Danse

La chorégraphe Trisha Brown meurt à l’âge de 80 ans

La chorégraphe américaine Trisha Brown, grande figure de la danse contemporaine, est morte samedi à San Antonio, au Texas, à l’âge de 80 ans, a annoncé hier la compagnie qui porte son nom. Le communiqué précise que l’artiste née en 1936 à Aberdeen, dans l’État de Washington, a rendu l’âme « au terme d’une longue maladie ». Sa compagnie salue « une des chorégraphes les plus acclamées et influentes de son époque », dont le travail « avant-gardiste a changé pour toujours le paysage artistique ». Trisha Brown a créé une centaine de chorégraphies et six opéras avant de quitter la scène en tant que danseuse en 2008.

— Agence France-Presse

Mathieu Arsenault

La femme en soi

Mathieu Arsenault parle comme il écrit, n’écoutant que le flux de sa conscience. En entrevue, il répond aux questions à l’endroit et à l’envers, en long et en large. Son livre La vie littéraire, paru en 2014, devient donc spectacle sous la gouverne de Christian Lapointe et l’appui de Simon Dumas. En morceaux recollés, voici le parcours d’un esprit libre.

Vie littéraire

« Le projet du livre La vie littéraire était d’enlever les ambitions de devenir connu ou reconnu. Qu’est-ce qui fait que tu continues à écrire et qu’est-ce qui reste quand tu n’es plus que ça à la fin ? La phrase est au féminin, mais ce n’est même pas une fille qui parle. Je voulais écrire au féminin pour voir jusqu’où cela peut me mener. J’avais écrit des textes sur le féminisme. Je suis arrivé à ce que Deleuze appelle “devenir femme”. »

Partition textuelle

« Je ne connais rien au théâtre, mais mes textes sont comme des partitions. Les metteurs en scène aiment mes textes parce qu’il n’y a pas d’indications ni de personnages. Ils peuvent faire apparaître un personnage et le faire disparaître. Sur scène, ça devient comme une conférence. La voix module, prend de l’élan et parfois surgit un personnage. Je n’ai plus besoin de faire semblant d’être une fille à ce moment-là. »

Christian Lapointe

« Je ne voulais pas jouer au théâtre. Christian Lapointe avait adapté mon autre texte, Vu d’ici, et il voulait savoir s’il pouvait adapter La vie littéraire. Il voyait un solo et un homme dans le rôle de la fille. Le compromis a été qu’en jouant un personnage et un auteur, si je le faisais moi-même, ce serait moins problématique qu’avec un comédien qui joue un texte au féminin. Le texte, c’est le personnage. »

Adaptation

« L’adaptation fait un parcours dans le livre qui traverse des moments, en laissant d’autres de côté. L’adaptation n’est pas du tout dépendante du livre. Comme j’ai écrit le livre avec les matériaux de mon existence, l’adaptation est faite avec les matériaux du livre. Ce n’est pas moi qui suis dans La vie littéraire, mais tous les éléments viennent forcément de moi. La même chose pour l’adaptation, mais elle ne représente pas le livre. »

Message

« Au lieu de partir de l’industrie littéraire comme dans le livre, le spectacle part de la personne qui parle et qui dit “Tu me trouves séduisante mais tu ne sais pas qui je suis”, une personne ordinaire. Tout nous fait négliger, dans la vie, qu’une vie ordinaire vaut la peine d’être vécue. À la fin du parcours, on se rend compte qu’il ne va rien rester de notre époque, sinon ce qu’on va trouver dans les registres judiciaires, alors que si on continue d’écrire, peut-être qu’il restera quelque chose de nous. »

Répétitions

« J’ai appris le texte en un mois, et quand je l’ai fait pour la première fois en répétition devant Christian et Simon, il est arrivé quelque chose d’extraordinaire. J’étais concentré sur le fait de dire le texte, mais à la fin, quand la question de l’oubli prend toute la place, je me suis mis à pleurer. Je ne pouvais pas arrêter. J’ai compris que la fille qui parlait et se débattait depuis 30 minutes me faisait ça. Le texte à travers moi créait ça. La voix au féminin était tellement forte. »

Son amie Vickie Gendreau

« Elle m’a laissé avec une chose terrible, la responsabilité de la littérature à son égard. On écrivait de la même manière. On n’avait pas la même intensité, mais le rapport face à l’existence. Je vais être la dernière personne qui va se souvenir d’elle. Je ne peux pas fuir cette responsabilité de m’occuper de sa mémoire. J’y retourne après La vie littéraire. Sa correspondance, seule, contient deux millions de mots. »

Écriture automatique

« J’écris tout ce qui me passe par la tête. C’est rythmé. Il y a des images drôles, dramatiques, poétiques. J’essaie d’être honnête avec le fait que je ne veux pas faire de fiction. L’écriture automatique nous ramène aux surréalistes qui étaient écrasés par la tradition cartésienne. Nous, on n’a pas besoin de briser ça. Ce n’est pas un premier jet, ce que je fais. Je fabrique trois piles selon l’intérêt de chacune et retravaille les textes pour passer de trois versions à la finale. »

La vie littéraire est présentée au Théâtre La Chapelle du 22 au 31 mars.

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