MUSIQUE

La puissance des fans

Derrière chaque chanteur se cache une fourmilière d’artisans. Toute une équipe qui travaille entre autres à augmenter le pouvoir médiatique de ses artistes. Une des clés du succès.

Les réseaux sociaux – surtout Facebook au Québec – ont une place bien importante pour préserver la fidélité des fans, mais aussi pour en accrocher de nouveaux.

« Qu’elle soit assurée par lui-même ou par son équipe de relations de presse, la présence d’un artiste sur les réseaux sociaux est essentielle, affirme Stéfane Campbell, l’un des responsables du développement de la carrière d’artistes chez Coyote Records (Karim Ouellet, Klô Pelgag, Alfa Rococo). La belle époque où les communications passaient par voie officielle est terminée. »

Il ajoute : « Instagram, Facebook, Twitter : ça défonce des barrières. Ça donne l’impression au public d’être près de l’artiste. Nous sommes loin de l’époque des fan-clubs où une équipe gérait tout et où l’artiste ne te répondait pas nécessairement. »

ÊTRE VUS ET ENTENDUS

Même son de cloche chez Roy et Turner Communications, derrière de nombreux artistes de la chanson dont Roch Voisine, Mes Aïeux, Éric Lapointe et Marie-Mai : « Avec le web, nous avons le monde au bout des doigts. Les gens peuvent écouter de la musique du monde entier. Pour attirer le public, il faut donc que nos artistes soient présents, vus et entendus. Ils ne peuvent plus se permettre de ne pas avoir cette visibilité sur les réseaux sociaux », explique Élisabeth Roy, présidente-directrice générale chez Roy et Turner communications.

« J’ai deux artistes que je ne nommerai pas, mais qui sont très connus et aimés. Malgré cela, je trouve qu’ils ne rayonnent pas assez. Comme cadeau de Noël, je leur ai donc offert une formation sur les réseaux sociaux avec un spécialiste. »

— Élisabeth Roy, PDG chez Roy et Turner communications

Une artiste qui compose bien avec les réseaux sociaux est Béatrice Martin (Cœur de pirate) : elle publie régulièrement des photos d’elle, de sa famille et parle de son quotidien. Exactement ce que plusieurs admirateurs aiment voir d’un artiste.

« Les gens suivent les artistes pour en apprendre sur leur vie, pour voir autre chose que ce qu’ils voient dans les magazines », dit l’attachée de presse de Cœur de pirate, Marianne Drolet-Paré.

ARMÉE D’ADMIRATEURS

Il y a aussi des avantages financiers à être un artiste médiatique.

« La visibilité sur les réseaux sociaux a un impact réel sur les ventes. J’ai déjà vu des salles qui étaient inquiétantes côté ventes ; or, grâce à des promos sur Facebook, nous avons sauvé les meubles », dit Stéfane Campbell de chez Coyote Records.

Justin Kingsley, consultant en créativité et stratégie, abonde. Celui qui a développé l’identité de marque de personnalités comme Georges St-Pierre, Sugar Sammy et le sommelier François Chartier explique l’importance pour une personne (ou une marque) d’avoir son armée d’admirateurs.  

« Les fans deviennent tes porte-parole les plus importants, puisqu’ils ne sont pas payés pour faire ça. »

— Justin Kingsley, consultant en créativité et stratégie

Le fait d’être doté d’un pouvoir médiatique ouvrira en outre des portes à ces vedettes. Par exemple, des entreprises vont vouloir s’associer à eux ou les commanditer. « Je vais prendre l’exemple de Georges St-Pierre. C’est un gars qui a 4 millions d’abonnés sur Facebook et 1 million sur Twitter. Ça devient un média comme La Presse. Des millions de personnes vont lire ses messages », dit Justin Kingsley.

Les réseaux sociaux ne sont toutefois pas la seule stratégie à adopter et la seule manière d’aller à la rencontre de ses fans. Bien au contraire.

« Jean Béliveau a donné une grande leçon : tu signes des autographes pour tout le monde, note celui qui est aussi chef de création du Canadien de Montréal et membre de l’équipe de l’émission télévisuelle 24CH. Que ce soit la reine d’Angleterre ou une personne que tu as rencontrée dans le métro, tu signes. Les gens disaient à son sujet que, lorsque tu le rencontrais, tu semblais être la seule personne au monde pour lui. »

Il conclut : « Prenons deux restos égaux, où la bouffe est égale. Chez l’un, tu es traité comme un membre de la famille et, chez l’autre, comme un membre du troupeau. Où vas-tu retourner ? »

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