OPINION

AGRESSIONS SEXUELLES DANS L’ÉGLISE
Une douleur entendue

Nul ne peut être indifférent à l’épreuve qu’ont traversée les victimes de certains membres du clergé catholique ces dernières décennies. Ici comme ailleurs, des témoignages d’abus se sont multipliés et nous affligent tous, quelle que soit notre foi.

Comme archevêque, j’y vois un scandale d’autant plus grand que les agressions commises l’ont été principalement par des hommes en position d’autorité morale qui se devaient de vivre selon les plus hautes vertus évangéliques. On comprend qu’une telle situation dans l’Église ébranle la foi des croyants sincères et entache la confiance des citoyens envers notre institution.

En exprimant récemment sa honte et sa douleur, le pape François nous trace le chemin à suivre.

Le Saint-Père affirme que « considérant le passé, ce que l’on peut faire pour demander pardon et réparation du dommage causé ne sera jamais suffisant1 ». Il invite donc les évêques, les prêtres et l’ensemble des fidèles à tout mettre en œuvre pour que non seulement de telles situations ne se reproduisent plus jamais, mais aussi pour qu’elles ne puissent être dissimulées par qui que ce soit.

Faire la vérité

Partant du fait que les agressions sexuelles sont des fautes morales très graves et des crimes, nous devons jouer un rôle actif pour que les agresseurs ne trouvent pas refuge dans notre Église pour opérer dans le secret et penser s’y mettre à l’abri de la justice ecclésiale et civile.

Il faut donc passer de la parole au geste, en commençant par accompagner avec le plus grand soin une victime, dans son cheminement et ses démarches auprès des autorités policières.

Mais au-delà de cette quête de justice, nous soutenons le message clair que nous n’accepterons jamais que de tels crimes soient commis et restent dans l’ombre.

Il est navrant de constater que, trop souvent, la hiérarchie ecclésiale n’a pas su prévenir les agressions et en rectifier rapidement et efficacement les dérives. C’est pourquoi, il y a plus de deux décennies, l’Église canadienne s’est prononcée pour condamner les actes répréhensibles et prendre des mesures concrètes. Des lignes directrices nationales pour la protection des personnes mineures avaient alors été mises en place. « Cet automne, la Conférence des évêques catholiques du Canada lancera une édition mise à jour et enrichie de ces lignes directrices afin de promouvoir la protection des personnes mineures et d’accroître la responsabilisation et la transparence chez les responsables de l’Église. »2

Prévenir

Partout au pays, les évêques prennent la question très au sérieux. Ainsi, à Montréal, nous avons mis sur pied un service diocésain de pastorale responsable visant à assurer un environnement sain et sécuritaire au sein de l’Archidiocèse.

Cela nous a amenés à nous doter d’une politique stricte en matière de comportements abusifs de nature physique, psychologique ou sexuelle.

Sous ma direction, l’Archidiocèse de Montréal veut aller au fond des choses dans la recherche de la vérité et renouvelle son engagement à ce que toute personne qui fait appel à nous soit accueillie avec compassion et respect, puis guidée vers les autorités compétentes. Nous souhaitons ainsi contribuer humblement au processus de justice et de guérison.

En cela, nous nous conformerons aux paroles de Jésus : « Car quiconque demande reçoit, celui qui cherche trouve, et l’on ouvre à celui qui frappe. » (Matthieu 7, 8)

1 Lettre du pape François au Peuple de Dieu, 20 août 2018

2 Déclaration de la Conférence des évêques catholiques du Canada, 20 août 2018

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