Tout le monde en parle

Bernard Gauthier, les immigrants et les coiffeuses

Bernard Gauthier a-t-il fait le plein d’électeurs ou de détracteurs, hier soir à Tout le monde en parle ? Sûrement des deux, avec son parti pris pour les contribuables, ses idées sur l’immigration et sa manière archaïque de parler des femmes. Le représentant syndical se dit « souverainiste jusqu’à la moelle épinière », affirme ne pas suivre de ligne de parti et dit n’être ni de droite ni de gauche.

Vêtu d’un t-shirt et d’une chemise à carreaux, l’un des acteurs les plus flamboyants de la commission Charbonneau ne s’était pas mis plus chic pour aller chez Guy A. et n’avait pas raffiné sa pensée. C’est comme ça qu’il souhaite se faire élire aux prochaines élections, sous la bannière du parti Citoyens au pouvoir.

À certains moments, on avait l’impression de reculer de 50 ans. Il fallait voir la réaction de Magalie Lépine-Blondeau lorsqu’il parlait de ses barbecues où les gars discutent de politique, pendant que les femmes préfèrent « jaser de leur linge pis de leurs patentes ». Quand Guy A. a évoqué son passé de matamore, Bernard Gauthier a reconnu qu’il était généralement prompt, mais refuse le titre d’intimidateur. « Moi, je gère pas des coiffeuses », a-t-il dit. « Ouin, mais j’aimerais mieux parler de linge », a blagué plus tard Magalie Lépine-Blondeau.

Sur l’immigration, Bernard Gauthier ne s’est pas défilé, disant craindre l’arrivée massive de réfugiés. « On n’est pas à l’abri d’attentats », a-t-il dit, devant des invités médusés. La très bonne carte du fou du roi : « Si un jour quelqu’un tente à nouveau de vous faire l’amour par en arrière sans autorisation, appelez-moi, je connais des organismes qui pourraient vous aider. »

Par ses réactions, mais aussi par ses propos, Magalie Lépine-Blondeau mérite certainement l’étoile du match. Venue avec l’auteur Luc Dionne et son partenaire de District 31, Vincent-Guillaume Otis, l’actrice se dit heureuse d’incarner une femme ambitieuse, avec de l’envergure. L’excellente parodie de District 31 à la première de Votre beau programme n’a pas blessé les deux acteurs. C’est la première fois qu’ils se voyaient imiter, une sorte de consécration.

Vincent-Guillaume Otis compare le rythme de District 31 à un Iron Man. Il paraît très ébranlé en évoquant les actes d’intimidation dont a été victime son frère, qui vit avec une déficience intellectuelle. On nous a montré des images de Plan B, la minisérie de Séries+ dans laquelle Magalie partage la vedette avec Louis Morissette et qui s’annonce prometteuse.

On ne peut avoir que de l’admiration pour Marie-Ève Bédard, correspondante de Radio-Canada au Moyen-Orient. La journaliste admet avoir trouvé la série Homeland « farfelue », ayant du mal à reconnaître Beyrouth, dans les lieux comme dans la culture. Il a bien sûr été question de la Syrie et d’Alep, devenu méconnaissable. On parle de reconstruction, notamment des hôpitaux, mais avec un État aussi affaibli, ce sera difficile. « On pense toujours avoir touché le fond », affirme Marie-Ève Bédard, qui a cessé de faire des prédictions sur l’avenir de ce pays.

Pierre-Yves McSween a reconnu qu’il n’aurait pas été invité sur le plateau de Guy A. Lepage si Nathalie Petrowski n’avait pas répliqué dans La Presse à sa chronique intitulée « J’aurais voulu être un artiste ». Le comptable y traitait notamment des avantages fiscaux auxquels ont droit les artistes. « On écrit dans le même journal », a-t-il déploré, accusant Mme Petrowski de mauvaise foi et d’avoir déformé ses propos.

La chroniqueuse n’était pas là pour se défendre, mais Vincent-Guillaume Otis a exprimé son désaccord avec la position du comptable, rappelant que la plupart des artistes vivent pauvrement. On a vu quelques images d’une émission pilote tournée par Pierre-Yves McSween, qui a appris par Guy A. Lepage que son projet avait été accepté à Télé-Québec.

Le charme a opéré quand l’acteur et humoriste français Patrick Timsit s’est amené sur le plateau. Une semaine après les attentats de Charlie Hebdo, Timsit arrivait avec son spectacle On ne peut pas rire de tout. Un titre lourd de sens. Le soir de la tuerie au Bataclan, il s’est réfugié au sous-sol du théâtre où il jouait. Il a dû rayer de son spectacle un gag de terrasse dans les jours qui ont suivi, pour des raisons évidentes.

Il comprend la crainte de l’autre évoquée par Bernard Gauthier. Là où il n’est plus d’accord, c’est pour la fermeture aux immigrants. Il y aura toujours des profiteurs, « le gras de l’entrecôte ». « Est-ce qu’il faut supprimer l’entrecôte parce qu’il y a du gras ? » Sa réponse est non. La délicatesse avec laquelle il a amené son point de vue l’honore.

Il a été plus simple de retrouver la mère de Pascal Robidas à Macao, en Chine, que de réussir certaines enquêtes au Québec, a raconté Patrick Lagacé, qui coanime Deuxième chance avec Marina Orsini. Le duo permet à des gens de dire « merci » ou « pardon » à quelqu’un qu’ils ont perdu de vue. Sans donner de détails, Marina Orsini a admis que les enquêtes de l’émission n’aboutissent pas toujours. Le chroniqueur de La Presse n’a pas pleuré à la télé, mais admet s’être laissé aller au visionnement de presse. Guy A. a raconté s’amuser à lui texter des niaiseries, espérant qu’elles soient interceptées par les enquêteurs qui ont espionné le téléphone du journaliste. Je serais curieux de lire ça.

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