Procès de Lac-Mégantic

Pas encore de verdict

Après une deuxième journée de délibérations, le jury n’a pas encore rendu de verdict au procès criminel de trois hommes en lien avec le déraillement de train mortel survenu à Lac-Mégantic en 2013. Les 12 jurés ont commencé à discuter des possibilités de verdicts jeudi matin. Ils doivent rendre trois verdicts unanimes, un par accusé. En deux jours, ils n’ont pas non plus posé de questions au juge Gaétan Dumas, de la Cour supérieure, qui préside le procès depuis le 2 octobre. Le jury va poursuivre ses délibérations aujourd’hui et toute la fin de semaine si nécessaire. — La Presse canadienne

Analyse

En route vers les élections

QUÉBEC — Le premier jour de l’année, c’est lundi prochain. L’année politique, s’entend. Philippe Couillard, Jean-François Lisée et François Legault sont restés invisibles depuis décembre. Ils reprennent le collier dans les prochains jours, premier pas sur la piste de la dernière ligne droite, jusqu’aux élections générales du 1er octobre prochain.

Ces élections à date fixe constituent un changement de décor important. Jusqu’ici, le gouvernement avait l’avantage du terrain : c’est lui qui décidait du moment du rendez-vous avec les électeurs. Désormais, tout le monde voit la même piste d’atterrissage, mais les manœuvres d’approche sont bien différentes.

Du côté libéral, à neuf mois des élections, il reste beaucoup de travail à faire. Un embryon d’équipe électorale s’est réuni en novembre – essentiellement les attachés politiques prévisibles, le chef de cabinet Jean-Pascal Bernier, le responsable des communications Daniel Desharnais. Pour le parti, Sylvain Langis, le directeur, et Josée Lévesque, qui sera responsable de l’organisation. Un invité inattendu, Dany Renaud, un ancien conservateur venu au PLQ avec Jean Charest, patron de la firme de publicité Brad. Sébastien Lachaîne, un permanent, cherche des candidats. Mais les décisions restent à venir.

Au PLQ, on promet une nouvelle structure. Inévitable : par rapport aux élections de 2014, les principaux organisateurs, Christian Lessard et Pietro Perrino, ont tous deux décroché des postes de mandarins bien confortables au gouvernement, et il est bien peu probable qu’ils démissionnent pour enfiler de nouveau un chandail partisan.

Les cartons du PLQ ne débordent pas de projets, semble-t-il. Déjà l’improvisation transparaissait quand Philippe Couillard a sorti un lapin de son chapeau au congrès libéral de novembre, l’idée d’un lien rapide entre Québec et Montréal.

On coupera le ruban pour le prolongement de la ligne bleue du métro – pas de « pépines », mais des expropriations essentiellement, a déjà expliqué le ministre des Transports, André Fortin. Le cœur du programme gouvernemental tourne toujours autour de l’idée de donner plus de temps aux familles, d’allonger les vacances prévues aux normes minimales de travail. L’autre « grosse annonce » planifiée, le plan de lutte contre la pauvreté annoncé en décembre, n’a pas eu de répercussions dans l’opinion publique. Le budget sera un moment important. Déjà, le mini-budget de l’automne comportait des mesures populaires qui tomberont à la veille de la campagne électorale : de l’argent pour la rentrée scolaire et un allègement de la facture de taxe scolaire.

Du côté du PQ, Jean-François Lisée doit d’abord réconforter son équipe, ses députés, avant de songer à attirer les électeurs. Parti en France rapidement à la fin de la session parlementaire, il revient tout juste au Québec. Mais il a, indique-t-on, multiplié les coups de fil aux élus pour aiguillonner les troupes. Son premier obstacle sera un conseil national à la fin janvier, un test difficile si les sondages persistent à piquer du nez. Pour l’heure, on n’entend pas que des élus songent à tirer leur révérence, à ne pas solliciter de nouveau mandat. Une paraissait disposée, Nicole Léger dans Pointe-aux-Trembles. Lisée a offert cette circonscription sûre à Jean-Martin Aussant pour le convaincre de revenir en politique, mais Catherine, la conjointe de l’ancien péquiste de Nicolet, est d’un tout autre avis.

DEUX PARTIS, UNE CIBLE

Une alliance étonnante apparaîtra dans les mois qui nous séparent des élections : Philippe Couillard et Jean-François Lisée s’entendront pour mettre en joue la Coalition avenir Québec et démoniser son chef François Legault. Sitôt sa candidature éventée par La Presse, l’économiste Youri Chassin a été dépeint comme un tenant de l’extrême droite, qui attend son heure pour privatiser Hydro-Québec et la Société des alcools. Les ténors de Québec solidaire se mettront de la partie, tout comme, c’est prévisible, les leaders syndicaux. 

Sur le terrain, QS, galvanisé par l’élection de Valérie Plante à la mairie de Montréal, n’a que des circonscriptions péquistes dans sa ligne de mire. Hochelaga-Maisonneuve, celle de Carole Poirier, mais surtout Rosemont, fief du chef péquiste Lisée.

LE DÉFI DE L’ÉQUIPE

François Legault s’est fait discret depuis le début décembre. Son entourage souhaite le laisser le plus longtemps possible en réserve, conscient qu’une fois en piste, il ne pourra descendre de sa monture avant le 1er octobre. Plus souriant, il a devant lui le même défi qu’en 2018, démontrer qu’il est capable de rassembler une équipe crédible.

En coulisses à la CAQ, on dit se préparer depuis l’automne dernier sur les questions de contenu. Les positions seront connues avant la campagne électorale. De la même manière, on prévoit rendre publiques, régulièrement, des candidatures jusqu’au début de la campagne électorale. Ici, Legault fait face au même problème que ses deux adversaires : devant la possibilité assez tangible d’un gouvernement minoritaire, les candidats vedettes hésiteront longtemps à faire le saut, à monter dans une limousine dont la date de péremption est rapprochée. Sonia Lebel, ex-procureure de la commission Charbonneau, sera candidate en Montérégie. L’ex-député, très proche de Legault, François Rebello et l’ancien chef de cabinet de l’ADQ, Alain Sans Cartier, ont fait savoir qu’ils ne souhaitaient pas devenir candidats. Mais ils seraient probablement disponibles si un gouvernement Legault leur proposait des postes en vue.

Bien plus névralgique reste la capacité de François Legault à former une équipe économique. Youri Chassin était disponible, mais cela reste un universitaire plutôt qu’un entrepreneur. D’autres espoirs de Legault chez les gens d’affaires, Michael Fortier, Daniel Fournier ou Éric Girard, étaient impossibles à convaincre.

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