Commotions cérébrales

Dryden à la défense des gardiens

Selon sa propre évaluation, Ken Dryden a subi deux commotions au cours de sa vie. La première à l’âge de 12 ans, alors qu’il jouait au football.

« Mon autre est survenue des années plus tard. Mon fils apprenait à faire de la planche à roulettes, et j’avais convenu que la meilleure façon de le lui montrer était d’apprendre à en faire moi-même. Parfois, on a ce qu’on mérite ! »

Le légendaire gardien n’a donc jamais subi de commotion en jouant au hockey. Ça ne l’empêche pas d’aller au front contre ce qu’il décrit comme l’« enjeu le plus critique auquel le sport fait face ». Hier, il faisait donc partie d’une brochette d’anciens joueurs de hockey, de football et de médecins qui participaient à l’événement Têtes hautes, organisé par l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal.

Pas besoin de revenir sur les progrès colossaux faits pour réduire le nombre de commotions cérébrales. Pour s’en convaincre, il suffit de regarder des vidéos d’une dizaine d’années des mises en échec les plus percutantes… le genre de coups que l’on ne voit plus – ou très peu – de nos jours.

Mais s’il y a un type de jeux dangereux que l’on voit encore, ce sont les collisions avec les gardiens. Les partisans du Canadien sont bien placés pour en parler, pour avoir vu Carey Price tomber au combat lors des séries 2014, sur une blessure à une jambe subie lors d’une collision avec Chris Kreider.

Et pour avoir vu ce même Price étêter Kyle Palmieri, des Devils, après une collision le mois dernier.

« À mon époque, les risques pour les gardiens venaient des rondelles et des bâtons, avance Dryden. Aujourd’hui, c’est de se faire foncer dessus par des adversaires. Un gardien, c’est très vulnérable. Tu te concentres sur la rondelle, tu n’es pas conscient des joueurs qui arrivent. Souvent, tu es sur les genoux. »

« Quelqu’un arrive au filet à vive allure, tu ne le vois pas venir et tu es vulnérable. C’est comme ça que les gardiens se blessent. »

— Ken Dryden

« Je suis convaincu que dans les prochaines années, ils vont se concentrer sur ce problème. Et ce ne sont pas que des blessures à la tête. Souvent, quand tu te fais frapper, tu es en papillon. Ça cause des problèmes aux genoux et aux hanches. »

Le cas Richter

Il était assez fascinant d’écouter Dryden déchirer sa chemise au sujet des commotions, même s’il n’en a jamais subi pendant sa carrière. Quelques minutes plus tard, Mike Richter tenait des propos nettement moins tranchants, même si sa brillante carrière a pris fin en raison des commotions.

Le 22 mars 2002, un banal tir de loin de Chris Tamer l’atteignait accidentellement à l’oreille, lui fracturant le crâne. « Un bête accident », se souvient l’ancien portier des Rangers de New York. Cette blessure avait alors mis fin à sa saison.

« Ma commotion était masquée par les autres problèmes. Je saignais de l’oreille, j’avais des étourdissements. J’en avais quand j’ai repris l’entraînement. »

— Mike Richter

« À l’époque, on pensait que c’était lié au sang qui circulait dans mon oreille. Mais le problème était sans doute plus grave. Je suis tout de même revenu au jeu, j’ai bien joué au camp, et c’était tout ce qui comptait. »

Son retour a finalement été de courte durée. Le 5 novembre 2002, il était victime d’une collision avec Todd Marchant. « C’était encore un accident, assure Richter. Il venait simplement pour un retour. Son genou a frappé ma tempe. J’ai déjà subi des coups plus forts, mais j’étais vulnérable parce que j’avais subi une commotion auparavant. »

On pourrait donc comprendre Richter d’être particulièrement vigilant au sujet des collisions avec les gardiens, même s’il n’en veut pas à Marchant pour sa dernière blessure. Mais il refuse d’aller aussi loin que Dryden dans son plaidoyer. Les attaquants qui foncent au filet, « ça fait partie du hockey », plaide-t-il.

