L’exercice comme médicament
La littérature là-dessus est claire : quand un médecin fait une prescription d’exercice, ça a un effet bénéfique pour le patient. Ça fait augmenter son niveau d’activité physique, son état de bien-être, sa qualité de vie… Lorsque le médecin explique comme il le faut les bénéfices de l’activité physique à ses patients, l’adhérence après un an peut aller jusqu’à 50 %. C’est quand même significatif.
Autant que de vous prescrire des pilules si vous faites du diabète, parce qu’on sait que l’exercice physique peut prévenir une trentaine de maladies. Par exemple, quand un nouveau médicament pour le diabète sort, la vaste majorité des médecins sont enclins à le prescrire. L’activité physique est aussi bénéfique que prendre des médicaments dans des cas de diabète. Il faut bien me comprendre : je ne veux pas dire : « On lâche toutes les pilules et on fait du sport. » Ce que je veux dire, c’est que l’exercice est un adjuvant à la médication et peut permettre de prévenir le développement de maladies.
Non, et c’est pour ça qu’on fait cette campagne-là. Toujours selon la littérature, la formation dans le cours de médecine n’est pas optimale en ce qui a trait à la prescription d’exercice, à la connaissance de la physiologie de l’exercice, à l’entraînement musculosquelettique. Ça représente une très, très, très petite partie de la formation des médecins de famille.
Il y a toujours une question de perception. Souvent, quand vous parlez d’exercice à vos patients, ils se mettent à regarder au plafond ou par terre… Vous n’avez pas l’impression qu’ils vous écoutent. Par ailleurs, les médecins de famille ne sont pas assez outillés actuellement pour faire la prescription d’exercice. Il est clair qu’on pourrait donner une formation plus poussée là-dessus. Une nouvelle branche de la médecine – la médecine mode de vie – vise à amener les patients à changer leur mode de vie dans sa globalité : faire de l’activité physique, mais aussi mieux manger, mieux dormir, être moins stressé…
Leur expliquer les bénéfices de l’exercice. C’est assez hallucinant : ça réduit l’hypertension de 33 à 60 %, ça réduit les risques de diabète d’environ 50 %, ça diminue les incidences de maladie cardiaque, de cancer du côlon, ça diminue les risques de développer la maladie d’Alzheimer… Faire de l’exercice réduit le risque de mortalité de 30 %. C’est juste que les médecins, globalement, n’ont pas appris à l’utiliser dans leur pratique de tous les jours. Il y en a qui le font, mais ce n’est pas la majorité.
5 %
Seulement 5 % de la population canadienne suit les recommandations de 150 minutes d’exercice modéré par semaine (2011)
Il faut investir aujourd’hui dans la prévention si on veut en récolter les fruits dans 15 ans. Il faut le faire, parce que les coûts de santé vont exploser. Ça va devenir quasiment impossible de payer tout ça, alors qu’on peut, avec une bonne prévention, diminuer de beaucoup l’incidence de maladies chroniques. L’obésité, le diabète, la haute pression… Ce sont toutes des choses qui peuvent être prévenues par l’activité physique. Si un médicament fait cet effet-là, c’est sûr que je le prescrirais demain matin à tous mes patients. Et ce médicament-là existe : il s’appelle l’exercice.
30 milliards
Le fardeau de l’inactivité physique et de l’obésité se chiffre à 30 milliards de dollars par année aux États-Unis
Qui sont les médecins du sport et de l’exercice ?
Ce sont des médecins omnipraticiens qui ont fait une formation supplémentaire en médecine du sport et de l’exercice. L’Académie canadienne de médecine du sport et de l’exercice a conçu un examen d’agrément spécifique et normalisé. Au Québec, 120 médecins sont membres de l’Association québécoise des médecins du sport et de l’exercice.