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Économiser en s’attaquant au gaspillage alimentaire

Après les groupes Facebook permettant de partager de la nourriture, voilà que les supermarchés emboîtent le pas avec Flashfood, une application canadienne qui permet d’acheter au rabais dans les Provigo et Maxi participants des aliments dont la date de péremption approche – et ce, sans même devoir passer à la caisse. Nous avons testé le système.

Pour envoyer un signal d’abondance, les supermarchés débordent d’aliments et de produits attrayants.

Tous ne seront pas vendus ; certains sont donnés à des organismes locaux, alors que, dans bien des cas, ils sont malheureusement jetés.

Pour renverser cette tendance, une entreprise de Toronto a lancé Flashfood, une application pour téléphone intelligent qui permet d’acheter au rabais les légumes, les fruits, la viande et les autres produits dont la date de péremption approche. Nous en avons fait l’essai dans un supermarché de Montréal.

4000 $ en nourriture

L’idée de départ est simple : faire la promotion des produits dont la vie utile en magasin arrive à sa fin, explique Cedric Samaha, chef des opérations chez Flashfood.

« L’idée est venue à mon partenaire Josh Domingues, il y a quelques années, quand sa sœur, qui travaillait pour un traiteur de Toronto, l’a appelé pour lui dire qu’on venait de lui dire de jeter pour 4000 $ de nourriture. Elle était bouleversée. »

— Cedric Samaha

Avant de travailler pour Flashfood, M. Samaha savait que le gaspillage alimentaire était un problème, mais il en ignorait l’ampleur. « Entre 30 et 40 % des aliments produits dans le monde chaque année sont jetés. Et si le gaspillage alimentaire mondial était un pays, il serait le troisième producteur de gaz à effet de serre en importance, derrière la Chine et les États-Unis. C’est vraiment choquant. »

L’utilisation de l’application est très intuitive : on choisit d’abord sur une carte Google le supermarché Provigo ou Maxi que l’on aimerait visiter. Ensuite apparaît une liste de produits disponibles au rabais, avec leur date de péremption, qui peut aller du jour même à quelques jours plus tard.

On ajoute le produit désiré à son panier virtuel et on conclut la transaction dans l’application, où l’on a préalablement enregistré son numéro de carte de crédit. Il suffit ensuite d’aller au supermarché pour récupérer ses aliments : ceux-ci se trouvent près du comptoir de service, sur une étagère ou dans un réfrigérateur identifiés aux couleurs de Flashfood.

Pour récupérer les articles, il suffit de montrer l’onglet « ramassage », situé dans l’application, au préposé du supermarché. « Les gens peuvent entrer et directement aller chercher leur produit dans la section Flashfood, ou bien ils peuvent faire leur épicerie et tout simplement récupérer les produits achetés sur Flashfood avant de sortir », explique M. Samaha.

Dans notre premier essai, nous avons rapidement pu acheter deux boîtes de barres granolas dont la date de péremption était dans 10 jours, pour 1,49 $, soit un rabais de 50 % sur le prix ordinaire, et une boîte de légumes variés, dont la date de péremption était le jour même, pour 8,49 $, soit aussi un rabais de 50 %.

Quelques jours plus tard, nous avons pu acheter deux paquets de saucisses au porc dont la date de péremption était le lendemain. Chaque paquet coûtait 2,80 $ au lieu de 4,00 $, soit un rabais de 30 %.

Dans nos essais, nous avons trouvé très pratique le fait que les aliments soient déjà prêts pour le ramassage. Pas besoin de sillonner les allées du supermarché ni d’attendre pour passer à la caisse.

Nous avons également été surpris par l’offre : on y retrouve des produits que l’on n’associe pas a priori aux dates de péremption, comme du shampoing, du dentifrice, du savon, des épices, de l’huile végétale et des sacs à ordures. Cela dit, on ne peut quand même pas faire son épicerie avec cette application – et ce n’est pas le but. L’utilisateur régulier, qui est prêt, par exemple, à consommer les produits le jour même ou le lendemain, y trouvera certainement son compte.

