Gala Québec Cinéma

Le Lumi ou l’Iris remplacera le Jutra

C’est le public qui aura le dernier mot quant au nom du trophée qui remplacera le Jutra remis chaque année aux lauréats du monde du cinéma québécois. Il devra choisir entre Lumi et Iris. Ces deux noms ont été choisis après un long processus créatif qui permet à l’équipe de Québec Cinéma de sortir d’une période mouvementée et émotive.

À compter d’aujourd’hui, le public est invité à se rendre sur le site internet de Québec Cinéma afin de faire part de sa préférence. Cette ultime étape vers le renouveau réjouit Ségolène Roederer, directrice générale de Québec Cinéma.

« Nous sommes très heureux de ces choix, dit-elle. Ils symbolisent ce que le cinéma québécois est aujourd’hui. »

Le chemin qui a mené à ces deux noms a été long et ardu. Dès le mois de mai dernier, une grande séance de remue-méninges a été organisée avec des gens du milieu des arts et des communications. Un nom a été trouvé, mais on s’est rendu compte après coup qu’il était déjà utilisé. Une autre grande réunion a eu lieu en juillet, en compagnie d’artisans du milieu du cinéma.

« Il n’y avait pas de limite à la créativité. On est donc arrivés avec une liste de plusieurs dizaines de noms. »

— La directrice générale de Québec Cinéma, Ségolène Roederer

Quelques étapes de triage ont ensuite eu lieu et, finalement, cinq noms ont été soumis au conseil d’administration de Québec Cinéma.

« Il fallait arriver à des noms qui reflétaient la culture québécoise, une forme de modernité et, évidemment, le cinéma », dit Ségolène Roederer.

L’AFFAIRE JUTRA

La grande patronne de Québec Cinéma ne cache pas sa satisfaction à l’idée de tourner la page sur la fameuse « affaire Jutra ». En février dernier, une biographie de l’auteur Yves Lever a fait découvrir un côté sombre du cinéaste Claude Jutra, dont le nom était accolé aux trophées remis lors du gala du même nom. Dans un court chapitre intitulé « Jutra et les garçons », on y apprenait que le réalisateur de Mon oncle Antoine et de Kamouraska avait eu des comportements pédophiles avec de jeunes garçons.

Quelques jours après la parution du livre, le 17 février, La Presse a publié le long témoignage d’une présumée victime de Claude Jutra. Celui qu’on a surnommé Jean affirme avoir été agressé à plusieurs reprises par Jutra à partir de l’âge de 6 ans et pendant une période de 10 ans. Le jour de la publication de ce reportage, Québec Cinéma a tenu un point de presse pour annoncer qu’il retirait le nom de Jutra de ses trophées.

« J’ai lu le texte de La Presse+ durant la nuit, raconte Ségolène Roederer. À l’aube, j’ai eu une discussion avec la ministre de la Culture. En après-midi, nous avons fait notre annonce. Nous n’avions pas le choix de prendre cette difficile décision. »

Dans les jours qui ont suivi, l’équipe de Québec Cinéma a été accompagnée par des psychologues et des experts en éthique. « Ils ont été rassurants et nous ont confirmé que nous faisions bien les choses », dit Ségolène Roederer.

UN NOUVEAU TROPHÉE

L’équipe de Québec Cinéma attend avec impatience le choix du public pour aller de l’avant avec l’appel d’offres auprès d’artistes-sculpteurs en vue de la réalisation d’un nouveau trophée. 

« Il était hors de question de conserver le même trophée. Ce trophée est une œuvre magnifique de Charles Daudelin, mais malheureusement, il est associé malgré lui à cette affaire. »

— Ségolène Roederer 

Québec Cinéma a sollicité 25 sculpteurs. Quatorze ont présenté leur candidature. On choisira bientôt trois finalistes qui devront présenter un prototype du trophée qu’ils imaginent.

Le public peut voter pour le nom qu’il préfère jusqu’au 12 octobre et choix final sera connu le 14 octobre.

Si le trophée se retrouve rebaptisé, le gala, lui, s’appellera tout simplement Le Gala Québec Cinéma. La prochaine édition aura lieu le 4 juin 2017.

SIGNIFICATIONS ET SYMBOLES

Iris

L’iris versicolore est l’emblème floral du Québec. Il est aussi le disque coloré de l’œil. Si l’œil est le reflet de l’âme, l’iris lui donne sa couleur. L’iris a engendré le diaphragme du photographe, lequel permet de guider le regard selon l’intention du cinéaste.

Lumi

Le cinéma est l’art de la lumière. Lumi, lumineux… La bête lumineuse, documentaire de Pierre Perrault sur une magistrale partie de chasse à l’orignal, est un classique bien de chez nous. Le mot ainsi amplifié est signe de modernité. Il devient singulier, simple et mémorable à la fois. Léger, il brille comme la lumière qu’il représente.

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