idées d’ailleurs

La France interdira le téléphone cellulaire à l’école

Apporter ou pas son téléphone cellulaire à l’école ? Même si les institutions balisent généralement les moments où les élèves ont le droit d’utiliser leur appareil, les règles sont parfois difficiles à faire appliquer. En France, le gouvernement souhaite adopter la manière forte.

Le problème

Des élèves accros à leur téléphone cellulaire, même à l’école.

La solution

En France, le gouvernement veut carrément interdire les téléphones cellulaires dans les écoles et les collèges dès la rentrée 2018.

Comment l’idée est-elle née ?

En France, les téléphones cellulaires qu’apportent à l’école les élèves doivent, selon le « code de l’éducation », rester éteints non seulement en classe, mais aussi dans les corridors, à la cafétéria et pendant la récréation. Or, plusieurs enseignants français dénoncent le fait que ces appareils sont devenus un « fléau » et que leur utilisation est impossible à contrôler.

En campagne électorale, le président français Emmanuel Macron avait promis d’y voir. Et la semaine dernière, son ministre de l’Éducation a confirmé qu’il maintenait le cap : les téléphones cellulaires seront interdits dans les écoles et les collèges dès la rentrée 2018.

Encore beaucoup de questions sans réponses

Il s’est toutefois gardé de donner des détails quant à la manière d’appliquer cette future interdiction.

Que devront faire les professeurs des téléphones cellulaires que les élèves récalcitrants apporteront avec eux en classe ? Où devra-t-on ranger les appareils ? Autant de questions qui restent en suspens. « Nous sommes en train de travailler sur cette question pour les modalités », a précisé le ministre de l’Éducation Jean-Michel Blanquer.

« Parfois vous pouvez avoir besoin du téléphone portable pour des usages pédagogiques, […] pour des situations d’urgence, donc il faut qu’ils soient en quelque sorte confinés », a déclaré Jean-Michel Blanquer, qui avait évoqué plus tôt cette année l’utilisation de « casiers qui ferment » pour que les élèves puissent ranger leurs téléphones.

Le ministre Blanquer a également pris position sur l’utilisation des écrans, et pas seulement dans un cadre scolaire. Il a estimé qu’il est bon que les enfants « ne soient pas trop, voire pas du tout, devant les écrans avant l’âge de 7 ans ».

Les syndicats d’enseignants sceptiques

En entrevue au journal Le Monde, des représentantes de syndicats d’enseignants ont estimé que cette mesure serait extrêmement difficile à appliquer dans les écoles, notamment parce que les enseignants n’ont pas le droit de fouiller les élèves ni même de confisquer un objet s’il n’est pas considéré comme dangereux.

Sources : Le Figaro, Libération, Agence France-Presse

L’avis de l’experte

Au Québec, cette idée devrait être… rejetée

Danielle Boucher, présidente de l’Association québécoise du personnel de direction des écoles (AQPDE)

L’association que représente Mme Boucher – et qui regroupe plus de 660 directions d’établissements scolaires, de centres de formation professionnelle et d’éducation des adultes répartis dans une douzaine de commissions scolaires – a déjà réfléchi à la question des téléphones cellulaires à l’école.

« Cette réflexion, on l’a faite et je ne reviendrai pas en arrière. On s’est dit : oui, pourquoi pas, si le cellulaire est utilisé en classe dans un objectif pédagogique ? C’est à l’école de décider avec son équipe : est-ce qu’ils sont à l’aise à ce que les élèves possèdent un cellulaire dans l’école ? Au secondaire, la majorité des élèves en ont un. Si on voulait appliquer une telle mesure, ça prendrait un détecteur de cellulaire, on s’entend. »

« Je fais confiance aux gens qui travaillent dans les écoles pour réfléchir à la question. De plus en plus d’enseignants l’utilisent comme outil. Notre positionnement, c’est de dire que ça fait partie des règles d’une école, et c’est à une école de se poser la question et d’éduquer à un comportement responsable. C’est beaucoup plus ça qui m’interpelle : quand on dit non, on n’éduque pas. »

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