Quel rôle pour les jeunes ?

Le calendrier préparatoire est déjà un souvenir lointain pour Nick Suzuki et Cale Fleury.

Les choses peuvent changer vite…

Cinq matchs seulement ont été disputés et déjà, le calendrier préparatoire est un souvenir bien lointain. Pour s’en convaincre, il suffisait d’observer l’entraînement du Canadien, hier.

Cale Fleury patinait en compagnie de Mike Reilly, au sein du quatrième duo. Ces deux défenseurs ont été laissés de côté samedi. Pour Fleury, c’était un troisième match de suite dans les gradins. La séquence pourrait se prolonger à quatre ce soir, avec la visite du Lightning de Tampa Bay.

Regardons maintenant les attaquants. Les trios sont identifiés par des chandails aux couleurs distinctes. Or, ils sont quatre vêtus de gris : Jonathan Drouin, Jesperi Kotkaniemi, Joel Armia et Nick Suzuki. C’est finalement Suzuki qui est en trop ; il alternera ensuite avec Kotkaniemi au centre de ce trio.

Ce qui ne signifie pas pour autant que Suzuki sera rayé de la formation ce soir. Son sort dépendra notamment de Nick Cousins, blessé au dos depuis le début de la saison. Cousins semble prêt à revenir au jeu, mais l’entraîneur-chef Claude Julien n’a pas voulu le confirmer.

Qu’ont en commun Fleury et Suzuki ? Ils ont fait tourner les têtes au camp, tant et si bien qu’ils étaient possiblement les meilleurs joueurs du Canadien pendant que les vétérans démarraient très lentement la machine. Les choses changent vite au hockey, et en voici une preuve.

Le cas de Suzuki

À la différence de Fleury, qui compte une année d’expérience dans la Ligue américaine, Suzuki tente de faire le grand saut entre les rangs juniors et la Ligue nationale.

Chez les attaquants du Canadien, seul Max Domi a fait un bond comparable. Après une fructueuse campagne de 102 points à l’âge de 19 ans à London, il s’est joint aux Coyotes de l’Arizona et y a amassé 52 points en 81 matchs.

Brendan Gallagher, lui, a fait le saut chez les professionnels pendant que la LNH était paralysée par un lock-out à l’automne 2012. Une fois le conflit de travail réglé, en janvier, il a été rappelé et n’est plus jamais retourné « en bas ». Mais ses 36 matchs avec les Bulldogs de Hamilton lui ont permis une transition en douceur, même s’il avait dominé à sa dernière saison junior.

Gallagher est donc bien placé pour comprendre le défi auquel Suzuki fait face.

« C’est un gros ajustement. Tout arrive plus rapidement, et à un meilleur niveau. J’ai passé quelques mois à Hamilton, et les entraîneurs passaient beaucoup de temps à enseigner, ce que tu n’as pas vraiment dans la LNH. »

— Brendan Gallagher

« Quand on m’a rappelé, il y avait plusieurs bons vétérans dans le vestiaire qui m’aidaient. Brandon Prust en faisait partie. J’ai souvent parlé de Josh Gorges. Je m’inspirais beaucoup de Brian Gionta, car je pouvais m’inspirer de sa façon de jouer. Je pouvais lui parler pendant les matchs si j’en arrachais avec quelque chose. »

À cet effet, Suzuki assure avoir lui aussi de l’aide des plus vieux. « Phil [Danault], Shea [Weber], Max [Domi], Drou [Jonathan Drouin], Tuna [Tomas Tatar], tous ces gars me disent de continuer, de travailler fort. J’ai montré à quel niveau je peux jouer et je pense qu’ils voient ce que je peux accomplir. »

Malgré cette aide, Suzuki tarde à se mettre en évidence comme il le faisait pendant le calendrier préparatoire. En cinq matchs, il compte une mention d’aide, pas de but, et seulement cinq tirs, malgré un temps d’utilisation raisonnable (moyenne de 14 min 29 s par match) et des présences en avantage numérique. Par conséquent, il a glissé du deuxième au quatrième trio, et voilà qu’il est menacé d’être dans les gradins ce soir.

