Métaux

Une étiquette verte pour l’aluminium du Québec

Avec la certification de l’Aluminium Stewardship Initiative, l’aluminium produit au Québec aura un avantage concurrentiel qui pourrait lui permettre de se vendre plus cher que le métal produit ailleurs dans le monde.

« Il y a un potentiel pour une hausse du prix, a indiqué hier Alf Barrios, chef de la direction de Rio Tinto Aluminium, lors d’un entretien avec La Presse. Il est encore trop tôt pour le savoir, mais nous nous attendons à ce que la production d’aluminium responsable devienne de plus en plus importante pour nos clients. »

Les alumineries de Rio Tinto au Québec ont reçu la certification de l’Aluminium Stewardship Initiative, un organisme indépendant qui reconnaît les bonnes pratiques environnementales et sociales ainsi que la bonne gouvernance de l’entreprise, du début jusqu’à la fin de la chaîne de production.

Rio Tinto devient la première entreprise au monde à pouvoir afficher cette étiquette, au terme d’un audit de ses cinq alumineries au Saguenay, de même que de ses autres installations comme les centres de coulée, les infrastructures hydroélectriques et portuaires et de la mine de bauxite de Gove en Australie.

L’Aluminium Stewardship Initiative est un organisme de normalisation et de certification qui compte une soixantaine de membres. Des producteurs d’aluminium comme Rio Tinto en font partie, mais aussi des utilisateurs comme Apple, BMW, Nespresso et Audi. Ces clients accepteront-ils de payer une prime pour une matière première conforme aux meilleures pratiques environnementales et sociales ?

« Les clients veulent toujours payer moins cher, mais le monde évolue dans cette direction et les fabricants seront en mesure de démontrer leur engagement envers une chaîne d’approvisionnement durable. »

— Alf Barrios

Nespresso, qui est souvent la cible de critiques pour ses capsules de café à utilisation unique, est prête à le faire. « Nespresso est impatiente de s’approvisionner en aluminium certifié par l’ASI, preuve supplémentaire de notre profond engagement envers la durabilité », a assuré Daniel Weston, chef des affaires corporatives de Nespresso, lors de l’annonce de Rio Tinto.

Seules les installations de Rio Tinto au Québec pourront afficher le sceau de l’ASI. Son autre aluminerie canadienne, celle de Kitimat, en Colombie-Britannique, pourrait à terme l’obtenir, a indiqué Alf Barrios, comme d’autres installations de l’entreprise. « C’est un long processus et nous y allons progressivement », a-t-il dit.

Depuis 2016, Rio Tinto a déjà une marque, RenewAl, qui identifie ses produits à faible teneur en carbone. Ces efforts finiront un jour par être reconnus par le marché, souhaite l’entreprise.

Pas de changement dans les plans

Rio Tinto n’a pas l’intention de chambouler ses projets de développement en raison de l’incertitude engendrée par les tarifs sur l’aluminium et les sanctions imposés par le gouvernement américain au mégaproducteur russe Rusal.

L’aluminium canadien est exempté temporairement de ces tarifs. Il devrait le rester, estime Alf Barrios. « Nous sommes optimistes et nous pensons que le bon sens va prévaloir », a-t-il commenté, en ajoutant que le Congrès américain avait reconnu que l’aluminium canadien était important pour l’approvisionnement des États-Unis.

Pour le moment, les décisions américaines ont eu pour effet de faire augmenter le prix de l’aluminium sur le marché international, et Rio Tinto pourrait en bénéficier. Mais le patron de Rio Tinto Aluminium estime qu’il s’agit de mouvements de prix à court terme qui doivent être relativisés. « Il faut être prudent et voir comment la situation va évoluer », a-t-il dit.

La remontée du prix mondial de l’aluminium au-dessus de 2000 $US la tonne avait incité récemment Rio Tinto à réactiver ses projets d’expansion et à réinvestir dans ses installations au Saguenay.

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