En avoir plus

Quel est le profil de l’utilisateur-type de Flashfood ? « Au départ, nous pensions que l’utilisateur-type allait être l’étudiant ou le jeune travailleur qui paie un bon montant pour son loyer en ville et qui est bien content d’acheter des aliments moins chers, dit M. Samaha. Or, parmi nos clients, nous avons beaucoup de parents et aussi des mères de famille monoparentale qui ont un budget serré. Beaucoup de personnes à la retraite utilisent aussi l’application, car elle leur permet d’en avoir plus pour leur argent. »

La question de l’offre est bien sûr importante dans un nouveau système comme celui-là, et après plus de deux ans de travail, Flashfood a réussi à créer des alliances-clés. Depuis ce mois-ci, Flashfood est présente dans 113 supermarchés Maxi et 25 supermarchés Provigo dans tout le Québec. D’autres supermarchés pourraient décider de participer au programme.

Flashfood dit que la plateforme a permis à la vaste majorité des produits annoncés dans l’application d’être vendus. Les clients, eux, ont payé en moyenne 50 % des prix ordinaires.

En plus de travailler à étendre son réseau, l’entreprise veut créer une version de son application destinée aux banques alimentaires. « Actuellement, les supermarchés et les banques alimentaires sont en contact par téléphone, et ce n’est pas optimal. On aimerait les intégrer dans l’application. »

SUR LE RADAR

Terre-Neuve interdit les sacs en plastique

Terre-Neuve-et-Labrador a annoncé la semaine dernière qu’elle deviendrait la deuxième province canadienne à interdire, d’ici de 6 à 12 mois, les sacs en plastique dans les magasins et les points de vente au détail. L’Île-du-Prince-Édouard a adopté en juin dernier une interdiction similaire, qui entrera en vigueur le 1er juillet. Selon Terre-Neuve-et-Labrador, des consultations publiques ont révélé que 87 % des personnes interrogées étaient en faveur d’une interdiction. Selon Greenpeace Canada, les Canadiens produisent environ 3,25 millions de tonnes de déchets en plastique chaque année, ce qui, selon le groupe environnemental, pourrait remplir 140 000 camions à ordures.

— d’après La Presse canadienne

Le chiffre

335 milliards de tonnes

Quantité de glace perdue chaque année dans le monde, ce qui représente environ trois fois le volume de glace stocké dans les Alpes européennes, selon une étude publiée la semaine dernière dans Nature. Les quelque 4000 glaciers alpins, par ailleurs, risquent de fondre à plus de 90 % d’ici 2100 si rien n’est fait pour réduire les émissions de gaz à effet de serre responsables du réchauffement climatique.

— Agence France-Presse

« Flygskam »

Expression suédoise à la mode décrivant « la honte de prendre l’avion ». Le Flygskam traduit le sentiment de culpabilité face aux effets environnementaux néfastes du transport aérien qui contribuent au réchauffement de la planète. De plus en plus de Suédois, souvent jeunes, choisissent notamment le train au détriment de l’avion afin d’alléger leur empreinte carbone. Pionnière en la matière, l’adolescente Greta Thunberg, instigatrice de la « grève de l’école pour le climat », s’est rendue en janvier dernier de Stockholm au Forum économique mondial de Davos, en Suisse… après un voyage de 32 heures en train.

— Agence France-Presse

« Il n’y a pas de miracle, mais beaucoup de travail. »

— Santiago Esteban, propriétaire de 600 ruches dans la province de Matanzas, à Cuba. Si les abeilles souffrent de l’effet de l’agriculture intensive et des maladies, celles de Cuba ont bénéficié de l’effondrement de l’Union soviétique qui fournissait à l’île des milliers de tonnes de pesticides, fertilisants et herbicides. Quand cet apport a subitement cessé, Cuba n’a pu faire autrement que de développer des solutions de rechange naturelles, ce qui a réduit à presque zéro le recours aux produits chimiques.

— Agence France-Presse

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