pot en vente près des écoles

Amsterdam dit non, Québec s’en remet aux municipalités

Vendre de la marijuana près des écoles ? Aux Pays-Bas, un tribunal vient de donner raison à la Ville d’Amsterdam qui veut faire fermer les « coffee shops » près des écoles durant les heures de classe. Au Québec, la ministre responsable de la Santé publique, Lucie Charlebois, s’attend à ce que les municipalités édictent les règles nécessaires dans leur règlement de zonage, et est prête à produire des règlements qui ajouteraient certaines conditions, notamment une distance minimale avec une école.

Le problème

Un trop grand nombre de points de vente de cannabis près des écoles d’Amsterdam, selon l’administration municipale.

Une solution

Les « coffee shops », qui pouvaient jusqu’ici ouvrir leurs portes dès 7 h 30, devront dorénavant ouvrir à 18 h, soit bien après la fin des classes. Ces établissements doivent fermer à 1 h du matin au plus tard.

Comment l’idée est-elle née ?

La limitation des heures d’ouverture des « coffee shops » n’est en fait qu’un premier pas dans la politique de la municipalité d’Amsterdam, qui dit souhaiter faire fermer toutes les boutiques vendant de la marijuana à proximité des écoles.

Quel est le but de cette démarche ?

L’idée est de « réduire la visibilité de ces établissements pour les élèves », selon la Ville d’Amsterdam. Toutefois, une étude dévoilée en 2016 par l’Organisation mondiale de la santé (OMS) montre que les adolescents néerlandais comptent parmi les moins grands consommateurs de cannabis de tous les jeunes d’Europe. La démarche d’Amsterdam s’inscrit dans un mouvement de diminution de la tolérance tacite des « coffee shops » de la part de l’élite politique des Pays-Bas. Leur nombre à Amsterdam a chuté de moitié depuis 1995, passant de 350 à 167 aujourd’hui.

La tactique est-elle employée ailleurs ?

Au Colorado, État américain où la vente légale de marijuana récréative a débuté en 2014, la question de la présence de dispensaires près des écoles s’est posée. Une analyse du Denver Post l’an dernier a montré que 25 des 217 dispensaires que compte la ville de Denver sont situés à moins de 1000 pieds (environ 300 mètres) d’une école. Le hic, c’est que dans 17 cas, les dispensaires sont arrivés avant l’école, qui est souvent une nouvelle construction, un établissement ayant déménagé ou une école alternative récemment implantée.

Les craintes d’une hausse de la consommation de cannabis chez les jeunes au Colorado après la légalisation ne se sont pas concrétisées. Selon une étude du département de la Santé publique du Colorado, 21,2 % des élèves du secondaire ont dit avoir déjà fumé du cannabis en 2015, contre 22 % en 2011, au moment où la substance était encore illégale. La consommation de cannabis chez les élèves du secondaire au Colorado est inférieure à la moyenne nationale américaine.

Au Québec, cette idée devrait être…

Adoptée

L’avis de Marie-Claude Sauvé, directrice fondatrice de l’organisme Cumulus, qui travaille en prévention de la toxicomanie chez les adolescents et les jeunes adultes

« La légalisation de la marijuana se fait parce que la prohibition est pire. Donc le but de la légalisation est d’encadrer. En ce sens, je suis en faveur d’interdire les points de vente près des écoles. Limiter l’accès au niveau des jeunes permet de faire de la prévention, de développer l’esprit critique. Comme on a vu au Colorado, où la consommation chez les jeunes n’a pas augmenté depuis la légalisation, faire de la prévention, c’est vraiment la clé. »

Ce que compte faire le gouvernement

Au Québec, dans le projet de loi 157, rien ne précise la distance minimale que devront respecter les points de vente avant de s’installer à proximité d’une école. Québec s’attend à ce que les municipalités édictent ces règles dans leur règlement de zonage. Si elles ne le faisaient pas, le gouvernement du Québec aurait toujours la possibilité de préciser ces balises dans sa propre réglementation, indique à La Presse la ministre responsable de la Santé publique, Lucie Charlebois.

Le réseau de points de vente de la nouvelle Société québécoise du cannabis (SQC) comptera une quinzaine de comptoirs au 1er juillet 2018, un nombre qui passera à plus de 150 dans les deux années qui suivront. C’est la SQC qui sera responsable de déterminer l’emplacement des points de vente, note Bianca Boutin, attachée de presse de la ministre.

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