Courrier

PROJET DE LOI SUR LA LAÏCITÉ

Le projet de loi 21 sur la laïcité continue de susciter bon nombre de réactions de nos lecteurs et lectrices. Un aperçu de l’abondant courrier sur le sujet.

La clause de dérogation permettra à chaque individu qui reçoit un service de le recevoir sans aucune connotation religieuse. Ce contexte sera favorable à une saine évolution de la société enfin libérée d’influences néfastes. Car pour moi, la religion ne doit pas être publique, mais très privée.

— Suzanne Leclerc

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Pour dissiper les brumes

Le projet de loi sur la laïcité présenté par le gouvernement s’inscrit dans l’évolution socioculturelle de notre société depuis la Révolution tranquille. 

La nation québécoise a refusé l’hégémonie culturelle et morale que l’Église catholique exerçait sur notre société. Nos institutions se sont sécularisées. Nombre de Québécois refusent que la croyance en des religions, leurs dogmes fabriqués et leurs mythes, ait préséance sur la raison et la laïcité d’un État.

Ce projet de loi dissipe les brumes dans lesquelles nous naviguons depuis plus d’une décennie et respecte un consensus social existant au Québec. L’école doit être laïque et en concordance ; les enseignants et les directions doivent s’abstenir de porter un symbole religieux durant leur travail. Ils gardent le libre arbitre de les afficher en dehors de leur fonction. 

Respecter cette loi est un signe de bonne volonté de s’intégrer à notre société.

— Huguette Lacoste et Claude Huot, enseignants retraités, Châteauguay

Accommodements déraisonnables

Le projet de loi sur la laïcité n’a pas fait ses premiers pas qu’il suscite déjà de nombreuses réactions négatives. La semaine dernière, la pire remarque a débordé de l’imaginaire collectif lorsque le maire de Hampstead, William Steinberg, a affirmé que le projet était une tentative de nettoyage ethnique de la part du gouvernement. 

Le projet de loi propose de définir et de consacrer une fois pour toutes la laïcité de l’État dans le cadre législatif actuel en interdisant le port de signes religieux à certaines personnes en position d’autorité, dont le personnel enseignant ainsi que les directeurs des établissements primaires et secondaires publics.

La population du Québec attendait depuis trop longtemps le projet sur la laïcité de l’État. Tout ce branle-bas de combat est la preuve que plusieurs ont peur de laisser aller une apparence d’identité religieuse et de garder leur religion profonde.

Depuis une dizaine d’années, les Québécois se sont prononcés dans de nombreux sondages en faveur de la séparation entre l’État et la religion. Il était temps qu’un gouvernement ose légiférer, encadrer les accommodements devenus déraisonnables que l’ensemble des Québécois dénonçaient.

— Jocelyn Boily, Québec

Les intégristes ne s’arrêteront pas

Ou on réussit à faire adopter cette loi sur la laïcité, ou on abdique et on laisse les religions s’installer lentement mais sûrement dans notre système public, législatif, judiciaire, éducatif, etc.

Ne nous berçons pas d’illusions : les intégristes (toutes religions confondues) ne s’arrêteront pas à un entrebâillement de porte. Ils ne sont qu’une poignée au Québec et ils réussissent à convaincre des milliers de personnes en invoquant la Charte des droits, alors qu’eux ne se privent pas de discriminer les femmes, les homosexuels, etc. Et qu’ailleurs, un peu partout sur la planète, les théocraties et les dictatures violent la Charte des droits chaque jour en menaçant, emprisonnant, torturant, tuant les dissidents en se fondant sur la religion alors qu’ici, ils peuvent vivre et s’exprimer en toute sécurité. Entre deux maux, je choisis le moindre et j’assume.

— Pierre Lemelin

« Nettoyage ethnique », vraiment ?

Monsieur le maire de Hampstead, qualifier le projet de loi sur la laïcité de « nettoyage ethnique » est une déclaration indigne d’un élu, d’un Québécois, d’un Canadien. Vous devriez vous excuser auprès de tous les Québécois.

