trois VEDETTES POUR RÉINVENTER L’ÉCOLE
Pierre Thibault, Pierre Lavoie et Ricardo Larrivée ont obtenu un financement de 5 millions pour leur projet « Lab-école » dans le budget de mardi
QUÉBEC — Depuis sa nomination comme ministre de l’Éducation, Sébastien Proulx répète qu’il souhaite doter le Québec « des plus belles écoles du monde ». Trois leaders québécois dans leur champ d’expertise promettent de lui livrer un plan en ce sens d’ici un an.
Pierre Thibault, architecte de Québec, Pierre Lavoie, que l’on connaît pour son engagement envers l’activité physique, et Ricardo Larrivée, cuisinier à la notoriété établie, ont conjointement soumis un projet au ministre Proulx, idée reprise par le gouvernement Couillard.
Seuls des initiés en ont vu une trace dans le budget de Carlos Leitão, mardi – 5 millions par année sont prévus pour leur projet « Lab-école », afin de « développer les concepts de ces écoles » dont le Québec pourrait être fier. Aux Finances, on chuchote que le ministère de l’Éducation était resté plutôt discret sur ce projet. Le ministre Proulx comptait l’annoncer en avril, indique-t-on en coulisses. Québec compte voir des acteurs du monde des affaires associés à cette initiative, mais attend une confirmation de leur part pour une sortie publique.
« Il faut penser en dehors de la boîte », résume une source proche du projet. Les trois compères ne sont pas rétribués pour leur contribution. Ils « offrent de leur temps », assure-t-on à Québec. Les fonds prévus serviront à mettre en place un bureau et à assumer les coûts des déplacements – il faudra se rendre à l’étranger pour constater ce qui se fait ailleurs. L’architecte Pierre Thibault a maintes fois soutenu que le système québécois d’attribution de contrats l’empêchait d’avoir des mandats pour la construction d’écoles, la grille d’évaluation de Québec favorisant les professionnels qui en ont déjà fait. Germain Thibault, son frère, est le bras droit de Pierre Lavoie.
« Les gens ne sont pas là pour avoir des mandats, mais pour réfléchir avec le gouvernement sur ce que devrait être l’école du futur. »
— Une source proche du projet
L’école est souvent le premier bâtiment public avec lequel les enfants sont en contact. Leur perception de ce lieu est déterminante, croit-on. Actuellement, les professeurs sont forcés de fonctionner avec le bâti existant et le mobilier en place. Ce serait différent s’ils pouvaient intervenir, influencer leur cadre de travail.
« Il a été démontré que lorsque les lieux physiques qui accueillent les élèves sont bien aménagés, la réussite scolaire est favorisée », indiquent les documents budgétaires. Bonne luminosité, air sain, confort acoustique, aménagement bien adapté aux besoins scolaires facilitent la réussite. Le laboratoire « examinera les meilleures pratiques et les plus beaux exemples de réussite ».
La mission du laboratoire, « sera de concevoir un nouveau milieu de vie qui donne le goût aux enfants d’apprendre », affirme Québec dans les documents. En coulisses, on explique que le ministre Proulx s’attend à recevoir un rapport de ce groupe d’ici un an.
L’école du futur pourrait être ouverte aux parents, qui viendraient aussi apprendre. Les cafétérias pourraient comporter une serre urbaine, pour assurer une certaine autarcie alimentaire, rêve-t-on à voix haute. Dans des écoles scandinaves, l’espace où les enfants mangent sert aussi à l’apprentissage. Il permet d’apprendre à se nourrir correctement, mais aussi à socialiser. « C’est un lieu de partage, de création. »