OPINION MONTRÉAL

Que faire pour prévenir les morts et les blessés sur les routes ?

Pourquoi y a-t-il encore autant de blessés et de morts sur les routes de l’île de Montréal ? Que faire ? Voici quelques suggestions, adaptées au contexte montréalais et basées sur des positions antérieures de la Direction régionale de santé publique de Montréal.

Prioriser la sécurité

Puisque la vie humaine est importante, la sécurité des piétons, des cyclistes et des occupants de véhicules ne devrait pas être subordonnée à la fluidité des automobiles ou des véhicules lourds. Cela implique un changement de paradigme et une réallocation du financement ou de la chaussée en faveur de modes de transport plus sécuritaires comme l’autobus, le tramway, le train ou le métro.

Réduire à la source

Une réduction à la source du risque de blessures et de mort pour tous les usagers de la route impliquerait une réduction des volumes d’automobiles. Cela ne signifie pas une réduction de la mobilité, mais exige plutôt d’assurer la mobilité autrement. Les déplacements en transports collectifs sont beaucoup plus sécuritaires que les déplacements en automobile, tant pour les occupants du véhicule que pour les piétons et les cyclistes.

Adopter une approche environnementale

Les campagnes de sensibilisation sont l’une des stratégies les moins efficaces pour prévenir les blessures. De plus, la signalisation ne suffit pas toujours à faire respecter le Code de la sécurité routière.

La modification de l’environnement physique s’avère souvent la stratégie la plus efficace pour prévenir les blessures sur une route ou dans un quartier, notamment pour réduire la vitesse des véhicules.

Par exemple, un terre-plein offre un refuge aux piétons tandis qu’une saillie de trottoir entrave le stationnement à l’intersection et améliore la visibilité, réduit la longueur de la traversée des piétons et leur exposition aux véhicules, augmentant ainsi la proportion de conducteurs qui respectent la priorité piétonne.

Partager les responsabilités

Une politique Vision zéro vise à ce que personne ne soit tué ou blessé grièvement sur les routes. La Vision zéro reconnaît les limites d’une approche basée sur l’incrimination des comportements individuels, inévitablement faillibles. Par conséquent, la responsabilité première incombe aux concepteurs et aux gestionnaires des réseaux de transport qui doivent déployer des aménagements physiques qui diminuent l’exposition à des risques évitables.

Intervenir sur les rues achalandées

À Montréal comme dans les autres villes, la grande majorité des collisions, des blessés et des morts surviennent sur les routes comportant un volume élevé de véhicules. Par exemple, selon les rapports policiers, il y a eu près de 4000 personnes blessées sur la rue Sherbrooke de 2006 à 2015, incluant plus de 1100 piétons et cyclistes. Aux intersections montréalaises, le nombre de voies de circulation et la largeur de la chaussée sont associés au nombre moyen de piétons et de cyclistes blessés.

Pour sécuriser les déplacements à pied, il faudra nécessairement protéger les piétons sur les routes majeures où sont concentrés les points d’accès aux transports collectifs.

Il sera aussi difficile, voire impossible, de sécuriser les déplacements à vélo sans développer un réseau extensif et connecté de pistes cyclables – séparées des voies de circulation – sur les routes les plus achalandées.

Être proactif et intervenir systématiquement

« Prévenir » implique de ne pas attendre qu’il y ait un mort ou des blessés pour intervenir, surtout si des solutions efficaces sont déjà connues. Chaque projet de réfection routière est une occasion pour réaménager la chaussée, pour améliorer la sécurité.

Enfin, j’ajouterais que ce défi, qui se pose à toutes les villes d’Amérique du Nord, est colossal. 

Une perspective de santé publique vise à améliorer la sécurité, mais aussi à réduire les autres problèmes de santé liés au transport. Au XXIe siècle, la sécurité des déplacements et la mobilité des personnes ne doivent plus être subordonnées à la fluidité des véhicules automobiles.

* Direction régionale de santé publique de Montréal, Centre intégré universitaire de santé et de services sociaux du Centre-Sud-de-l’Île-de-Montréal

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