MAISON THÉÂTRE

Dan Hanganu réalisera la nouvelle salle

C’est l’architecte du musée Pointe-à-Callière, Dan Hanganu (avec quatre firmes d'ingénierie), qui réalisera la salle multifonctionnelle que se partageront le cégep du Vieux Montréal et la Maison Théâtre. La décision a été prise à la suite d’un concours d’architecture. Québec y investira près de 10 millions de dollars.

— La Presse

30COUP DE CŒUR FRANCOPHONE

Des temps incertains pour les artistes

Un mélange d’effervescence et d’incertitude émanait hier du Lion d’Or, où on lançait la programmation du 30Coup de cœur francophone.

Les visages étaient souriants à l’aube du festival trentenaire, où plus de 120 artistes fouleront une douzaine de scènes du 3 au 13 novembre. Il ne fallait toutefois pas tordre un bras aux artistes pour obtenir leur réaction sur un sujet chaud : la récente sortie de l’ADISQ sur la chute des revenus générés par la vente d’albums et la montée en puissance du streaming, qui rapporte des « pinottes » aux artistes.

0,6 cent

Revenu que rapporte aux artistes et producteurs l’écoute d’une chanson sur Spotify par abonnement

62 cents

Revenu que rapporte aux artistes et producteurs l’achat d’une chanson sur iTunes

— Données fournies par l’ADISQ

Le grand manitou du festival, Alain Chartrand, estime que l’ADISQ a bien fait de sonner l’alarme en interpellant le gouvernement sur cette révolution dans le marché.

« S’il y a une solution, elle passe par une volonté politique, voire même juridique. C’est clair que la façon dont ça fonctionne présentement, ça n’a pas de bon sens », constate le directeur général et artistique du festival, qui ne voit par contre pas de solution à court terme.

« L’écoute en continu est là pour rester. Ça peut être intéressant pour quelques artistes, mais un Québécois sur Spotify se ramasse très loin dans la cave. »

— Alain Chartrand, directeur de Coup de cœur francophone

Le monde de la musique a beau s’être adapté au fil du temps, le nœud du problème demeure toujours le même, estime Alain Chartrand. « Le problème a toujours été de trouver comment ouvrir le jeu. Avant, c’était de jouer à la radio ; ensuite, de vendre des CD », explique le fondateur.

ARTISTES INQUIETS

Plusieurs artistes croisés au Lion d’Or ne cachaient pas une certaine résignation envers le contexte actuel. C’est le cas de Klô Pelgag, qui a récolté un franc succès avec son premier disque et qui s’apprête à sortir son deuxième album en novembre.

« Quand je suis arrivée, c’était déjà un peu le contexte. Les gens étaient décourageants et il faut que ce soit une vocation pour passer par-dessus », raconte la jeune auteure-compositrice-interprète, qui reconnaît une certaine contradiction dans la nouvelle réalité. « Même si l’internet ne rapporte pas, ça a fait tomber les barrières dans le partage de la musique », observe celle qui se produira au Club Soda le 4 novembre.

L’auteure-compositrice Catherine Durand, qui a produit son récent album La pluie entre nous, avoue être grandement affectée par la situation.

« Ç’a toujours été difficile, mais ça l’est plus que jamais aujourd’hui. »

— Catherine Durand

Lucide, celle qui se produira au Lion d’Or le 4 novembre conçoit que le streaming est inévitable, en plus d’être une façon extraordinaire d’accéder à la musique. « Mais les tarifs négociés ne sont pas suffisants pour pallier la mort de la vente de CD », déplore Catherine Durand, qui est d’avis que les structures en place ont toujours fait passer l’artiste en dernier.

La chanteuse Sylvie Paquette était de la toute première édition de Coup de cœur francophone. Elle avait 24 ans. Six albums plus tard, elle constate que son métier a bien changé – pour le mieux, en quelque sorte.

« Il y a 30 ans, on n’était pas beaucoup. Aujourd’hui, on est dans un paysage beaucoup plus dense, où il y a de belles propositions artistiques. »

— Sylvie Paquette

Elle ajoute n’avoir jamais vendu assez de disques pour faire les frais de la montée du streaming. « Je suis une artisane ; moi, je gagne ma vie avec mes spectacles », souligne Sylvie Paquette, qui mettra en musique la poésie d’Anne Hébert le 8 novembre du Lion d’Or.

ENFANTS DE L’ÈRE SPOTIFY

Les gars du jeune groupe rock francophone Gazoline n’ont connu rien d’autre que le contexte actuel. « On est arrivés direct dans l’époque Spotify. On ne peut pas mesurer le succès de groupes comme nous par des ventes de CD, car ce n’est déjà plus dans les habitudes de consommation de nos fans », explique Xavier Dufour-Thériault – dont le groupe partagera la scène du Club Soda avec Les Goules, le 5 novembre.

Son camarade JC Tellier ajoute qu’il peut difficilement décocher des flèches aux radios commerciales, qui font jouer leur musique.

« On n’est vraiment pas les adversaires de Spotify non plus. J’imagine qu’on n’a pas connu l’ancienne ère. »

— JC Tellier du groupe Gazoline

Xavier Dufour-Thériault constate toutefois que certaines choses ne tournent pas rond, notamment une pression plus forte pour sortir des disques. « L’album est devenu la carte de visite pour vendre des shows », résume le jeune homme, néanmoins très heureux de son sort.

Car au-delà de l’incertitude, la passion demeure le moteur ultime pour pratiquer le métier.

À ENTENDRE À COUP DE CŒUR FRANCOPHONE

En plus des concerts « traditionnels », la programmation sera marquée par une vingtaine de rentrées montréalaises, dont celles d’Avec pas d’casques, de Richard Séguin et de Klô Pelgag, sans oublier plusieurs présentations originales, notamment Corps amour anarchie, une rencontre inusitée entre la danse contemporaine et la musique de Léo Ferré. Les vétérans France Castel, Louise Forestier, François Guy et Michel Le François proposeront pour leur part le spectacle Les Vieux Criss.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.