Opinion : Nouvelle économie

N’écartons pas les métiers spécialisés du dialogue

Le paysage économique canadien est en pleine évolution. Il suffit de consulter le budget fédéral du 22 mars et de suivre la trace de l’argent pour s’en apercevoir. Des tranches de financement seront affectées aux secteurs comme l’intelligence artificielle (IA), les technologies propres, l’économie numérique et l’agroalimentaire.

Toutefois, le budget a omis toute mention explicite des métiers spécialisés, des apprentis ou du rôle qu’exerceront ceux-ci dans la nouvelle économie canadienne axée sur l’innovation. Malgré l’accent mis sur les compétences et des investissements massifs en infrastructure prévus dans les états financiers, le renforcement des connaissances et de la capacité des personnes de métier canadiennes passe largement inaperçu.

Alors que le gouvernement canadien oriente son programme d’innovation sur tout ce qui est haute technologie, il est important de reconnaître que les personnes de métier et les apprentis canadiens ainsi que les établissements qui les forment (en particulier les instituts de technologie, polytechniques et collèges prépondérants au Canada) mènent en soi des activités à la fine pointe de la technologie.

Les pourparlers sur l’innovation (et le renforcement des compétences nécessaires à celle-ci) doivent englober les personnes de métier qualifiées et les apprentis composant leurs futurs effectifs.

L’incidence de la technologie sur le secteur est indéniable, et les métiers spécialisés ne font pas exception à la règle. Cela est particulièrement vrai dans un mode multidisciplinaire aux besoins croissants en science, technologie, ingénierie et mathématiques (STIM).

Pour composer avec l’incidence de la technologie, les effectifs des métiers spécialisés adoptent des modèles de formation tout au long de la vie qui combinent les aspects techniques, technologiques et mécaniques. La boîte à outils d’aujourd’hui regorge de technologies, et il en va de même pour les salles de classe où les apprentis sont formés.

Prenons à titre d’exemple le cas des techniciens à l’entretien et à la réparation d’automobiles. De nos jours, les voitures sont composées d’un ensemble complexe d’ordinateurs de bord et de composants mécaniques. Étant donné l’explosion de la popularité des voitures électriques et la disponibilité imminente des véhicules autonomes, les connaissances et les compétences requises des techniciens de demain seront encore plus nombreuses.

Les techniciens feront partie d’équipes multidisciplinaires qui peuvent mettre à jour le logiciel d’une voiture par connexion wifi, comprendre les communications sans fil d’une voiture à l’autre et leur intégration dans l’internet des objets, réparer le matériel de bord, et entretenir la fonctionnalité mécanique des moteurs à combustion, hybrides et électriques.

Les apprentis d’aujourd’hui apprennent à diagnostiquer des problèmes avec des applications iOS, mettent à l’essai divers environnements de travail grâce aux simulateurs, et à la réalité virtuelle et augmentée. Les apprentis acquièrent ainsi une expérience concrète précieuse et suivent des cours d’apprentissage mixte en ligne, ce qui favorise le transfert des connaissances théoriques sur les chantiers de travail en régions éloignées.

Nouvelles compétences

Les gens de métiers spécialisés d’aujourd’hui doivent acquérir de nouvelles compétences en plus de celles transmises par leurs mentors. La capacité à manipuler une panoplie de technologies est essentielle à leur réussite. Lorsqu’une technicienne en CVC se rend sur un lieu de travail, elle doit savoir diagnostiquer les problèmes associés aux appareils de chauffage de 10 ans ou flambant neufs, et à tous ceux qui se situent entre les deux. En outre, étant donné les spécialisations et la technologie de plus en plus complexes, les personnes de métier qualifiées constituent un atout indispensable au sein des équipes multidisciplinaires et doivent apprendre à collaborer avec les membres de ces équipes.

Dans un monde de plus en plus branché, on attache encore plus de valeur aux connaissances associées à la STIM. Alors que l’économie canadienne se tourne vers un modèle centré sur l’innovation, il faut également reconnaître que les personnes de métier et les apprentis exercent un rôle prépondérant dans le paysage canadien de l’innovation.

Il n’y a pas de monopole sur l’innovation – elle vise aussi bien les apprentis que les applis.

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