Bande dessinée

Humour de docs

François Paquet est médecin urgentologue à l’Hôtel-Dieu de Lévis et… scénariste de bédé. Yves Lessard, lui, est infirmier clinicien à l’hôpital Saint-Sacrement de Québec et… dessinateur. Avec Code bleu, ces deux amis nous donnent un aperçu de leur quotidien sur le mode Franquin : une planche, un gag.

Les deux hommes se sont liés d’amitié aux urgences de l’Hôtel-Dieu de Lévis où ils ont travaillé ensemble pendant une douzaine d’années. Puis, Yves Lessard, qui a commencé sa vie professionnelle comme caricaturiste, a changé d’hôpital. Passionnés de bédé, ils se sont amusés au fil des ans à consigner les histoires extraordinaires vécues ou rapportées par des collègues. « Dès qu’on a 15 minutes, on griffonne un dessin ou un texte, nous dit le Dr Paquet. Code bleu, c’est notre quotidien. »

Nous leur avons demandé de choisir cinq planches de l’album qui reflètent bien ce quotidien et qui ont une signification particulière pour eux.

La divine comédie

« Cette planche établit qui sont les acteurs du réseau de la santé, un peu comme dans Astérix », nous dit le Dr François Paquet. Les acteurs principaux du centre hospitalier St-Michel-de-Nullepart y sont décrits succinctement. « Je me suis inspiré des trois parties de La divine comédie de Dante, avec l’enfer, le purgatoire et le paradis, précise le médecin-scénariste. Ça décrit bien le réseau de la santé, mais aussi le besoin de soutien de ceux qui sont sur le terrain. Des gens qui ont de bonnes idées et qu’on devrait écouter un peu plus. »

Cours d’infirmière 101

« Cette scène-là est très proche de notre réalité », dit Yves Lessard, qui nous parlait le lendemain de son quart de travail de nuit. Dans une scène qui fera sourire (ou non) les futurs infirmiers, le personnage de Florence donne un cours d’infirmière 101 à une nouvelle recrue, qui lui rappelle la dure réalité du métier. « La relève est là, mais les infirmiers travaillent dans des conditions tellement difficiles, détaille le dessinateur. Dès leurs débuts, ils sont appelés à intervenir dans des situations critiques. Ce que je veux dire, c’est qu’il faut faire attention à eux. »

Trou de mémoire

Cette histoire, le Dr Paquet l’a lui-même vécue. « C’est tout vrai, jure-t-il. Nous soignions ce jeune homme intoxiqué qui avait déboulé d’un cap et qui était rentré chez lui de peine et de misère. Il avait des fractures à une main et des lacérations. À un moment donné, je lui ai dit : “Vous savez que vous êtes chanceux d’être en vie ?” Ça a dû le faire réfléchir, il nous a dit : “Ma blonde est rendue où ?” Elle était restée dans le ravin ! Elle avait passé la nuit là avec une fracture du fémur ! »

Se plaindre... avec raison

Dans cette planche, le Dr Dee est dans sa voiture et il écoute les propos d’un certain M. Tremblay qui se plaint du système de santé. « Je trouve que c’est tellement représentatif de ce que les gens pensent… » Est-ce que M. Tremblay a raison de « chialer » ? « Parfois, oui, répond Yves Lessard. Il a raison d’être critique. Aux urgences de Lévis, on a réalisé que l’accès à la radiologie était confus, parce qu’à certaines heures, c’est à un endroit et à d’autres, il faut monter au 2e étage. Donc, on s’est ajustés en mettant des ronds bleus au sol. »

« Répondez-moi ! »

Cette histoire aussi, nous confie le Dr Paquet, s’est réellement passée. « C’est vrai, on a des équipes capables de réagir vite aux situations d’urgence. Mais réveiller un patient pour qu’il prenne son somnifère, ça arrive. On le lui donne parce que c’est le protocole. Mais il y a des questions de gros bon sens, il ne faut pas que nos cerveaux tombent à off. Poser une sonde urinaire après une opération mais sur un patient qui n’a plus de vessie, ça s’est vu aussi. »

Stat, une urgence en BD : Code bleu

Perro Éditeur

46 pages

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