Cyclisme

« L’équipe
est dévastée »

La mort de l’Italien Michele Scarponi provoque une onde de choc

Après avoir absorbé le choc de la mort soudaine de Michele Scarponi, samedi matin, la première chose dont Gervais Rioux a voulu s’assurer est que le coureur italien n’avait pas été victime d’une défaillance de son matériel. L’homme d’affaires montréalais a rapidement compris que le capitaine de l’équipe Astana avait péri dans un accident bête et tragique.

« Il n’a eu aucune chance », a souligné Rioux, propriétaire d’Argon 18, fournisseur de vélos de la formation kazakhe, en entrevue téléphonique, hier.

Scarponi, 37 ans, s’est fait heurter par une camionnette au début d’une sortie d’entraînement alors qu’il se trouvait à une intersection, à 1 km de sa résidence, à Filottrano, dans la province des Marches, en Italie. Aveuglé par le soleil, le conducteur n’aurait pas vu le cycliste qui descendait.

Cette mort brutale a provoqué une onde de choc dans le peloton, au sein duquel Scarponi était une personnalité très appréciée depuis 15 ans. Vainqueur du Tour d’Italie de 2011 après la disqualification d’Alberto Contador pour dopage, le grimpeur s’est démarqué plus récemment comme lieutenant de Vincenzo Nibali, contribuant à ses victoires au Tour de France 2014 et au dernier Giro.

« C’était un chic type, toujours le sourire, pas tête enflée. Il y a des coureurs aimés du public, mais haïs des autres coureurs. D’autres sont haïs du public, mais aimés des coureurs. Lui, il était aimé des deux. C’est plus rare. »

— Gervais Rioux, propriétaire d’Argon 18

Le propriétaire d’Argon 18 avait rencontré Scarponi à trois reprises depuis le début de son association avec Astana, l’automne dernier. Il a partagé un repas et passé quelques heures avec lui lors de la présentation officielle de l’équipe, dans la capitale kazakhe, en décembre.

« C’était un peu le gars d’ambiance dans l’équipe, le capitaine, un gros morceau, a souligné Rioux. Lorsqu’il y a du découragement, ça en prend un pour remonter le moral de tout le monde. C’était lui. L’équipe est dévastée, je peux le dire. C’est un grand bouleversement. »

Marié, Scarponi était père de jumeaux de 6 ans. Il venait de remettre à chacun une réplique de son maillot de leader au Tour des Alpes, où il a gagné la première étape à Innsbruck, cinq jours avant sa mort. C’était sa première victoire depuis 2011, la première d’Argon 18 avec Astana.

Appelé à remplacer son coéquipier blessé Fabio Aru, Scarponi abordait avec enthousiasme son rôle de meneur pour le prochain Tour d’Italie, qui s’élancera le 5 mai. « J’avais hâte de le revoir, il était motivé, a dit Rioux, qui sera sur place. Il avait demandé que son vélo de contre-la-montre lui soit apporté pour son stage au mont Etna. Il prenait son rôle de leader au sérieux. »

L’homme d’affaires s’attend à retrouver un groupe en état de choc : « Je le connaissais peu et ça m’a fait quelque chose. Imagine les gars qui sont proches. Mais une personne comme lui, ce qu’il aurait souhaité, c’est que les gars continuent et qu’ils restent soudés, à son image. »

Au-delà de la course, la mort de Scarponi est aussi un dur rappel pour la communauté cycliste. « On n’est jamais assez prudent, a souligné Rioux, ancien champion canadien qui roule toujours. Mais même prudent, comment veux-tu prévoir l’imprévisible ? »

Des milliers de personnes ont visité la chapelle où le corps de Scarponi a été exposé, hier. Ses funérailles seront célébrées aujourd’hui à Filottrano, près d’Ancona.

Un service se tiendra au stade de football de la ville. C’est le cardinal d’Ancona, Edoardo Menichelli, qui officiera. Le président du Comité national olympique italien Giovanni Malago devrait y assister, ainsi que le président italien Renato Di Rocco et de nombreux coéquipiers et rivaux, notamment Aru et Nibali. Le directeur des ventes internationales d’Argon 18, Jeff Hammond, représentera l’entreprise montréalaise.

— Avec l’Associated Press

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