La Presse en Haïti

Continuer de creuser, dans l’espoir de trouver

Les Cayes — Trois jours après le tremblement de terre qui a ravagé la région des Cayes, en Haïti, les secouristes s’accrochent encore à l’espoir de sortir des survivants des décombres. Mardi, un branle-bas de combat a été déclenché lorsque des résidants ont affirmé qu’une personne ensevelie sous les décombres d’un immeuble de quatre étages avait donné signe de vie. Comme un miracle, à la 72e heure après le drame.

De nombreuses personnes avaient déjà été sorties des ruines de ce grand complexe d’appartements familiaux dans le quartier de Brefet. Des vivants et beaucoup de morts. Mardi matin encore, la dépouille d’une fillette recouverte d’un drap blanc reposait au sol en attendant d’être emmenée à la morgue.

Les recherches avaient cessé lundi à cet endroit, ce qui a provoqué la colère du voisinage, convaincu qu’il restait des survivants et des corps à sortir de là. « Ils ont arrêté le travail après deux jours, tout le monde est mécontent », pestait Guilo Michel, résidant du coin, les bras croisés devant l’édifice, en début de journée.

Un responsable de la Protection civile, Gutenberg Destin, avait essayé de justifier l’arrêt des recherches. Le nombre de secouristes est limité, et les besoins sont énormes partout dans la région.

« Les gens sont attachés à leurs proches, mais on ne pouvait pas rester éternellement là ! On n’a sorti que des cadavres à la fin. On peut être plus utiles ailleurs, il faut prioriser », avait-il dit.

Des centaines de coups de masse

C’est alors que soudain, des voisins ont annoncé qu’une personne prise sous les décombres avait envoyé un message pour confirmer qu’elle était vivante. Un bataillon de soldats, de pompiers, de secouristes de la Protection civile et d’opérateurs de machinerie lourde sont revenus illico presto sur les lieux.

Tout le monde s’est remis au travail.

« Nous ne cherchons pas des morts, nous espérons que tout le monde est vivant », a lancé Adler Lubin, responsable du ministère des Travaux publics, alors qu’une foule se pressait autour, anxieuse.

De costauds militaires et des pompiers ont attaqué le béton à la masse, cognant des centaines de fois pour briser les énormes blocs empilés pêle-mêle. De temps en temps, un pompier demandait le silence, puis utilisait un stéthoscope pour écouter, à la recherche du moindre signal dans les débris. La foule retenait son souffle chaque fois.

Malgré tous ces efforts, personne n’a été sorti vivant du complexe d’appartements mardi. Le message dont parlaient les voisins était-il vraiment authentique ? Peu importe, affirme Serge Chéry, l’un des coordonnateurs des opérations de secours. « On va continuer », dit-il.

« Le travail reste énorme »

Le nouveau bilan encore « très partiel » des autorités haïtiennes fait état d’au moins 1941 morts et de plusieurs dizaines de familles sinistrées, principalement dans le sud du pays, à la suite du tremblement de terre de magnitude 7,2 survenu samedi.

Un grand nombre de résidences sont trop endommagées pour que les gens puissent y retourner en toute sécurité. Loger et nourrir les sinistrés ne sera pas une mince affaire. La dépression tropicale Grace, qui a provoqué de fortes pluies sur la région dans la nuit de lundi à mardi, a déjà éprouvé ceux qui sont contraints de dormir à l’extérieur ou dans des abris de fortune.

« Tout le monde demande : où est-ce qu’on peut trouver une bâche pour s’abriter ? Le souci majeur est de se protéger, c’est une urgence », explique Guypsy Michel, directeur de l’antenne haïtienne du Centre d’étude et de coopération internationale (CECI), organisme de coopération internationale québécois qui a participé à l’évaluation des dégâts sur le terrain.

Certaines communes dont l’approvisionnement en eau potable repose sur la collecte de l’eau de pluie sont aussi aux prises avec une crise grave parce que leurs citernes se sont fissurées lors du séisme.

« Nous avons déjà envoyé un peu d’eau, mais à partir de demain, des camions vont alimenter [les] communautés en [besoin d’]eau potable. »

— Guypsy Michel, directeur de l’antenne haïtienne du Centre d’étude et de coopération internationale

Le gouvernement haïtien a salué mardi l’« élan de solidarité et d’entraide » qui parcourt le pays depuis samedi, mais a aussi lancé une mise en garde dans un message officiel diffusé sur les réseaux sociaux.

« Le travail reste énorme », a-t-il souligné.

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