Le rendez-vous de l'immobilier

Des condos vacants à la pelletée

On l’a souvent écrit ici : les grues n’ont jamais été aussi nombreuses qu’en ce moment dans le ciel de Montréal. Le boom est bien visible, et il transparaît dans les statistiques officielles.

Selon la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL), les mises en chantier de condos ont bondi de 36 % dans l’île de Montréal pendant les neuf premiers mois de l’année. Près de 4500 nouvelles unités ont été entamées depuis janvier.

Or, il faut prendre ces statistiques avec des pincettes, avertit David L’Heureux, analyste de marché à la SCHL. La hausse observée dans l’île de Montréal découle surtout de quelques grands projets de tours résidentielles, dont la construction a débuté cette année au centre-ville.

On pense notamment à la Tour des Canadiens, à L’Avenue, au Roccabella et à une poignée d’immeubles de 40 à 50 étages, qui totalisent à eux seuls plus de 2500 nouvelles copropriétés.

« Si je retire ces quelques grands projets du centre-ville, on verrait plutôt une baisse des mises en chantier, comme en banlieue, dit David L’Heureux. Il n’y a pas vraiment une reprise de la demande. »

En fait, le nombre de condos neufs et invendus – les unités de « fin de projet », comme on les appelle souvent dans le jargon – a bondi de 40 % depuis un an à Montréal, indique la SCHL.

Le sommet de tous les temps a été atteint en décembre 2006 à Montréal, après un autre boom de construction, rappelle David L’Heureux. À l’époque, quelque 3400 condos invendus avaient inondé le marché. « On se dirige vers des niveaux qui vont atteindre ou dépasser cela dans les prochains trimestres », prévoit-il.

Les annonces récentes faites par divers promoteurs immobiliers ne semblent pas cadrer avec cette hausse des appartements vides. La semaine dernière, par exemple, Devimco a divulgué les détails d’un projet de trois tours au centre-ville, évalué à 175 millions.

La SCHL appelle les promoteurs à la prudence. « C’est clair que la demande d’aujourd’hui, surtout celle des jeunes de moins de 35 ans, n’est pas la même que celle des dernières années », souligne David L’Heureux.

L’analyste ajoute que la revente immobilière souffre elle aussi de ce ralentissement de la demande. Le marché favorise désormais les acheteurs dans la plupart des secteurs de Montréal, un changement de cap draconien par rapport au début des années 2010.

« Il y a toujours des projets qui vont voir le jour, il y a de l’activité, même si, selon nous, le marché va continuer de s’ajuster », conclut David L’Heureux.

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