« Il ne faut pas dénaturer le hockey, mais il faut aussi protéger les joueurs. Maintenant, il y a des médecins sur place pour détecter les commotions. Les joueurs ne demandent plus autant pourquoi ils sont tenus à l’écart du jeu. Ils le savent.

« La façon dont les Penguins ont pris en charge Sidney Crosby en est probablement le meilleur exemple. Ils n’ont jamais dit : “On est dans la course aux séries, peux-tu revenir dans une semaine ?” Ils ont pris leur temps, que ça prenne un mois ou un an. Si tu peux le faire pour le meilleur joueur au monde dans une course aux séries, ça en dit long sur les progrès qui ont été faits. »

La difficile retraite

Gardiens ou pas, Dryden estime quant à lui que la LNH doit en faire plus. Aller dans la bonne direction est une chose, mais la situation actuelle demande davantage.

« Regardez les joueurs qui, 5, 10 ou 15 ans après leur carrière, ont encore des symptômes. Et on ne parle pas des symptômes dramatiques que l’on voit après la mort, comme l’encéphalopathie traumatique chronique (ETC). Ce sont tous les autres symptômes, comme la dépression, l’anxiété, la difficulté à prendre des décisions. Quand tu y penses, ce n’est pas une très bonne vie à vivre.

« Alors quand un joueur prend sa retraite à 30, 35 ans, il a encore 50 ans à vivre. Veut-on vraiment vivre sa vie comme ça ? »

En bref…

La théorie Dryden

C’est classique, on dit souvent que le hockey est plus rapide que jamais, ce qui augmente le risque de commotion. Mais comment en sommes-nous arrivés là ? La savante théorie de Ken Dryden : « Si tu faisais une course entre le patineur le plus rapide des années 50 et celui d’aujourd’hui, l’écart ne serait pas si grand. La grosse différence, c’est qu’à l’époque, les présences duraient deux minutes. Maintenant, c’est 35 secondes. […] L’autre grand changement, c’est que le hockey canadien, jusque dans les années 90, était basé sur le porteur du disque. Tu faisais une passe seulement quand tu n’avais plus d’autre option. Dans le style européen, les joueurs sans la rondelle étaient plus importants que ceux qui l’avaient, car ils pouvaient patiner plus vite et aller dans les espaces libres. […] Le jeu est bien plus rapide quand il se déroule à la vitesse des passes, plutôt qu’à la vitesse du porteur du disque. Ça te force donc à écourter tes présences et tu dois être en meilleure forme, ce qui a changé l’entraînement hors glace. Ça a donné un sport plus rapide. »

Calvillo étonné

Il n’a pas été seulement question de commotions. Calvillo a en effet réagi aux nombreux changements apportés chez les Alouettes cet hiver, à commencer par la nomination de Kavis Reed comme directeur général. « Il y a plusieurs changements dans notre organisation, et on n’a jamais vécu rien de tel ici. Il est donc normal d’être surpris, non par la nomination de Kavis, mais par le nombre de changements, avec les départs de Jim [Popp], Joey [Abrams] et Mark [Weightman]. On était ensemble depuis 15 ans. Mais j’aurai toujours confiance dans les décisions des propriétaires. »

Bouchard absente

Outre Dryden, Richter et Calvillo, plusieurs autres athlètes étaient sur place hier. Chez les Alouettes, on comptait Nicolas Boulay et Martin Bédard, de même que les anciens Bruno Heppell et Tanner Marsh. L’ancien boxeur Otis Grant était également du nombre des invités. La joueuse de tennis Eugenie Bouchard devait également être présente, mais elle a annulé sa présence la veille, pour des raisons nébuleuses. Le joueur de ligne offensive des Chiefs de Kansas City Laurent Duvernay-Tardif a lui aussi raté l’événement, car il participe à la traversée de la Gaspésie en ski de fond.

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