Mon clin d’œil

Ça faisait quand même quelques heures qu’on ne parlait pas du Canadien…

Opinion : Tragédie de la tour Grenfell

Londres, comme une petite paroisse

J’habite à Londres depuis trois ans avec mon conjoint et nos trois enfants. Il y a moins d’un mois, à la suite des attentats terroristes de Westminster et de Manchester, je vous ai écrit : « Nous avons toujours pris la décision de vivre notre parcours de vie selon les occasions qui se sont présentées à nous. » Puis, il y a eu les attentats terroristes du pont de Londres. Nous faisions faux bond à la peur.

Ce soir, alors que je vous écris à nouveau, ce sont les flammes de la tour Grenfell qui brûlent. Ma famille et moi habitons à Holland Park. Nous sommes à moins de 10 minutes à pied de la tour qui a commencé à pencher. Cette tour est littéralement à côté du centre communautaire et sportif Kensington Leisure Centre. Nous y allons trois ou quatre fois par semaine pour les cours de natation, de gymnastique, de basketball et de volleyball des enfants.

À moins d’un miracle, je crois qu’il y a des enfants qui ne seront pas là au prochain cours.

Je me sens mal. Ce n’est pas possible qu’une catastrophe aussi brutale et inconcevable puisse arriver. Est-ce que cela se serait produit si c’était des gens riches qui avaient vécu dans cet édifice ? C’est inhumain, comparable aux conditions du tiers monde, rapportent les journalistes.

Un vrombissement dans le ciel

J’ai été réveillée cette nuit par le bruit d’un hélicoptère. Le vrombissement n’a pas cessé depuis. La circulation était plus dense ce matin lorsque j’ai conduit les enfants à l’école. Puis, j’ai vu de petites affiches sur la devanture d’une garderie non loin. « S’il vous plaît, déposez ici vos dons pour les rescapés de la tour Grenfell. »

Je suis travailleuse sociale. Ces affiches ont piqué ma curiosité. J’ai consulté mon cellulaire. Catastrophe. Je lève la tête au ciel et je vois l’hélicoptère qui avait accompagné ma nuit et un immense nuage de fumée.

Les images des tours jumelles me reviennent en mémoire instantanément. Je vivais à New York à ce moment.

J’ai assisté à une cérémonie où l’on entendait une liste interminable de noms d’étudiants ayant obtenu leur diplôme de l’université que je fréquentais alors. Je me sens mal. Ce n’est pas possible.

Toute la journée, j’entends des sirènes de pompier, d’ambulance, de police. Sans cesse. Je vois des dizaines et des dizaines de personnes déambuler sur les trottoirs avec de gros sacs de plastique remplis de vêtements, de bouteilles d’eau, de sandwichs. L’église juste à côté de la tour Grenfell a demandé aux gens d’aller porter leurs dons à l’église Saint-François-d’Assise (où ma fille a fait sa première communion il y a trois semaines), car elle n’avait plus de place. Puis ce fut à l’église St. John's de prendre la relève pour accueillir les nombreux dons.

Le conseil de l’arrondissement de Kensington et Chelsea a demandé d’arrêter les dons, car il y en avait suffisamment. Des dons en argent peuvent être faits. Des « vigiles » sont tenues, des rassemblements dans les églises ont lieu, des bouquets de fleurs abondent.

Aujourd’hui, un autre drame s’est abattu sur les Londoniens. Ils sont forts. Encore une fois.

Bien que Londres soit une grande ville, j’ai vu un esprit de solidarité et d’entraide me rappelant les paroisses et les communautés du Québec. J’ai toujours mal. Mais je me sens moins seule. Je sais qu’il y a plusieurs autres personnes autour de moi avec qui je peux apporter mon soutien et croire en la vie, sans avoir peur.

Ce texte provenant de La Presse+ est une copie en format web. Consultez-le gratuitement en version interactive dans l’application La Presse+.