Chronique

La filière lyonnaise aux commandes

L’Impact entre dans une nouvelle ère. Et celle-ci sera résolument lyonnaise. Le caractère international du soccer a ceci de bon : au fil des saisons, on découvre plusieurs cultures sportives en encourageant la même équipe !

C’était impressionnant de voir Rémi Garde présenter son groupe d’adjoints, hier. Le nouvel homme fort de l’organisation, un produit de l’Olympique lyonnais, mène les choses à sa façon.

Après avoir établi son autorité en échangeant Laurent Ciman le mois dernier, Garde poursuit dans cette direction en s’entourant de compatriotes crédibles, qui le suivent au Québec pour participer à cette folle aventure. La facture assumée par Joey Saputo est sûrement salée. Mais parce qu’il incarne l’espoir, Garde est dans une position idéale pour demander à son patron de réaliser ses souhaits.

Ces dépenses permettront-elles à l’Impact d’atteindre son ambition, c’est-à-dire une participation aux séries éliminatoires ? Pour reprendre le cliché, disons que la filière lyonnaise aura avantage à « livrer la marchandise ». M. Saputo l’a rappelé hier : il veut des résultats. « Le plan est exactement le même, a-t-il dit. Nous visons les séries chaque année. Dans le système nord-américain, tu as la chance de gagner si tu entres en séries du bon pied. »

Autour du nouveau coach, on retrouvera trois autres anciens de l’Olympique lyonnais : Maxence Flachez, Joël Bats (spécialiste des gardiens de but) et Robert Duverne (préparateur physique). Wilfried Nancy, qui était avec l’Impact l’an dernier, sera de retour. Comme le dit Garde, sa présence sera « une sorte de passage du témoin » qui lui permettra d’apprivoiser son nouvel environnement.

Parce qu’il ne faut pas se le cacher : les nouveaux entraîneurs de l’Impact savent peu de choses de la Major League Soccer (MLS). Flachez l’a reconnu : « En toute franchise, avant que Rémi entre en contact avec moi par rapport à ce magnifique projet, je connaissais la MLS de loin. Je ne la suivais pas spécialement... »

Mais le soccer demeure le soccer, peu importe le côté de l’Atlantique. Et les nouveaux venus sont à l’évidence outillés pour relever le défi. En les observant, manifestement très complices, on a compris qu’ils étaient des passionnés.

Ainsi, quand un collègue a demandé à Bats pourquoi il avait accepté l’offre de Garde, le coach de 61 ans a eu cette réponse ambitieuse : « Le dernier trophée que j’ai gagné en France, c’est avec Rémi. Je suis venu le retrouver pour en remporter un ici, de l’autre côté de l’océan. »

Plus tôt, d’un ton blagueur, Garde avait présenté ainsi son ami de longue date : « Joël sera le doyen du staff, il y a des faits qu’on ne peut pas cacher ! Mais il est aussi très jeune dans sa tête. Je l’ai rencontré pour la première fois à Toulouse en 1989 pour un France-Chypre. Joël fêtait sa dernière sélection en équipe de France et moi j’avais été appelé à la dernière minute pour ma première. Il a fait mon nœud de cravate parce que je ne savais pas le faire à l’époque... »

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Malgré le profil des nouveaux entraîneurs, plusieurs partisans de l’Impact sont inquiets. Après avoir raté les séries éliminatoires en 2017, l’équipe ne s’est pas renforcée. Au contraire, avec les départs de Laurent Ciman et de Blerim Dzemaili, elle est moins forte sur papier. Et nous sommes à deux semaines de l’ouverture du camp d’entraînement. Rien de rassurant, non ?

M. Saputo, qu’on a souvent vu plus impatient, ne s’en formalise pas. « Il reste sept semaines avant le début de la saison, a-t-il dit. On a assez de temps devant nous. Comme propriétaire, je ne suis pas inquiet du tout. »

En d’autres circonstances, le calme de M. Saputo m’inquiéterait. L’Impact a en effet souvent manqué de mordant pendant l’entre-saison, ce qui l’a obligé à réagir en cours de saison. La nouvelle administration dit cependant avoir un « plan ». Mais pas question de le dévoiler. « Si la terre entière est au courant, ça ne facilitera pas sa mise en œuvre », a expliqué Garde.

Le nouvel entraîneur l’ignore sûrement. Mais ces jours-ci, le mot « plan » fait frémir les amateurs de sport québécois. Car on continue de s’interroger sur celui promis par Geoff Molson et Marc Bergevin. Le « plan » du Canadien, qui semble davantage relever du mythe, n’a pas donné de gros résultats depuis deux ans.

Mais dans le cas de l’Impact, donnons la chance au coureur. Garde amorce son mandat et multiplie les contacts pour renforcer l’équipe. Le marché des transferts est ouvert et le repêchage des joueurs collégiaux aura lieu la semaine prochaine. Le temps est propice à des acquisitions importantes. Chose certaine, sur le plan de la crédibilité organisationnelle, l’Impact est en excellente position.

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On sait tous combien M. Saputo se montre souvent déçu des revenus générés par son équipe, notamment à propos des abonnements.

Quand j’ai évoqué ce dossier hier, le propriétaire-président est demeuré positif, se disant satisfait du taux de renouvellement. Cette saison encore, l’organisation sera loin des 13 000 sièges espérés lors de l’entrée en MLS, mais frôlera de nouveau le cap des 10 000. Plus important encore : l’équipe suscite de l’intérêt en plein hiver. Et cette fois, ce n’est pas en raison d’un psychodrame comme l’interminable feuilleton à propos du retour de Didier Drogba il y a deux ans.

« On est dans la bonne direction, a dit M. Saputo. Quand on parle de soccer en janvier, c’est signe qu’on fait des pas importants. Tous nos indicateurs démontrent qu’on est un club bien installé à Montréal. »

Rémi Garde et sa filière lyonnaise combleront-ils les attentes placées en eux ? Feront-ils bon ménage avec Nick De Santis et Adam Braz, dont l’influence ne sera manifestement plus la même qu’à l’époque de Mauro Biello ? L’avenir nous le dira. Pour l’instant, on sait une chose : nos cousins français mettent un sourire au visage de leur nouveau patron.

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