Résidences secondaires

Boum en vue pour les minichalets

Pour profiter d’une maison de campagne sans se ruiner, pourquoi pas un minichalet à miniprix ?

LA TENDANCE DES MINIMAISONS

« Le phénomène des minimaisons, ou tiny houses en anglais, est né aux États-Unis au début des années 2000, mais c’est vraiment en 2008, pendant la crise immobilière, que le mouvement a explosé », explique Gabriel Parent-Leblanc, président d’Habitations MicroÉvolution, première entreprise de construction et d’assistance à l’autoconstruction de minimaisons sur roues au Québec, qui a d’ailleurs passé l’hiver dans la sienne. « Et ici, au Québec, on s’attend à un gros boum dans les mois qui arrivent, poursuit-il. L’intérêt est grand et des dizaines de personnes se sont déplacées pour découvrir notre maison modèle lors d’une visite publique. »

POURQUOI ?

« La question économique est clairement la première raison que les gens qui s’intéressent à ces maisons avancent », estime Maxime Robillard, fondateur du blogue Mini-Maison Québec. Vivre dans un espace réduit permettrait d’économiser sur l’achat de la propriété, sur les coûts énergétiques, sur l’entretien. Et il n’y a pas d’espace pour accumuler meubles et vêtements superflus. Mais au-delà de ça, c’est aussi un mode de vie. « Les gens souhaitent réduire leur impact sur l’environnement. Et vivre dans une petite maison offre aussi une certaine liberté. Moins chère qu’une maison traditionnelle, les gens ont plus de temps et plus d’argent pour faire d’autres choses comme s’impliquer dans une cause sociale, faire du bénévolat. »

RÉSIDENCE SECONDAIRE OU RÉSIDENCE PRINCIPALE

« Pour le moment, en règle générale, les personnes qui achètent ou sont intéressées par des minimaisons comptent l’utiliser comme résidence principale dans environ 75 % des cas, avance Maxime Robillard. C’est notamment le cas des plus jeunes, qui sont souvent de premiers acheteurs, et des retraités. » Les minichalets attirent aussi les clients dans la quarantaine ou la cinquantaine. « Ils pensent à le louer ou à l’installer sur le terrain qu’ils ont déjà. » Ce qui permet, par exemple, d’ajouter une chambre d’amis à leur chalet existant.

SUR ROUES OU SUR FONDATIONS

Les minimaisons se déclinent sous deux formes : les minimaisons sur roues et celles sur fondations. Les minimaisons sur roues mesurent traditionnellement de 2 à 2,5 mètres de largeur et de 4 à 7 mètres de long, avec une superficie de 10 à 20 m². Celles sur fondations ou pieux peuvent être un peu plus grandes. Si toutes les minimaisons ne se ressemblent pas, elles sont pour la plupart composées d’une pièce ouverte qui fait office de salon, de bureau et de cuisine, et d’une salle de bains, auxquelles s’ajoute souvent une mezzanine qui sert de chambre.

ACHETER UN MINICHALET

Le mouvement est récent et il y a peu ou pas de minimaisons sur le marché de la revente. On peut malgré tout se tourner vers de petites maisons. « Dans les années 60 et 70, de nombreuses petites maisons ont été construites, dit Maxime Robillard. Mais souvent, les fondations sont fissurées, le terrain est trop petit pour refaire l’installation septique aux normes actuelles, l’isolation est à refaire et ces petites maisons ont pris de la valeur. Il est souvent plus avantageux d’acheter neuf ou de construire soi-même. Et profiter d’une division de la maison plus actuelle, à aire ouverte et avec du mobilier à double fonction. » Pour acheter une minimaison ou un minichalet, il faut compter entre 30 000 et 100 000 $ selon qu’elle est sur roues ou fixe et en fonction d’éventuels éléments additionnels comme un panneau solaire.

OÙ L’INSTALLER ?

Comme le phénomène est nouveau, trouver un endroit où installer son minichalet peut être un véritable casse-tête. Les minimaisons sont pour le moment dans une zone grise entre roulottes et maisons. « Chaque municipalité a son propre règlement, explique Maxime Robillard. Les minimaisons sur roues sont souvent considérées comme des roulottes. À certains endroits, vous aurez le droit de l’entreposer dans votre cour arrière, mais ne pourrez pas l’utiliser ou seulement un certain temps par année ou par mois. Pour celles avec fondations, la superficie minimale autorisée pour une maison est souvent bien supérieure à celle d’une minimaison. Les municipalités ne connaissent pas encore ça, mais elles n’auront pas le choix de s’adapter. » Et pourraient même avoir intérêt à le faire. « Elles reçoivent de plus en plus de questions à ce sujet, et pour les secteurs dévitalisés, d’où la population part, c’est une bonne stratégie pour attirer du monde et éventuellement prélever des taxes », estime Gabriel Parent-Leblanc.

AVANT D’ACHETER

Il faut bien planifier avec de se lancer dans l’aventure. « Il faut faire attention à l’orientation de la maison, conseille Gabriel Parent-Leblanc, pour profiter de l’énergie solaire passive. » En dirigeant par exemple les fenêtres vers le sud. Mais avant toute chose, le plus important est de s’assurer d’avoir un endroit où poser son minichalet avant l’achat et faire du porte-à-porte auprès de plusieurs municipalités pour ne pas risquer d’être dans l’illégalité. À l’heure actuelle, quelques municipalités accueillent ou accueilleront d’ici peu sur une partie de leur territoire des minimaisons, notamment Lantier, dans les Laurentides.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.