OPINION RAINETTE FAUX-GRILLON

Le décret, une intervention justifiée

La Ville de Saint-Bruno-de-Montarville salue la décision de la ministre fédérale de l’Environnement et du Changement climatique, Catherine McKenna, pour l’adoption d’un décret d’urgence visant à prévenir toute perte ou dégradation supplémentaire de l’habitat nécessaire à la survie d’une espèce en péril, la rainette faux-grillon.

Pour la première fois, le gouvernement fédéral intervient sur un terrain privé et utilise les lois qui sont à sa disposition pour protéger la biodiversité. Plutôt que de chercher noise à la ministre, il nous apparaît que quelqu’un quelque part n’a pas bien fait son travail.

Nous ne pouvons que juger sévèrement le manque de coordination évident entre le gouvernement fédéral et le gouvernement du Québec en environnement.

INACTION DE QUÉBEC

Le ministère québécois du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques a trop longtemps travaillé en vase clos. Son bilan au cours des récentes années en matière de protection des milieux humides, des corridors forestiers et, plus largement, des infrastructures naturelles est loin d’être reluisant. Pour en arriver à une véritable protection de nos milieux naturels, il est fondamental que tous les acteurs en présence travaillent de concert, au premier chef les différents ordres gouvernementaux et les scientifiques.

Dans cette optique, il incombe au milieu municipal de s’assurer que tout projet de développement domiciliaire, commercial ou industriel soit appuyé par des évaluations environnementales indépendantes et fasse l’objet d’une véritable acceptabilité sociale. Les villes et municipalités ont une fine connaissance de leur milieu, de leur territoire et de leurs enjeux environnementaux. Si un projet ne franchit pas l’étape de l’évaluation municipale en matière d’environnement, comment peut-il être avalisé par un autre ordre de gouvernement ?

En réaction à l’inaction du gouvernement du Québec quant à l’application de ses propres lois environnementales et à la suite de son aveuglement volontaire, notre administration s’est dotée d’une réglementation audacieuse.

Cette réglementation, que peu de municipalités ont adoptée, reconnaît la nécessité de protéger les habitats des espèces en péril. Il s’agit d’un plaidoyer pour la protection de la diversité biologique. Nous ne pouvons plus nous permettre le luxe de jouer à la roulette russe avec les espèces menacées et vulnérables.

À Saint-Bruno-de-Montarville, la faune et la flore rares ne sont pas perçues comme des freins au développement, mais plutôt comme une richesse collective qu’il faut chérir. Pour tout projet de développement situé à l’intérieur des périmètres du territoire inscrit au règlement, des critères d’évaluation sont désormais ajoutés afin d’assujettir le respect des demandes de certificats d’abattage d’arbres aux objectifs de protection. 

Toute intervention dans un habitat essentiel d’une espèce en péril doit être évitée. Nous souhaitons nous assurer du maintien des équilibres écosystémiques dynamiques qui caractérisent le milieu naturel protégé concerné. Des rapports de caractérisation sont exigés indiquant la présence d’éléments écologiques sensibles tels que les cours d’eau, milieux humides, espèces fauniques et floristiques en péril, écosystèmes forestiers exceptionnels, de même que tout autre élément écologique significatif présent dans un milieu naturel protégé.

Comme élus, nous avons la responsabilité de protéger les joyaux environnementaux et l’habitat des espèces en péril de nos territoires respectifs. Cela devrait être un incontournable.

Il faut comprendre une fois pour toutes que le développement ne saurait se faire au détriment de l’environnement.

La décision du gouvernement fédéral vient modifier le cadre de protection des milieux naturels et particulièrement des espèces en péril et, du même souffle, en délimiter précisément les contours. C’est tant mieux ! Il faut maintenant en prendre acte. Nous osons espérer que le ministère québécois du Développement durable, de l’Environnement et de la Lutte contre les changements climatiques saura en tirer les leçons qui s’imposent.

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