« Claude a vraiment insisté pour que je joue à un rythme élevé. Je l’ai fait au camp, mais je pense qu’à mes premiers matchs de saison, je regardais un peu trop passer l’action, a admis Suzuki. Je devais m’impliquer davantage, défier les adversaires. Ça va mieux depuis deux matchs. […] Le dernier match était mon meilleur. »

Reste à voir si son entraîneur le verra de la même façon. S’il tient réellement à donner un premier match à Cousins, Suzuki pourrait aussi être le joueur retranché « par défaut », car on le voit mal exclure Nate Thompson, qui accomplit du bon boulot, ou Paul Byron, un adjoint au capitaine qui était assis dans la première rangée hier pour la photo d’équipe.

Le cas de Fleury

Fleury, lui, n’a pas joué depuis maintenant 10 jours. Son remplaçant Christian Folin n’a pourtant rien cassé en trois matchs. Mais compte tenu de la formation à l’entraînement d’hier, compte tenu du fait que Julien a laissé entendre ne pas trop vouloir toucher à son groupe qui a signé une belle victoire samedi, on peut douter des chances de Fleury de revenir au jeu ce soir.

Or, il sera intéressant de voir la décision que prendra l’organisation. Le Rocket dispute trois matchs en quatre jours à Laval, soit demain, vendredi et samedi. Tant qu’à condamner le jeune homme à regarder des matchs du haut de la passerelle, ne vaudrait-il pas mieux qu’il joue un rôle important au sein du club-école ?

« Au bout du compte, j’ai besoin de jouer. C’est pourquoi je suis ici. Si ça doit se passer à Laval, j’irai et je tenterai de revenir le plus vite possible. Toute expérience sera bonne pour moi. »

— Cale Fleury

« On sait qu’on peut l’envoyer à Laval et le rappeler. C’est le bon côté avec les joueurs qui n’ont pas besoin de passer par le ballottage quand le club-école est proche », a souligné Julien.

Il sera donc intéressant de voir comment Bergevin gérera cette situation. Car si Julien persiste à préférer Folin à Fleury, le dossier tombera dans la cour du DG.

Avec Fleury dans les gradins, Suzuki qui se bat pour sa place et Ryan Poehling à Laval, le grand virage jeunesse tant attendu par les partisans ne semble plus aussi imminent qu’il y a un mois.

Lightning de Tampa Bay

Pour éviter le fiasco

D’un côté, le Lightning de Tampa Bay a égalé le record de l’histoire de la LNH en signant 62 victoires la saison dernière. D’un autre côté, il a été sèchement balayé en quatre matchs au premier tour des séries éliminatoires.

Avec un groupe dont le noyau est essentiellement resté intact, on peut se demander dans quel état d’esprit on aborde la saison.

C’est visiblement sous le signe de la lucidité, n’est-ce pas, Ryan McDonagh ?

« Il faut changer des choses, car au bout du compte, ça n’a pas fonctionné. Oui, on a connu une excellente saison, mais une excellente saison ne garantit rien quand viennent les matchs importants. Si on arrive avec la même approche qui n’a pas fonctionné la saison dernière, c’est la première étape vers l’échec. »

Intensité au menu

Pour ajouter au besoin de changer des choses, le Lightning ne connaît pas un départ à la hauteur des attentes. L’équipe présente une fiche de 2-2-1. Une des trois défaites a été subie aux mains des Sénateurs d’Ottawa, qui ne sont pas exactement une puissance cette saison.

Après avoir donné congé à ses hommes dimanche, l’entraîneur-chef Jon Cooper a organisé un entraînement des plus intenses hier au Centre Bell, incluant notamment un exercice de jeu à deux contre deux en espace restreint.

« C’est dur de complètement changer notre identité, parce qu’on a tout de même connu du succès l’an dernier, a rappelé Cooper. La saison n’a pas fini de la façon souhaitée, donc on doit ajouter des choses pour être plus forts, plus compétitifs. Mais ça se fait au quotidien. On l’avait contre Toronto jeudi dernier, mais on ne l’avait plus deux jours plus tard [à Ottawa]. »

Cette défaite à Ottawa a semblé avoir laissé un goût particulièrement amer. «  Il nous manquait un peu de travail contre les Sénateurs, donc on a travaillé là-dessus aujourd’hui [hier]. On a patiné beaucoup », a dit l’attaquant Mathieu Joseph.

