Opinion : Politique québécoise

Pour en finir avec le statu quo

Il y a urgence de mettre fin au statu quo.

Le paysage politique québécois est bloqué. Nous sommes gouvernés par un Parti libéral qui, malgré ses ratés systématiques sur tous les plans, a la quasi-assurance d’être réélu, d’élection en élection.

Les Québécois semblent malheureusement devoir se résigner au maintien de ce statu quo inacceptable, pour longtemps, possiblement très longtemps.

Pendant ce temps, les problèmes du Québec ne se règlent pas. Les changements, qui permettraient au Québec de mieux relever les défis qu’il a à affronter, n’arrivent pas. Ils ne sont pas dans les cartons du Parti libéral, ni maintenant ni jamais.

Cette situation découle de la fragmentation de l’opposition au Parti libéral, laquelle elle-même résulte en grande partie de notre incapacité collective à régler la question nationale.

DEUX CAMPS

Car parmi les insatisfaits du statu quo, il y a deux grands camps. Il y a tout d’abord le camp des indépendantistes, dont nous sommes, qui croient que le Québec doit devenir un pays. Et il y a le camp des nationalistes, insatisfaits du statu quo et du Parti libéral, mais aujourd’hui peu enclins à appuyer l’idée d’indépendance. Ces deux camps se parlent peu ou pas, et leur incapacité à établir une jonction assure le maintien du monopole libéral.

Lors de la campagne électorale de 2014, avec 41,5 % des voix exprimées, dont celles de seulement 29 % des francophones, mais de 93 % des non-francophones, le Parti libéral est redevenu majoritaire à l’Assemblée nationale. Dit autrement, 71 % des francophones du Québec ont perdu leurs élections en 2014, 71 % des francophones ne veulent plus du statu quo, et pourtant, la réalité, c’est qu’il ne semble pas y avoir d’issue pour ces 71 % de francophones.

Au final, au-delà des seuls francophones, il faut que l’ensemble des Québécois puissent gagner, quelles que soient leur langue et leur allégeance politique ; qu’ils soient fédéralistes, nationalistes ou indépendantistes. Pour en finir avec le statu quo, il faut donc une démarche claire, un engagement ferme, une approche inclusive. C’est ce que nous proposons.

Selon les sondages, ce sont près de trois Québécois sur quatre qui veulent du changement et rejettent le statu quo. Ils sont plus nombreux à souhaiter une nouvelle entente avec le Canada, ou encore, l’indépendance. Il faut tabler là-dessus pour se réunir et briser le monopole libéral, une fois pour toutes. Pour y parvenir, il faut faire la jonction entre les indépendantistes et les nationalistes.

La Coalition avenir Québec ne peut pas jouer ce rôle, car elle voudrait que les indépendantistes renoncent à leur projet, ce qui n’arrivera pas, et parce qu’elle est dénuée de rapport de force face au gouvernement canadien.

CONSULTATION POPULAIRE

Le Parti québécois peut, lui, le faire. Il doit obtenir un mandat anti-statu quo qui stipulerait qu’un gouvernement du Parti québécois s’engagerait à tenir, trois ans après l’élection, une consultation populaire dans le cadre de laquelle les Québécois auraient à choisir entre l’indépendance et une nouvelle offre constitutionnelle du Canada. Donner un tel mandat au Parti québécois, ce serait l’assurance de sortir du néant constitutionnel et de mettre fin au statu quo.

Pour amener le gouvernement canadien et le reste du Canada à faire une offre aux Québécois, le gouvernement dûment mandaté du Parti québécois nommera un négociateur crédible et octroiera un délai de trois ans au Canada pour formuler une proposition formelle. Cette proposition sera soumise de bonne foi à la population québécoise dans le cadre de la consultation populaire, côte à côte avec notre option politique, l’indépendance du Québec.

Dans le cadre de cette démarche, le gouvernement du Parti québécois mettra en place un Secrétariat à l’indépendance et un Secrétariat au fédéralisme renouvelé, tous les deux dotés des moyens suffisants et identiques pour mener à bien des travaux sur chacune des options. Ces éléments de notre démarche sont nécessaires, car sa crédibilité repose sur le fait de donner une véritable chance aux deux options.

Cela dit, bien qu’il reconnaîtra une légitimité au Canada réformé, le Parti québécois devra être clair sur le fait qu’il donnera toujours la priorité à l’indépendance et travaillera sans relâche pour que ce soit cette option qui soit choisie par les Québécois au terme de la consultation populaire.

Les fédéralistes n’ont, dans le passé, jamais été contraints aux changements promis. Il est plus que temps de renverser cela. Le fardeau de la preuve doit reposer sur les fédéralistes autant que sur les indépendantistes. Dans la démarche que nous proposons, au moment de la consultation, les discussions auront déjà eu lieu, le résultat des négociations sera déjà connu, et les Québécois choisiront en connaissance de cause.

Nous n’avons aucun doute que le projet indépendantiste, projet de l’ambition et de la liberté, sera le plus porteur. Et si la proposition canadienne ne vient pas, les Québécois sauront à quoi s’en tenir. Ce sera alors le statu quo ou l’indépendance.

 – Nicolas Marceau, député de Rousseau ; Catherine Fournier, co-instigatrice et ex-candidate du Bloc québécois dans Montarville ; Mireille Jean, députée de Chicoutimi ; Louis Lyonnais, co-instigateur et membre de l’exécutif du Parti québécois de Bourget ; Alain Therrien, député de Sanguinet

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.