OPINION TRAVAIL SOCIAL

Quelle importance ont les services sociaux au Québec ?

Encore en 2015, force est de constater que l’existence de notre profession est plus pertinente que jamais

En cette période de grande médiatisation de la pertinence des services publics au Québec, nous souhaitons partager notre opinion en tant que travailleuses sociales.

Chaque jour, nous sommes des milliers à œuvrer auprès de personnes de tous âges provenant de tous les milieux. Notre travail se fait la plupart du temps dans l’ombre et est méconnu dans la société.

D’abord, qui sommes-nous ? Notre profession existe au Québec depuis 55 ans. Nous détenons une formation universitaire et sommes membres d’un ordre professionnel, donc tenues à un code de déontologie strict et à des formations continues. L’étendue de notre champ d’expertise est vaste. Nous sommes des thérapeutes, des consultants, des personnes-ressources.

DES TÂCHES TRÈS VARIÉES

Nous effectuons divers actes professionnels, dont des actes réservés qui reposent sur le respect de la personne, de son autonomie, de sa dignité, de ses droits et de la justice sociale : counseling, évaluations, rencontres familiales ou de couple, dépistages, accompagnements, références aux ressources. Nous défendons les droits des personnes, les outillons et les aidons à régler leurs problèmes afin qu’elles reprennent du pouvoir sur leur vie et qu’elles vivent davantage en harmonie avec leur environnement.

En tant que travailleuses sociales en CLSC secteur jeunesse, nous intervenons auprès d’enfants et de familles présentant diverses difficultés telles : intimidation, idées suicidaires, toxicomanie, trouble du spectre de l’autisme, problèmes de santé mentale, troubles de comportement, difficultés scolaires, déficience intellectuelle ou physique, maladie, deuil, adaptation à l’arrivée d’un enfant, séparation des parents, violence conjugale, difficultés financières, etc.

Dans le contexte actuel d’austérité, nous appréhendons une volonté du gouvernement de réduire les services de première ligne ainsi que les services sociaux.

Nous avons conscience qu’une saine gestion des fonds publics s’impose. Et c’est justement à ce titre que nous faisons valoir l’importance de notre rôle, car nous avons la conviction profonde que lorsque nous intervenons auprès des familles comme nous le faisons au quotidien en CLSC, nous évitons des frais importants comme des placements d’enfants et des hospitalisations qui coûtent beaucoup plus cher à l’État, sans compter le déchirement causé au sein d’une famille.

De plus, quand nous n’intervenons pas rapidement dans la vie d’un enfant souffrant, des répercussions ont lieu sur son développement, ce qui peut générer des problèmes beaucoup plus coûteux pour la société comme le décrochage scolaire, la toxicomanie et la criminalité. Sans compter les pertes d’emplois liées à des conditions psychologiques fragilisées des parents qui peuvent être évitées quand nous leur apportons le soutien et les ressources nécessaires dans leurs milieux.

Encore en 2015, force est de constater que l’existence de notre profession est plus pertinente que jamais. Reste à savoir si, en tant que société, nous faisons le choix de se doter de moyens pour enrichir la collectivité sur tous les plans, ce qui, au final, rapportera à tous.

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