Mathieu Bourdeau

Arbitre et retraité à 36 ans

La semaine, Mathieu Bourdeau enseigne la biologie au cégep de Saint-Hyacinthe. Le week-end, ce trentenaire a eu, ces dernières années, l’une des plus belles places pour admirer les Neymar, Didier Drogba ou Sebastian Giovinco. Non sans une pointe de regrets, l’arbitre québécois, présent sur la liste internationale depuis deux ans, a rangé son sifflet pour de bon à l’âge de 36 ans.

« En 2015, j’ai compté avoir passé plus de 100 jours à l’extérieur du Québec. Avec la famille et le travail, ça faisait beaucoup. C’est un choix difficile d’arrêter. Il y a une partie de moi qui aurait aimé continuer puisque les choses allaient bien, surtout au niveau international avec la CONCACAF et la FIFA. J’ai eu plein de très belles opportunités, j’aurais aimé continuer quand même, mais il fallait penser au futur », détaille-t-il en entrevue.

Selon les statistiques de la Professional Referee Organization (PRO), Bourdeau a arbitré quatre matchs de MLS, dont trois la saison dernière. Il a également agi à titre de quatrième officiel à 58 reprises. Depuis deux ans, celui qui a effectué ses débuts professionnels en 2007, lors d’un match en USL, usait de plus en plus son passeport dans le cadre de rendez-vous à l’étranger. 

« Les matchs MLS ou NASL, ce n’était pas ça qui était le plus dur à gérer. Les matchs et les tournois internationaux rendaient les choses un peu plus compliquées, convient-il. C’était super intéressant, mais souvent, ça signifiait une absence de deux ou trois semaines. » 

« Voyager pour un match de Ligue des champions, au Costa Rica [Deportivo Saprissa-CD Dragon], prenait plus de temps qu’un simple week-end. »

— Mathieu Bourdeau

Dans une semaine typique, Bourdeau partait les vendredis soir pour ne revenir que les dimanches. À cela s’ajoutent le maintien en forme, les stages et la recherche sur les équipes à arbitrer. Père d’une petite fille depuis deux ans et demi, il a essentiellement fait le choix d’être plus présent auprès de sa famille. L’aspect financier entre également en ligne de compte. 

« C’est très précaire comme emploi », affirme-t-il. Les têtes d’affiche en MLS possèdent des contrats avec PRO, ce qui leur procure un salaire de base ainsi qu’une somme à chaque match. Ils peuvent donc relativement bien vivre grâce à ce métier. Présent sur la liste de réserve, Bourdeau devait, lui, jongler entre son emploi de professeur et celui, de plus en prenant, d’arbitre. 

« Ils ont été bien gentils avec moi au cégep, en 2015, quand je suis allé à trois tournois de la CONCACAF et aux Jeux panaméricains. Ils ont été corrects, ils m’ont laissé des congés exceptionnels pour que je puisse m’y rendre. Quelques-uns de mes étudiants étaient au courant que j’arbitrais. Certains suivaient ça un peu plus que les autres et ils me disaient, par exemple, qu’ils m’avaient vu à la télévision. »

« Le Brésil, ça allait vite »

L’arbitrage n’était pas un plan de carrière pour Bourdeau. Plus jeune, il pratiquait le hockey et le soccer. Puis, quand son club a recherché des jeunes arbitres, en échange d’une petite rémunération, il a rapidement levé le bras. Peu importe le niveau, cette fonction apporte son lot de satisfactions, mais également de critiques. 

« L’arbitrage, on y prend goût. On n’aime pas nécessairement se faire critiquer, mais quand les choses vont bien, c’est un bon feeling. On voit ça comme une performance compétitive. » 

« Quand on a bien mené un match à terme, qu’on n’a pas changé son issue et qu’on a laissé la beauté du jeu s’exprimer, on ne parle pas de nous. »

— Mathieu Bourdeau

Bourdeau a refermé la page de l’arbitrage non sans avoir accumulé de grands souvenirs. Par exemple, en août 2015, il a arbitré le Trophée des Champions opposant le Paris Saint-Germain à l’Olympique Lyonnais, au stade Saputo. 

« En termes d’importance de match et de niveau de jeu, c’est l’un des plus agréables que j’ai faits. Mais je pense aussi à un match Brésil-Costa Rica, aux États-Unis, en 2015. Il y avait Neymar, Hulk et tout le monde. Ça allait vite, même si c’était un match amical. »

Il ne tourne toutefois pas complètement le dos à l’arbitrage. Après une « bonne pause », il s’imagine bien s’impliquer auprès de la Fédération de soccer du Québec (FSQ) en tant qu’entraîneur d’arbitres ou d’évaluateurs. Le sifflet est rangé pour de bon, mais la passion, elle, est toujours là.

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