Sachez, monsieur le maire, que pour bien des gens, la religion est un poison qui a causé des torts irréparables au genre humain. Je crois que vous êtes très bien placé pour le savoir. Et le Québec, si vous en connaissez l’histoire, a suffisamment souffert de ce poison et a décidé d’en limiter l’emprise il y a plus de 50 ans.

Je crois que bien des gens sensés appuient toute démarche venant d’un gouvernement élu démocratiquement pour protéger l’État et ses institutions publiques des méfaits de la religion. Ceux et celles qui insistent pour exhiber leurs différences religieuses peuvent très bien voter différemment la prochaine fois. 

— Alain Raymond

Un débat qui traîne

Devant les multiples manifestations, je me demande où en est la majorité, dont je fais partie, qui appuie le projet de loi. Je ne sais plus où je me situe et je sens un malaise de plus en plus grand face à l’inclusion des enseignants dans le projet de loi. J’ai tendance à vouloir que la loi s’en tienne aux forces de l’ordre et qu’on la revoie dans quelques années.

Je crois fermement que le Québec bénéficie largement de l’apport culturel dû à l’immigration et je suis de plus en plus sensible à l’argument qu’il ne faut pas cacher cette culture. Restons ouverts et sereins et finissons-en avec ce débat qui traîne en longueur.

— Jules Bélanger

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Électrice libre cherche parti politique

Électrice libre, 49 ans, propre de sa personne et vaccinée, nouvellement larguée par son parti orange, et ce, après plus d’une décennie de belle relation basée sur la solidarité, pour cause de dérapage vers le multiculturalisme fédéraliste « à la Trudeau avec ridicules costumes “traditionnels” » à tout prix – qui l’eût cru ? –, cherche un « nouveau » parti politique, neuf ou vieux (l’âge n’a vraiment pas d’importance à mes yeux), sérieux, près des valeurs populaires, c’est-à-dire du peuple, et donc conscient que la majorité des Québécois francophones veulent des règles claires minimales en matière de laïcité au sein de l’État, fier de ses idéaux nationalistes, désireux, lui aussi, de faire l’indépendance, en plus d’entamer le virage énergétique au plus vite et de régler certains dossiers qui auraient dû l’être depuis des années, comme celui de la laïcité… La conclusion Bouchard-Taylor n’était-elle pas le consensus déjà sur la table depuis des années ? 

Pour ma part, éduquée, informée, pas trop quétaine ni trop mal, du moins « pour son âge », citoyenne engagée, soucieuse de justice sociale, d’environnement, de santé mentale générale de notre société québécoise et d’équité au sens large, qui fait même du bénévolat quand c’est le temps de faire élire son député dans sa circonscription – valeur ajoutée non négligeable sur le marché politique en période électorale, avec une excellente moyenne au bâton, soit dit en passant –, cherche un « bon parti », peut-être même pour la vie, sait-on jamais, qu’importe la couleur de son logo, son signe du zodiaque ou ses revenus, je ne suis vraiment pas regardante là-dessus… 

Ce « bon parti », donc, est intelligent, conséquent, drôle par moments, mature – je sais que c’est beaucoup demander à voir tout ce qui se passe dans ces belles assemblées parlementaires –, mais surtout fidèle à ses promesses électorales comme à sa ligne de pensée bâtie sur plusieurs années, respectant ainsi les valeurs intrinsèques et fondamentales que la majorité des Québécois francophones désirent ardemment défendre, comme l’interdiction claire du port de signes religieux chez les agents de l’État détenant un pouvoir de coercition. 

Un « bon parti » à son affaire, bref, qui met les vraies préoccupations citoyennes de l’avant, pas seulement des députés en manque de lumière et d’attention, tant dans les médias qu’au parlement… Vous êtes là pour servir le peuple, camarades, pas pour vous mettre en scène et jouer aux vedettes, bon sang !

Un « bon parti », finalement, à l’écoute des gens ordinaires, des électeurs qui l’ont soutenu et même voté pour lui, qui plus est, et pas seulement des délégués votants, afin de rallier la population, de faire consensus avec elle, pour, un jour, gouverner ce pays en devenir… 

Existe-t-il une application pour me « matcher » avec un parti politique semblable ? 

Ah oui, j’oubliais : et beaucoup plus si affinités…

— Sylvie Marchand, artiste militante

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