Le point sur l’islam

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Le nombre de musulmans dans la province a certes doublé depuis 2001, passant de 108 000 à 300 000 personnes. Cette augmentation s’explique en grande partie par les politiques migratoires du Québec qui, entre 2008 et 2012, a privilégié l’arrivée de francophones originaires du Maghreb. Cela dit, les musulmans ne représentent toujours pas plus de 3 % de la population québécoise. Un sondage Ipsos Reid effectué en janvier 2015, dans la foulée des attentats à Charlie Hebdo, démontre par ailleurs que les Canadiens surestiment grandement l’importance de la population musulmane au pays. 

Ainsi, les Québécois pensent à tort que la communauté musulmane du Québec s’élève à 17 %, soit 14 % de plus que la réalité. Les Canadiens croient que 20 % de la population canadienne est musulmane, alors que c’est seulement 3,2 %.

Certains musulmans fondamentalistes (les salafistes) ont en effet tendance à s’auto-exclure. Mais ce groupe – qui est un peu l’équivalent musulman des juifs hassidiques – représente une minorité. Pour le reste, rien ne prouve que les musulmans s’intègrent moins bien que les bouddhistes ou les sikhs. Selon Frédéric Castel, ce serait même le contraire au Québec, où l’immigration musulmane est plutôt scolarisée.

« Contrairement à la France, la plupart des musulmans [40 % des femmes et 48 % des hommes] des hommes qui immigrent au Québec sont des diplômés universitaires qui viennent pour travailler. La majorité d’entre eux ne sont pas des réfugiés. Ils sont venus pour des raisons économiques. Il s’agit d’une élite professionnelle. »

«  Il n’y a pas de fondements dans cette affirmation, renchérit Gaby Hsab, expert en communication internationale et interculturelle à l’UQAM. Non seulement il y a des musulmans qui vivent leur vie dans leur société d’accueil, mais il y a même des fatwas qui disent : le musulman qui se retrouve dans une société qui n’est pas la sienne doit s’accommoder à la culture de cette société. »

Peu probable, croit Frédéric Castel, du département de sciences des religions de l’UQAM, et surtout, pas de cette façon : « Les gens pensent qu’il y a un discours radical dans les mosquées. Même la GRC, même la police dit que ce n’est pas là que ça se passe. Je ne dis pas que le discours pro-djihad n’existe pas au Québec, mais ce n’est pas dans les mosquées. Il existe sur l’internet. L’agent recruteur no 1, c’est l’imam Google. »

Jean-René Milot, du même département, déplore ce procès trop rapide, basé sur la peur et la méconnaissance. « C’est un cas typique de l’immigrant virtuel construit. On ne les a pas entendus, on ne les a pas vus. On a juste vu des images qui nous disaient qu’ils faisaient ça. C’est le mécanisme du préjugé… Oui, il y a des risques de radicalisation. Oui, ça peut arriver. Mais est-ce qu’on va refuser, ici, de mettre des enfants au monde parce qu’ils vont peut-être devenir criminels ? Est-ce qu’on va pratiquer l’avortement au cas où les embryons produiraient un criminel ? C’est un peu du même ordre… »

Selon Frédéric Castel, expert en la matière, ce chiffre est totalement exagéré. Selon lui, on ne compterait pas plus de 140 « lieux de culte » musulmans au Québec, incluant les salles de prière et les mosquées « microscopiques » n’accueillant que 50 ou 100 personnes. « J’ai recensé tout le monde », assure-t-il. Détail non négligeable, ajoute le professeur : 60 % des musulmans du Québec « ne vont jamais » à la mosquée.

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