Canada

Le PIB déçoit

L’économie canadienne a fait une pause en juillet, avec une croissance de 0,0 %, alors que les observateurs s’attendaient à une légère hausse de 0,1 %. Faut-il s’en inquiéter ? Pas encore, selon Krishen Rangasamy, économiste principal de la Banque Nationale, Marchés financiers. « Sur une base de trois mois annualisée, la production continue de croître au rythme sain de 3,7 % », explique-t-il. Le troisième trimestre commence sur une note décevante, estime de son côté l’économiste de Desjardins Benoit P. Durocher, qui prévoit une croissance entre 2 % et 2,5 % pour la période de juillet, août et septembre. Une nouvelle hausse des taux d’intérêt en octobre apparaît plus improbable, selon lui.

— Hélène Baril, La Presse

Immobilier commercial

L’embellie économique fait boule de neige

La vigueur économique que connaît le Québec depuis plus d’un an est en train de transformer les perspectives en immobilier commercial du tout au tout.

Tant les locaux industriels de banlieue que les bureaux du centre-ville ont connu au deuxième trimestre 2017 des niveaux d’absorption de pieds carrés rarement vus. C’est le constat établi par l’agence immobilière Jones Lang LaSalle (JLL) qui vient de publier un rapport sur l’immobilier commercial à Montréal, intitulé Attachez vos tuques.

L’agence, dont le bureau principal au Canada est à Toronto, se montre dithyrambique à propos de la métropole québécoise. Le rapport parle de « mini-boom économique », de « gains d’emplois sans précédent », d’un « premier de classe en matière de fiscalité » et de « résurgence économique ». Il évoque aussi une « résurgence de l’entrepreneuriat », en citant les exemples de Lightspeed, GSoft, RodeoFX, Frank & Oak et Luxury Retreat, rachetée dans la dernière année par Airbnb.

« Le marché des espaces de bureaux de la grande région de Montréal reprend enfin de la vigueur, après sept ans d’augmentation de son taux d’occupation. Au deuxième trimestre de 2017, le marché a affiché une étonnante absorption nette de 1 156 045 pieds carrés, la plus élevée depuis plus d’une décennie », lit-on dans le rapport de JLL.

Vers une hausse des loyers

L’agence s’attend maintenant à ce que le taux d’inoccupation des bureaux poursuive sa descente et que les loyers commencent à prendre de l’altitude, étant donné le niveau modéré de la construction de nouvelles tours et le faible nombre d’immeubles de bureaux offerts en sous-location. JLL calcule le taux d’inoccupation des bureaux de la région montréalaise à 12,4 %.

Du côté des locaux industriels, l’agence a constaté un regain d’activité autour des gares du futur train électrique de la Caisse de dépôt. « Au cours du deuxième trimestre de 2017, le marché montréalais a enregistré l’absorption nette positive la plus élevée depuis 2000. Ce haut niveau d’absorption, jumelé à la baisse du taux d’inoccupation, est un signe prometteur associé à un marché stable et annonciateur d’une croissance », avance JLL.

Nous avons questionné Brett Miller, président et chef de la direction de JLL au Canada, qui travaille à Toronto depuis cinq ans, mais demeure toujours à Montréal.

La Presse Affaires : Vous paraissez enthousiaste à l’égard de Montréal. Que s’y passe-t-il ?

Brett Miller : Franchement, depuis 15 ans que je vis à Montréal, je n’ai jamais vu un marché si actif où il y a des décisions qui sont prises pour le long terme de la part autant des occupants que des propriétaires. Chaque élément du marché va bien : le bureau, l’industriel, l’investissement, même le commercial. Les chiffres ne mentent pas. Il y a un décalage de six mois, mais il y a bel et bien un effet d’entraînement entre le boom économique et l’activité immobilière.

LPA : Où le progrès est-il le plus spectaculaire ?

B.M. : Dans le bureau, on est passé d’un marché de locataires à un marché de propriétaires. C’est devenu de plus en plus difficile de trouver de bons bureaux disponibles. Si le taux d’inoccupation, à 12,4 %, n’est pas si bas, il faut préciser que c’est le taux de l’ensemble de la région. Au centre-ville, dans la catégorie des meilleurs bureaux – catégorie A – le taux est plus bas.

LPA : Se pourrait-il que Montréal vive « sur du temps emprunté » ? Que l’embellie soit seulement due aux innombrables chantiers et au déficit du gouvernement Trudeau ?

B.M. : Non, du tout. C’est sûr que quand on dépense des milliards en infrastructures, ça crée de l’emploi. Mais on constate de forts besoins dans bien des secteurs pour lesquels les entreprises sont attirées par la main-d’œuvre de Montréal, qui a moins tendance à aller travailler à l’extérieur de la province. Je pense à une banque américaine qui a maintenant 1000 employés à Montréal. Il y a aussi l’intelligence artificielle, les TI et le secteur créatif.

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