Les attentes

Aucun doute : les attentes demeurent élevées à l’égard du Lightning. Après tout, l’équipe compte dans ses rangs le dernier gagnant des trophées Hart et Art-Ross, Nikita Kucherov, le gagnant du Vézina, Andrei Vasilevskiy, de même que Victor Hedman, candidat année après année au trophée Norris. Le plus vieux de ce trio d’élite, Hedman, n’a que 28 ans…

Mais Joseph se braque quand on lui parle d’attentes.

« Ça, c’est vous autres, les attentes élevées ! C’est dans notre équipe qu’on a des attentes, a lancé le Québécois. On ne se base pas sur ce qui se dit à l’extérieur, sur Twitter. Oui, on veut gagner des matchs, mais on veut gagner de la bonne façon.

« L’an passé, on a 62 victoires, dont peut-être 10 en prolongation, qui auraient pu aller des deux côtés [13 en prolongation ou en tirs de barrage]. Il y a 5 à 10 autres victoires qu’on n’aurait pas dû gagner. On veut gagner de la bonne façon, ça demande des ajustements et c’est peut-être pour ça qu’on joue pour ,500. »

À la défense du Lightning, la LNH ne lui a pas servi un calendrier très favorable. Il y a d’abord cette incongruité : les trois derniers matchs préparatoires ET les deux premiers de la saison étaient contre les Panthers de la Floride. De plus, après avoir ouvert la saison à la maison, l’équipe partait sur la route pour six matchs. Ce soir sera le cinquième de ces six matchs.

Le Canadien

Un trou dans la photo !

L’entraînement d’hier se déroulait au Centre Bell plutôt qu’à Brossard. La raison : c’était la journée de la première des deux photos d’équipe de la saison (la deuxième se fait après la date limite des transactions). Étrangement, le Canadien a tweeté la photo brute, malgré le fait qu’il y avait un trou entre Byron et Julien, à la place qui semblait destinée à Geoff Molson. Un autre absent notable sur la photo : Marc Bergevin. Le directeur général était sur la route pour assister au match du Rocket de Laval. « Je vous confirme que Marc Bergevin est bel et bien à Rockford. Je viens de lui serrer la pince sur la passerelle », a écrit sur Twitter le descripteur des matchs du Rocket à la radio, Anthony Marcotte.

— Guillaume Lefrançois, La Presse

Le Canadien

Un nouveau quatrième trio ?

Si Nick Cousins est bel et bien intégré à la formation ce soir, il semble que ce sera au sein du quatrième trio. Hier, il s’est exercé à la droite de Paul Byron et de Nate Thompson. Ralenti par une blessure au dos au terme du camp, Cousins croit au potentiel d’un tel trio. « Thompson vole sur la patinoire, de ce que je vois d’en haut. Paul a deux saisons de 20 buts, il est très rapide. Si on peut lui donner la rondelle et que Thompson assure nos arrières parce qu’il est bon défensivement, on peut former un bon trio. » Cousins a établi un sommet personnel la saison dernière avec 27 points (7 buts, 20 aides) en 81 matchs avec les Coyotes de l’Arizona.

Encore le désavantage numérique

Sans surprise, le désavantage numérique a occupé une bonne partie du temps à l’entraînement. Les joueurs ont été conviés à une longue séance d’explications au tableau sur la patinoire. Le Tricolore a accordé six buts en 17 occasions jusqu’ici, pour un atroce rendement de 64,7 %. Julien a de nouveau insisté sur les passes transversales qui se rendent trop souvent à son goût au destinataire. Trois des six buts accordés par le CH l’ont été à la suite de passes du genre. « Il faut couper la ligne de passe. Nos joueurs se font prendre hors position, parfois trop creux. Si le bumper [le joueur au haut de l’enclave] est près du filet, il faut le laisser au défenseur et couper la passe », a rappelé Julien.

— Guillaume Lefrançois, La Presse

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.