Musique

Prise de son

Perdu parmi les nombreuses sorties de la semaine, les actualités musicales et les innombrables spectacles à Montréal ? Notre journaliste vous sert de guide.

Busty and the Bass

McGill, New York… et le monde

Et dire que tout ça a commencé par un simple jam de neuf étudiants en musique de l’Université McGill, en 2011. « Moi, je venais de Calgary ; on a des membres qui venaient de New York et de Los Angeles, explique le claviériste Eric Haynes en français, sa troisième langue. Nous avions tous des histoires différentes et notre musique est un mélange des styles : hip-hop, rock, jazz… » Ajoutons le gospel et le funk, tiens. La proposition, éclatée et éclectique, cligne de l’œil en direction d’Outkast ou de Earth, Wind and Fire. Coup de bol, le réalisateur de leur premier album, Uncommon Good, a dirigé le studio pour ces deux groupes mythiques. « Neal Pogue a travaillé avec nos artistes préférés. Il a vraiment réussi à transférer l’énergie des spectacles en studio. » Car si les chansons des deux EP de Busty and the Bass ont séduit un nombre croissant d’internautes, c’est d’abord sur les planches que le nonuor en jette. La semaine dernière, la formation toute masculine tenait son lancement dans un Mercury Lounge à guichets fermés, avant de répéter l’expérience au Artgang à Montréal. En ce moment, Eric Haynes et ses huit acolytes trimbalent leurs instruments au mitan d’une série de concerts en Allemagne. Les musiciens poursuivront leur tournée partout en Europe et en Amérique du Nord.

Des nouvelles de…

Sarah Bourdon

L’auteure-compositrice-interprète à la voix soul et charnelle Sarah Bourdon lancera le 22 septembre son troisième album, Vallée d’argent, huit chansons largement inspirées d’un voyage au Costa Rica. « C’était mon vrai premier voyage, avec mon temps, mon argent, explique-t-elle. Il y a quelque chose d’insécurisant dans l’inconnu. Et les paysages sont magnifiques, on ne peut pas rester insensible. » Avec ces images en tête, elle s’est recluse dans « un petit shack pas d’électricité » pour composer des maquettes folk-pop quasi complètes, puis en grande partie enregistrées en live. « Je suis retournée à des influences comme Radiohead et Massive Attack, aux sons électros de la britpop. » Le quatuor féminin Mommies on the Run est ensuite venu poser ses cordes sur le piano, la basse, la batterie et les synthétiseurs. Une ambiance solennelle émane de l’album, coréalisé par Sarah Bourdon et Marc Bell (Jason Bajada, Ariane Brunet). En plus de sa carrière solo, la chanteuse de 32 ans poursuit son travail de choriste à l’émission Y’a du monde à messe et au côté de Mat Vezio, notamment.

Nouveautés

Des Hay Babies en solo

Deux Acadiennes des Hay Babies se la jouent solo ces jours-ci, c’est-à-dire Julie Aubé, avec sa première offrande, Joie de vivre, et Vivianne Roy, sous le pseudonyme Laura Sauvage, qui double sa discographie avec The Beautiful. Coup de cœur instantané pour cette suite à Extraordinormal, déjà fort enthousiasmant. Maîtrise de textes polysémiques, guits électriques mastoc et dégaine d’une reine rebelle du rock. Laura Sauvage meut du hard à l’americana en passant par le grunge, parfois dans une même chanson, sans trébucher (Song for D.J.T, pamphlet anti-Trump). Vivianne Roy ira d’ailleurs défendre son projet en Europe au mois d’octobre. Sa collègue Julie Aubé nous ramène quant à elle dans les années 70 avec le bilingue Joie de vivre, piloté par Marc Pérusse. Si la signature est moins distinctive, la facture rock et psyché, les mélodieuses accentuations chiacs et l’absolue liberté dans le phrasé valent le détour. Est-ce que la somme des parties serait plus grande que le tout ?

En chiffre

15 000 $

C’est la somme qui sera remise par SiriusXM Canada à la prochaine Révélation de l’année au gala de l’ADISQ, le 26 octobre. La nouvelle bourse Andréanne Sasseville vise à pérenniser la contribution de l’ex-ambassadrice du service de radios satellites à la scène musicale émergente. Emportée par un cancer du sein en janvier dernier, à 41 ans, Andréanne Sasseville a laissé un souvenir increvable non seulement chez ses collègues de l’industrie, mais aussi chez de jeunes artistes et amis comme Koriass, Safia Nolin et Philippe Brach, qui ont tous été « révélés » par un Félix dans le passé.

Tendance

Hochelaga, terre… d’inspiration

Sur son premier disque, la jeune Samuele claironnait son amour à Hochelaga, puis ce fut au tour de Jonathan Sauvage de dessiner les paysages musicaux d’Appalaches et Hochelaga. Voilà maintenant dans les bacs et le nuage numérique un nouvel album presque entièrement dévolu au quartier – Hochelaga, quoi d’autre ! – sous la signature de Nicolet, pendant créatif du multi-instrumentiste Étienne Hamel. Une bien jolie balade folk et onirique en 10 étapes dans les rues orientales de l’île (Moreau, La Fontaine, etc.) La carte postale, coréalisée par Emmanuel Ethier (Jimmy Hunt, Cœur de pirate), bifurque vers des chemins new wave et des sentiers lumineux largement instrumentaux. Par ailleurs, il faudra avoir à l’œil les projets des Louanges et de Dave Chose, épaulé celui-là par Bonsound, pour témoigner une nouvelle fois de l’apport hochelagais dans le folk keb d’aujourd’hui et d’après-demain.

On a écouté

À jamais privé de réponses, de Paupière

Le trio composé de Pier-Luc Bégin (We Are Wolves), Julia Daigle et Éliane Préfontaine propose une électro-pop frenchy dans la mouvance hexagonale incarnée notamment par La Femme, Yelle et Paradis. Paupière, dans l’écurie Lisbon Lux au Québec, a d’ailleurs signé avec le prestigieux label Enterprise en France. Et puis ? On apprécie l’esthétique lascive, la complicité des voix féminines et masculines, l’efficacité des synthés, la prose post-moderne dans un contexte rétro (« Les gens oublieront cette triste chanson, ses grandes ambitions »). On met quelques bémols, en outre, sur des influences trop appuyées et des refrains pop parfois racoleurs.

Festival

Une délégation québécoise à Hambourg

Aliocha, KROY, La Bronze, Matt Holuboski, Geoffroy et Timber Timbre, pour ne nommer que ceux-là, sont réunis à Hambourg à partir d’aujourd’hui à l’occasion du festival de musique émergente Reeperbahn, prisé par les dénicheurs de l’industrie allemande. Élaine Dumont, directrice des affaires internationales de la SODEC, a notamment vanté la capacité de l’événement-marché « à générer des ententes et partenariats internationaux ». La forte présence québécoise s’explique notamment par la désignation du Canada comme pays à l’honneur pendant les quatre jours du festival.

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