Le bonheur, un dessin à la fois

Vous écrivez que nous avons tous un potentiel de créativité. On ne l’exploite pas ?

Très souvent, au cours de notre vie, pendant nos études, puis notre vie professionnelle, on met de côté notre créativité et on se sert uniquement du côté rationnel. On se dit qu’il y a un manque dans notre vie, mais on ne sait pas comment l’identifier. La créativité n’est pas réservée qu’aux artistes, on a tous besoin de s’exprimer autrement, de faire des activités manuelles, du dessin, de la peinture… Ce qui est important, c’est de travailler avec ses mains de manière consciente, et d’apprécier le moment présent. Quand on accomplit quelque chose de créatif, on en ressent les bienfaits.

Que faut-il faire de créatif au quotidien ?

Par exemple, juste le fait d’écrire à la main et de tenir son journal de bord est créatif. Pas une « to do list » ! Mettre par écrit dans un petit carnet nos émotions, nos réflexions, ça fait du bien et on le fait pour soi. Il faut se poser la question : qu’est-ce que j’aimais faire avant ? Est-ce de la peinture ? Des collages ? De la photo ? Il faut explorer, faire des essais-erreurs ! Un petit conseil : osez aller dans le rayon pour enfants dans les boutiques de matériel, car c’est moins intimidant et les résultats sont positifs. Moi, j’utilise de la gouache en grosses pastilles et j’adore ça ! Le but n’est pas de créer une œuvre d’art. On n’est pas dans la performance.

Quels sont les bienfaits à faire des activités créatives ?

On revient dans le ici et maintenant. Le fait de se concentrer sur notre tâche créative fait en sorte qu’on vit pleinement le moment présent. Plus on cultive ces moments de création, plus on va en ressentir les bienfaits sur le corps, car le stress va diminuer. Notre muscle du bonheur et de la sérénité est activé. Ça passe d’abord par créer le calme en soi, car le stress vient bloquer la créativité. S’offrir du calme par la créativité, c’est être conscient des actions qu’on pose. J’ai tellement de clients qui sont comptables, avocats, policiers qui me disent que le seul fait de créer leur permet de changer d’air et de perspective. C’est aussi de pouvoir accéder à la meilleure version de soi-même et de voir l’impact direct sur notre vie et sur ceux qui nous entoure. Ça donne un sens à notre vie. Moi, par exemple, je sais que je suis plus patiente et plus souriante quand j’ai mes petits moments de créativité. Se donner cette liberté d’explorer, de créer, c’est une grande bouffée d’oxygène !

Je n’ai pas le temps, pas de talent, ni de place à la maison pour créer, c’est ce que vous entendez souvent ?

Ce ne sont pas des excuses ! On peut tellement couper dans le temps qu’on passe devant la télévision, ou sur Facebook… Il faut savoir quelles sont nos priorités. On reporte toujours le moment de prendre du temps pour soi. Pas besoin d’aménager un atelier, on peint au milieu de sa cuisine, n’importe où et n’importe quand. Faut se lancer ! Se laisser la chance de débuter et de passer à l’action. Quand on ose, on ne le regrette pas. Je le vois avec les gens, ça donne un souffle nouveau à leur vie.

Vous avez fondé M comme Muses, où vous organisez depuis quelques années des ateliers, retraites et escapades créatives. Qu’est-ce que les gens retirent de ces expériences ?

On revient vers soi. Il faut prendre le temps de ralentir pour mieux se retrouver, se reconnecter et pour voir où on en est dans notre vie. C’est une façon de prendre le pouls, de réfléchir sur la personne qu’on est devenue et sur ce qu’on a envie d’être. On le fait de manière consciente, mais aussi de façon intuitive et on tente de trouver des réponses. C’est une prise de conscience et il faut être capable par la suite, au quotidien, de continuer d’exprimer sa créativité. On le fait sans pression, en intégrant, à petites doses, du temps pour soi. Ces moments de création doivent être agréables et cohérents avec notre réalité.

Créer le meilleur de soi

Manon Lavoie

264 pages

Éditions Druide