui aussi en janvier, son propre partenariat avec la société californienne. Uber Elevate promet un service aéroporté sur demande dans plusieurs grandes villes de la planète au plus tard en 2023.

Selon Hyundai, le S-A1, un « véhicule aérien personnel », sera prêt à temps et pourra transporter jusqu’à quatre passagers, ainsi qu’un pilote, sur une distance de 100 kilomètres avant d’être rechargé. « Le ciel s’ouvre maintenant à nous », résumait Jaiwon Shin, directeur de la mobilité urbaine de Hyundai, au moment de présenter son prototype au CES.

Akio Toyoda, président de Toyota, dit sensiblement la même chose. « On lève désormais notre regard vers le ciel », a-t-il illustré, il y a 10 jours, en annonçant un investissement de 394 millions US dans la firme californienne Joby Aviation. Celle-ci boucle ainsi un financement total de 590 millions US qui lui permettra de finaliser son propre quadricoptère électrique. Appelé S4, il peut parcourir 240 kilomètres par charge, à une vitesse de pointe de 320 km/h, avec cinq personnes à bord. Électrique, il s’avère « 100 fois plus silencieux » qu’un avion ou qu'un hélicoptère au moment du décollage.

Un engouement manifeste

Pourquoi cet engouement soudain envers ces aéronefs nouveau genre ? C’est simple : il s’agit d’un marché qui pourrait valoir des dizaines de milliards de dollars, aussi tôt qu’en 2026, selon les prévisions d’experts. Surtout si, comme le promet JoeBen Bevirt, PDG de Joby, « on crée un système sécuritaire qui coûte la même chose que prendre la voiture ».

En prime, la demande est déjà au rendez-vous. La société américaine Blade Aviation, financée entre autres par Airbus, propose un service de taxi aérien entre le centre-ville de différentes agglomérations aux États-Unis et l’aéroport le plus près. Très prisé, le service peut coûter jusqu’à 4000 $ par trajet, dans le cas d’événements très recherchés comme le festival Coachella, en Californie. Il peut aussi coûter moins cher qu’un trajet en taxi : ç’a été le cas l’automne dernier, à New York, où il s’avérait par moments plus abordable, par passager, que de commander un Uber pour se rendre de Manhattan à l’aéroport JFK.

Il ne manque plus qu’à remplacer ces hélicos par des taxis volants électriques, et la ville de demain pourra voir le jour. En silence. Et grâce, en partie, à l’expertise québécoise.

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