Troubles alimentaires

Comprendre le rétablissement

Les plus récentes données envoient un message positif : les études qui suivent sur de longues périodes des gens avec des troubles de l’alimentation démontrent que plus on avance dans le temps, plus la proportion des gens qui se rétablissent est grande. Conclusion : avec de la patience, si on y croit, on peut s’en sortir.

Le trouble alimentaire est une maladie mentale caractérisée par une préoccupation excessive du poids, de l’alimentation, de l’image corporelle et du contrôle de ces trois choses. Pour Howard Steiger, psychologue, chef du programme des troubles de l’alimentation à l’Institut Douglas et professeur titulaire en psychiatrie à l’Université McGill, il n’y a aucun doute que l’on peut en guérir.

Le psychologue estime que plus de la moitié des personnes se rétablissent entièrement à la suite d’une intervention à court terme, tout en se faisant rassurant pour la seconde moitié. « Pour les autres, cela signifie qu’il faut essayer d’autres méthodes et prendre davantage son temps, explique-t-il. Mais on s’en sort quand même, même si l’approche est différente. »

Plus l’intervention est précoce, meilleures sont les chances d’arriver à un rétablissement. Néanmoins, on ne peut pas forcer quelqu’un à surmonter son trouble.

« Ce n’est pas réaliste de penser que la première intervention sera efficace pour tous les individus. »

— Howard Steiger, psychologue

« Si ça ne fonctionne pas, ce n’est pas un échec, c’est dans la nature même du trouble de nécessiter plusieurs essais. Et parfois, il faut évoluer, gagner en maturité et régler d’autres choses avant de pouvoir s’en sortir », poursuit le professeur.

MIEUX COMPRIS

Howard Steiger travaille auprès de gens atteints de troubles alimentaires depuis une trentaine d’années. Il se dit encouragé par l’évolution des traitements. Le trouble alimentaire n’est plus vu comme une faiblesse de caractère ni comme l’expression d’un échec de la part des parents. 

« On comprend maintenant qu’il y a des dimensions génétiques qui démontrent que ce sont de véritables vulnérabilités physiques activées par des expériences concrètes dans l’environnement, souligne Howard Steiger. Au lieu de blâmer les personnes atteintes ou leurs parents, cette conceptualisation humanise le processus. »

Expliquer le trouble alimentaire

La Semaine nationale de sensibilisation aux troubles alimentaires, du 31 janvier au 6 février, est organisée conjointement par Anorexie et boulimie Québec (ANEB) et la Maison l’Éclaircie. Elle contribue à démystifier la maladie et tend la main aux personnes atteintes et à leurs proches.

Le trouble alimentaire a une fonction ; c’est une forme de stratégie d’adaptation à quelque chose. « Dans la démarche thérapeutique, on veut trouver d’autres outils pour accomplir ces fonctions. Les comportements alimentaires demeurent une option, mais on développe d’autres outils plus intéressants », explique Marilène Dion, coordonnatrice clinique chez ANEB Québec, qui offre de l’aide et du soutien aux personnes souffrant d’anorexie et de boulimie.

Durant la semaine de sensibilisation, des activités sont organisées partout au Québec. Rappelons que de nombreuses personnes vivent en silence un trouble alimentaire, prisonnières de cette spirale. Cette semaine de sensibilisation leur rappelle qu’il y a des ressources, que des équipes sont prêtes à les aider.

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